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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Éditorial : Porte d’espoir ( Par Mamadou SEYE )

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Éditorial : Porte d’espoir ( Par Mamadou SEYE )

Les échos de la solidarité africaine ont retenti dans la salle du Méridien-Président dépeinte, à juste raison et par le président de la République, Me Abdoulaye Wade, comme le grand baobab qui scelle les réconciliations entre frères. Les urgences africaines, donnant le tempo du chant de l’espoir contre le chaos rampant, ont pris le dessus sur l’aventurisme. La classe politique mauritanienne, très réceptive aux appels du chef de l’Etat sénégalais, a entendu raison, fermant, du coup, la porte aux apôtres du jusqu’auboutisme. Le Sénégal voisin ne s’est pas barricadé pour ne plus entendre les querelles de la porte d’à côté. Il n’est pas resté sourd à des menaces que rien ne peut circonscrire au seul théâtre du dialogue de sourds. Dans ce cas précis, un peuple s’est nourri d’espoir à l’écoute de sa classe politique engagée dans une compétition électorale à grand bruit de défiance. Ces attentes n’ont pas été trahies par le devoir de solidarité. La responsabilité individuelle et collective devant l’Histoire.

L’implication du Sénégal dans ce dossier répond à une conception assez ouverte de la diplomatie. Audacieuse, la politique étrangère de notre pays est chevillée autour d’un franc élan vers la Grande Afrique. Les frontières ne sont pas des geôles pour le devoir de veille. L’ici et l’ailleurs sont considérés avec le même souci de semer les paroles de paix. Nos troupes, dans cette perspective fédératrice des énergies et des générosités, sont les maillons d’une diplomatie de la paix. Une approche innovante là où l’Armée, dans les clichés surgis des temps de feu et de sang, est juste une légitimation des abus d’autorité, du clanisme et des humeurs de véritables rentiers de la démocratie de façade ou sous la coupe des factions. Partout où le feu couve, les militaires sénégalais ont tendu une écuelle d’eau pour apaiser les esprits. Cette médiation est une réussite grâce au génie et à la générosité du président de la République, au métier du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, mais aussi au soutien de la communauté internationale. Toutefois, il faut saluer l’esprit de dépassement des différentes parties mauritaniennes qui ont refusé de verser dans des surenchères démocratiquement contreproductives. Elles ont donné sa dignité à cette grande vertu qu’est l’intérêt national. Elles ont pris date avec le développement.

Ce développement, dans bien de zones, porte, comme un boulet, cette grande tumeur de l’instabilité. Ceci est l’affaire de tous, car la scène internationale est assise sur le socle d’une interdépendance. Celle-ci crée des ondes de choc loin du nœud des conflits. Conscient de ce fait, le Sénégal s’est toujours investi dans la résolution des différends politiques ou des conflits armés. Cela a été le cas au Soudan, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, etc. Ses avis, articulés autour de la conquête démocratique du pouvoir, ont été sollicités par des pays comme le Togo et la Guinée. La Guinée-Bissau, avec de fortes clameurs sur la loi des narcotrafiquants, suscite une attention particulière du Sénégal depuis de longues années. Les Malgaches ont eu leur viatique : « Ne jamais mettre en péril le pays ».

Au nom d’un idéal africain du développement, la diplomatie sénégalaise a traduit en actes cette conviction du chef de l’Etat : « Je préfère devenir gouverneur du Sénégal, dans un ensemble africain uni, qu’être président de la République dans un continent morcelé en petits États ». Cette foi en l’Afrique s’adosse à une vision du développement affirmée dans une interview accordée au site « Gri-Gri International », il y a quelques années : « Il nous faut réorienter nos mentalités. Les ressources sont en Afrique. Nous avons les ressources humaines, des cadres intelligents, formés, qui sont malheureusement happés par l’économie développée une fois qu’ils ont leur diplôme. Nous avons des ressources minières et naturelles. Il nous appartient de les défendre, de les valoriser, de les vendre au bon prix et de ne pas nous laisser exploiter. Tout le problème est là. L’Afrique n’est pas pauvre. Il n’y a rien de pire que le laisser-faire, et c’est un libéral qui vous le dit ! » Un tel défi ne s’accommode pas du fléau de l’instabilité. Au contraire, il faut un grand ensemble africain uni qui dépasserait les questions de dévolution du pouvoir et les querelles aux frontières. En la matière, il a rappelé la posture de sagesse du président Senghor dans les rapports avec la Mauritanie. Il a salué les qualités de « visionnaire » chez cet homme qui, dans son ouvrage « Liberté IV », a écrit avoir, à un moment donné, pensé « appliquer au Sénégal la théorie de la double planification du Professeur Wade ».

