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Politique

Djibo Ka : « Je n’ai jamais volé »

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Djibo Ka : « Je n’ai jamais volé »
Dans le premier jet de ce long entretien que le leader de l’Urd a accordé à l’Office, il a surtout évoqué les qualités de celui ou de ceux qui veulent conduire aux destinées des Sénégalais. Dans cette seconde partie qui n’est pas la dernière, Djibo Ka juge les qualités des trois chefs d’Etat Sénégalais qu’il a côtoyés, ses passages dans les différentes stations ministérielles, de la solidarité gouvernementale…
Quels sont vos rapports avec l’argent ?
Un homme au service de l’Etat qui est différent d’un homme d’Etat, n’a plus aucune légitimité pour diriger les gens s’il vole. Parce que c’est servir et non pas se servir. Et c’est pourquoi, quand je vois applaudir des voleurs, je ne comprends pas. Dans notre culture, quand un voleur est pris la main dans le sac, cela peut provoquer le suicide, même si l’accusé ne la pas commis. Parce que c’est une question de valeur qui se lit de façon concrète. C’est vous dire que l’argent ne doit servir qu’à régler des besoins animaux indispensables à la vie d’une personne. Mais, il ne faut pas mélanger ce qui appartient à la collectivité et ce qui est une propriété individuelle. C’est ce que je crois. C’est d’ailleurs, pourquoi je suis très attaché à la transparence qui est un axe central dans ma vie. J’aurais pu aller à la Dic depuis longtemps, parce que j’ai géré des secteurs que personne n’a gérés dans ce pays, mais je rends grâce à Dieu, personne ne m’a jamais interrogé sur l’origine d’une telle ou telle autre affaire. D’ailleurs, si j'avais commis de malversations, il y a des gens que je n’aurais plus jamais regardés, surtout d’où je viens. Mais quelqu’un qui n’a de compte à rendre à personne sur le plan moral peut se permettre de tout. Moi, j’ai des comptes à rendre tous les jours.
On dit souvent qu’un politique doit avoir des compétences mais aussi du charisme. Vous en avez incontestablement. Mais est que ces deux qualités suffisent pour aller loin en politique ?
Un homme politique qui aspire à diriger ses semblables doit normalement avoir un plus par rapport au plu grand nombre en termes de charisme, de connaissance, mais surtout en termes de comportement et de valeur. Mais aussi de netteté dans ses rapports avec eux. Car, l’homme politique a la chance d’être jugé tous les jours dans le grand’places et partout ailleurs où il y a regroupement de personnes. Donc il a ce que les autres n’ont pas. C’est pourquoi, il doit être très humble. Une autre dimension me paraît aussi très importante, c’est le caractère. Je pense que ce qui fait la différence des hommes en général et des hommes politiques en particulier qui aspirent à diriger leurs semblables, en plus de ce je viens d’énoncer, est le caractère. Ils ne doivent pas être des jouets.
Vous avez pratiqué trois chefs d’Etat, Senghor, Diouf et Wade. Qu’est ce qui singularise chacun ?
