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Politique

DIALOGUE POLITIQUE : Les coûts d’une probable « entente »

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DIALOGUE POLITIQUE : Les coûts d’une probable « entente »

L’Union européenne ainsi que plusieurs autres « amis » du Sénégal s’activent pour rapprocher les vues de la majorité et de l’opposition dite significative qui boycotte aujourd’hui les élections législatives du 3 juin prochain. Si cependant la classe politique semble s’être ménagée une porte de sortie « juridique », démontrant ainsi toute son « habilité », avec un recours suspendu à la décision du Conseil d’Etat, tout report actuel des élections aura des coûts aussi bien financiers que politiques. 

L’opposition « boycotteuse » en conférence de presse hier, vendredi 18 mai, répondant à une question a avoué qu’elle a été visitée par les plénipotentiaires de l’Union européenne. Même si ceux-là l’auraient seulement fait à titre privé et dans un souci d’entendre sa version des « faits », confie-t-on de son côté, il n’en demeure pas moins que « les amis » du Sénégal voudraient bien aider à renouer le fil du dialogue politique entre le pouvoir et son opposition. Un fil rompu depuis que le chef de l’Etat a opposé une fin de non recevoir à la requête de ses principaux opposants. Ces derniers l’invitaient à une discussion « franche et ouverte » autour du processus électoral avant toute participation aux élections législatives qui avaient été fixées finalement au 3 juin prochain, tout en lui déniant toute légitimité, estimant au passage que sa réélection dès le premier tour le 25 février dernier, était entachée d’irrégularités « de nature à fausser la compétition ».

La démocratie sénégalaise tant vantée vaut bien une « messe », sinon « d’amicales suggestions », semble-t-on se convaincre chez les partenaires. D’autant plus que l’expérience aidant : « vaut mieux prévenir que guérir, au lieu d’être obligé d’envoyer des troupes ou des bateaux d’aide humanitaire, sans parler des ponts aériens d’évacuation de ressortissants etc. », déclare pince sans rire, Abdoulaye Bathily le Secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), qui justifie ainsi la « sollicitation » faite aux « amis ». Ce qui n’est pas une nouveauté. L’actuel président de la République, alors opposant en usait à satiété, déclare-t-il.

Est-ce la raison pour laquelle, l’opposition faisant ainsi preuve d’une certaine habilité politique, note le constitutionnaliste, Ismaïla Madior Fall, a déposé un recours auprès du Conseil d’Etat pour se ménager un atout de discussion ? Les partis et coalitions de partis en compétition nous apprennent nos confrères du journal « Le Quotidien » dans leur édition d’hier, vendredi 18 mai retiennent leur souffle. Car, indiquent-ils, c’est en effet, le mercredi 23 mai prochain que le Conseil d’Etat se prononcera sur les recours à l’annulation du décret portant répartition des sièges par département. Et même si les deux requêtes, celle du Parti socialiste (Ps) et celui de son Monsieur élection, Khalifa Sall, peuvent ne pas être jugées au fond, l’on peut bien aboutir à l’arrêt de la campagne électorale. Le constitutionnaliste, Ismaïla Madior Fall se veut lui dubitatif. « S’il est vrai que si le Conseil d’Etat donne raison à l’opposition et annule le décret présidentiel, celui-ci serait obligé d’en prendre un autre. Ce qui entraînerait de nouvelles confections de listes conformément au nouveau décret. L’Administration ainsi que les partis politiques disposeront de deux mois au moins pour le faire, car si pour la présidentielle, il est relativement aisé de vérifier les dossiers de candidatures, ce n’est pas la même chose pour les élections législatives. Ce sont des milliers d’états civils à examiner et à valider. Donc théoriquement on devrait reporter si le Conseil d’Etat accède à la demande de l’opposition, mais je doute que l’on puisse faire droit à une rétroactivité dans ce cas. Il s’y ajoute qu’un alinéa nouveau a changé les dispositions de la loi. En effet, si le critère démographique est exclusif dans la première rédaction du texte, la seconde avec cet alinéa en fait simplement une règle en introduisant une exception avec la possibilité pour le président de la République de pondérer si l’intérêt général le dicte », souligne-t-il. Toutefois, pense Ismaïla Madior Fall, « le climat politique risquera d’être déterminant ». On est bien en politique.

Coûteux report

Déjà cinq jours de campagne électorale ! Quatorze formations politiques et coalitions de partis politiques sillonnent le pays pour briguer le suffrage des électeurs non boycotteurs. Ils les voudraient certainement majoritaires. A considérer cependant, dit l’un des chefs de parti participants, « que nous dépensons 100.000 Fcfa par jour et par département, nous sommes déjà à 3.500.000 Fcfa de décaisser par parti. Il faut dire que les dépenses sont plus importantes que ça ». Sur la base de cette estimation, l’on peut valablement trouver qu’à six jours de campagne, 49.000.000 de Fcfa ont été dépensés par l’ensemble des compétiteurs. Ce qui augure pour les 21 jours plus d’un milliard de Francs Cfa de décaisser pour l’ensemble des formations politiques en lice. Hypothèse des plus basse quand on se réfère aux révélations de la presse qui fait état chaque jour de sommes faramineuses dépensées par certains partis.

Toujours est-il que l’Etat qui a prévu un budget de 7 milliards de Fcfa pour l’organisation des élections législatives a déjà, selon des sources proches de l’organisateur en chef des élections, décaissé rien que pour les impressions des bulletins de vote, les imprimés et autres documents électoraux, pour chaque formation 120.000.000 millions de Fcfa, soit un total de 1.680.000.000 Fcfa. Qui remboursera ?

Il s’y ajoute qu’un report des élections n’a pas qu’un coût financier, il a également un coût politique important. Et Modou Diagne Fada, la tête de liste de « Warwi » de marteler, « il est impossible à l’heure actuelle de reporter les élections ». Ne lui parlez pas du Conseil d’Etat et du recours de l’opposition. « Je ne pense pas même si le Conseil d’Etat donnait raison à l’opposition que l’on puisse reporter les élections. « Bey wey na mbouss » (il est trop tard). Peut-être que cela servirait pour les prochaines échéances mais pas pour celles-ci », avance-t-il. Pour lui et pour tous les autres qui participent aux élections, il n’est nullement question de reporter les élections. Et même si la plupart des « participants » sont pour un dialogue politique, ils s’opposent à tout report des législatives. On les comprend. Mais, si « Paris vaut une messe, le Sénégal vaut bien une prière ». Et plusieurs observateurs pensent que si le président de la République fait droit au dialogue, rien n’empêchera le report des élections. D’autres trouvent cependant, qu’un autre scénario pour accorder les violons. Celui-ci consistera à laisser les choses à l’état, mettre sur pied un gouvernement de large majorité (appellation comptant peu), et dissoudre après deux ans conformément aux dispositions constitutionnelles en la matière l’Assemblée nationale pour des législatives anticipées en 2009. Le processus électoral ayant fait l’objet dans ce cadre d’un consensus au sein de la classe politique. On le voit donc, les tentatives de sortie de crise demeurent.



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