Le temps passe. Les défis s’accumulent. La pacification des fronts politiques est une condition à l’expression du génie des peuples, qu’ils soient mauritaniens, ivoiriens, guinéens, maliens, togolais, malgaches ou sénégalais. Il n’a jamais été question de nier ces difficultés auxquelles l’Afrique est confrontée. La crise s’installe. L’importation, plus que jamais, est un défi à surmonter pour effacer, du coup, la faillite des politiques d’industrialisation par substitution aux importations. L’agriculture vivrière est un programme colossal dans un contexte de déséquilibre des balances commerciales, d’accroissement des capitaux étrangers et ses conséquences sur l’endettement extérieur, etc. Il faut repenser le développement de ce continent avec, comme préalable, une autre manière de gérer l’adversité politique. Nous reprenons la belle expression de Alioune Tine, Secrétaire exécutif de la Rencontre africaine de Défense des Droits de l’Homme (Raddho) avec la liberté de ton qu’on lui connaît : « Il faut une politique de gentlemen ». Il parlait, certes, de fair-play, mais son propos est si éloquent qu’il dépasse le carcan de son contexte pour s’appliquer, sans se dénaturer, à l’activité politique.

Le Sénégal ne professe pas un grand bien qu’il ne s’applique pas. Un président de la République a félicité ses adversaires qui ont crânement refusé de lui reconnaître sa victoire. Un frein au dialogue politique. A l’initiative de cette partie de l’opposition, des assises ont eu lieu et des conclusions rendues publiques. A maints égards, les énoncés de cette charte figurent déjà dans la Constitution avec l’avantage de l’impersonnalisation. Cette Constitution n’est pas un texte de l’instant, encore moins une camisole de force taillée pour un Karim Wade injustement présenté comme « le fils du président » avec toute la charge d’exclusion du débat public. Avec un silence sur la question des compétences et de la loyauté vis-à-vis du Sénégal. La Constitution est bien la ligne directrice de la vie nationale dans les dimensions droits et devoirs du citoyen. C’est elle qui a permis la tenue, pendant de longs mois, de ces assises sans heurt. C’est elle qui a permis à des partis d’opposition l’accès aux hautes responsabilités locales. Et à la régulière, avec un silence malin sur le même fichier décrié au sortir de la présidentielle !

Il faut rester sourd aux appels de la division. Il faut continuer. Ce pays n’est pas courbé sur ses défaites malgré les rigueurs du contexte international et la marche difficile entre les périls et les vacarmes. Preuve de la bonne tenue des grands équilibres, son économie est positivement notée par le très sérieux Standard and Poor’s. Les partenaires au développement lui accordent encore leur confiance, alors qu’une « banqueroute » est inventée et annoncée avec une « précision » aveugle sans que le chaos se produise. Les infrastructures structurantes comme l’Aéroport international Blaise Diagne et l’Autoroute à péage prennent forme. Il y a de quoi se saisir des symboles du décollage et du voyage sans embouteillage pour entrevoir l’aube, avec le sourire des combattants prêts à percer le mystère de toutes les nuits d’angoisses et des soldats de la Nation décidés à braver le cycle des tourbillons réels ou imaginaires. Conjuguons nos enthousiasmes et nos défaillances au temps de l’espoir. Telle est la porte du futur qui passe par ce présent de labeur, porté par notre foi gaillarde au cœur de la tentation de la démission !



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