J’ai dit dans mon ouvrage qu’il est difficile de juger un homme de la dimension de Senghor. Il a posé la fondation de l’Etat du Sénégal, ses institutions, sa politique étrangère. Il n’arriverait à personne de remettre en cause ces acquis. Senghor est un homme de méthode, il est une école de méthode et d’organisation. Le président Diouf a une culture administrative. C’est pourquoi il a été longtemps Premier ministre en coordonnant l’action du gouvernement. Mais il n’a pas apporté de nouveauté aux principes de base que Senghor a posés. Le président Wade a fait un quart de siècle d’opposition. Il a un plus que ni l’un ni l’autre n’a. Et il a consolidé ce que Senghor a posé. Il a même enjambé Diouf. Parce que si on regarde la charte fondamentale du Sénégal de janvier 2001 qui est notre constitution, vous n’y verrez que des jalons pour l’avenir. Que ce soit les problèmes de la terre des femmes, des langues etc… Wade complète Senghor tout en allant plus loin. Maintenant chacun à son style. Senghor se comporte en professeur, Abdou Diouf en disciple. Le président Wade lui se comporte et en professeur, mais également en homme de challenge. C’est un homme qui aime les défis. Il a plus d’audaces. Parce que je prends des cas précis. Regardez ce que nous avons vécu dans les inondations qui est un cas précis. Nous étions tous là, lorsque les gens se sont installés dans ces zones inondables où on a tous des parents. Nous savions très bien que ce sont des zones inondables et inhabitables, sauf si l’on y effectuait un grand remblai. Mais c’est l’année dernière que Wade a tranché. C’est peut-être parce qu’il est resté longtemps dans l’opposition. Pour moi, ce sont trois écoles complémentaires.
De qui vous sentez-vous plus proche ?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. C’est claire que Senghor m’a formé. Ce que je peux dire du président Senghor en tant qu’homme d’Etat, personne ne peut le dire. Mais je ne le crie pas sur tous les toits. Il m’a appris à travailler, à connaître les exigences de l’Etat. Diouf m’a amené à mieux connaître les exigences de l’économie moderne. Parce que j’ai eu la chance de gérer les moments difficiles de l’ajustement structurel. Le président Wade et moi sommes ensemble depuis deux ans. Mais c’est suffisant pour vous dire que j’ai appris auprès de lui une très grande capacité d’écoute et de consultation, mais également de grandes ambitions. D’ailleurs, il commence toujours par les problèmes les plus difficiles. Parce qu’il aime à dire que si on règle le problème le plus difficile, on règle les autres.
Du temps du Parti socialiste, vous étiez le ministre des départements difficiles. Est ce que challenge était personnel où que c’est le président Diouf qui vous y lançait ?
Il faut poser la question à ceux qui me mettaient à ces postes. Je n’ai jamais été mis à la tête d’un département sans problème. J’ai toujours été nommé à la tête d’un ministère à réformer ou à des problèmes aigus à résoudre et sans exception. Les problèmes les tendus, c’est l’Education nationale où je suis arrivé aux lendemains de deux années blanches successives. Dieu m’a assisté. Les Affaires étrangères où on était en situation de conflit et de malentendu avec tous nos voisins sans exception. Dieu m’a assisté aussi. À ce département, j’ai résolu tous les problèmes. À l’Intérieur, c’était les années de braise. Mais les cheveux blancs, je les ai eu à l’Education. Je relativise tout alors que les gens me perçoivent comme un politique, mais au sens où je prends fondamentalement en compte l’aspiration des gens. Mais je tranche, parce que le président Senghor disait qu’il faut savoir terminer une réflexion. L’art de consulter et de délibérer est un fait collectif, mais l’acte de décision est un acte individuel du responsable. Je rends grâce à Dieu. Le ministère que le président Wade m’a confié aussi avait énormément de réformes à mener. Et Dieu merci, toutes les réformes ont été menées. Je suis un réformiste par conviction, parce qu’une société doit bouger.
Le secteur agricole se trouve dans une situation difficile reconnue par tous. Selon vous, qu’elles doivent être les solutions pour sortir de cette situation ?
L’agriculture est le secteur auquel le président Wade accorde le plus grand intérêt. L’Etat y a mis beaucoup d’argent et chaque année plus d’argent en termes d’engrais, de matériels agricole etc… Nous devons évaluer tout cela, quid de l’efficacité de nos investissements dans le secteur agricole. Et nous faisons confiance au ministre Farba Senghor qui est très pragmatique et qui a présenté un document l’autre jour (ndlr jeudi dernier) au conseil des ministres très convaincant. Nous avons toutes les raisons de nous mobiliser autour de lui pour que les objectifs qui ont été fixés en termes de production de céréales, des programmes spéciaux et d’arachides soient atteints et que la commercialisation fasse l’objet de discussion approfondie entre les acteurs. C’est ce qu’il a proposé et que le gouvernement a validé.
Ce qui est bizarre c’est que beaucoup d’argent a été investi dans ce secteur, mais les problèmes persistent et les agriculteurs sont fatigués. Qu’est ce qui explique cette contradiction ?
Je ne peux pas répondre à la question. J’ai seulement fait le diagnostic. Et je pense que nous allons vers un forum que le ministre Farba Senghor a proposé. Il faut donc que tout le monde se mobilise pour que les ressources financières importantes que l’Etat investit dans le secteur agricole soient efficaces. C’est-à-dire qu’aux résultats permettent à l’agriculteur d’en tirer partie avec le moins de difficultés. Mais, dans tous les pays du monde, le secteur agricole est le secteur le plus difficile. Parce que qu’il est difficile à réformer à cause de la mentalité des conservateurs
Les leaders de l’opposition soutiennent que le président Wade n’est pas prêt à organiser les élections à la date prévue. Avez-vous ce sentiment ?
Ceux qui le disent ne sont pas prêts pour les élections. C’est ça le fonds du problème. Les gens ne peuvent pas avoir passé tout leur temps à demander la date des élections alors que les délais réglementaires et légaux sont encore là. Que la date tombe et qu’on se mette à dire que le gouvernement n’est pas prêt à organiser les élections. Ce sont des affirmations politiciennes et malheureuses et elles manquent de pudeur. J’estime que le 25 février 2007, comme le président de la république l’a décidé parce que c’est lui qui convoque le collège électoral. Par conséquent, tous les acteurs doivent se dire voilà la date butoir et que chacun se donne les moyens d’être prêt au rendez-vous devant les Sénégalais. Actuellement les inscriptions se déroulent normalement. Ceux qui ne sont pas prêts à aller aux élections doivent être plus modestes.
Récemment, un de vos allés, Habib Sy en l’occurrence, a déclaré qu’il a cueilli des militants de l’Urd qui ont rallié le Pds. Comment parvenez-vous à gérer cette situation avec votre allié ?
L’Urd est de la majorité présidentielle, mais elle n’est pas membre de la Cap 21. Parce que l’alliance avec le Président Wade et avec le Pds revêt plusieurs modalités. Celle-ci en fait partie. Nous sommes en alliance stratégique sur le long terme avec un culte de résultats. L’Urd a des bases extrêmement fortes dans le pays. Pas seulement au Djolof, mais plus particulièrement au Djolof. Tout de même, c’est un honneur pour le leader de l’Urd qui est originaire de cette zone que tout le monde reconnaisse que c’est son fief. De 1998 à maintenant, toutes les élections ont été remportées par l’Urd. D’élection en élection, les victoires devenaient plus amples. Notre ambition est de demeurer cette force imprenable. Maintenant, si mon ami Habib Sy fait ces déclarations, ce n’est pas grave. Le terrain est là pour tout le monde.
Puisse que vous aimez le président Wade jusqu’à cautionner sa politique. S’il vous demandait de fondre votre parti dans le sien, accepteriez-vous ?
C’est mon parti qui en décidera.
Vous ne pouvez rien imposé ?
Ce n’est pas possible. Il ne faut jamais oublier d’où est venu l’Urd. Elle est n’est d’un courant de pensée de refus de la pensée unique au sein de l’ancien parti où nous étions alors que j’étais ministre des Affaires étrangères. C’était en septembre 1991 déjà. C’est un courant qui refusait le dictat du sommet. Qui voulait que les militants soient libérés tout en étant disciplinés et que le centralisme démocratique soit chassé comme il l’a été au Pc Français, parce qu’il était hors de l’histoire. Il a été un mécanisme d’explication de l’évolution historique des partis. Mais il était depuis 1989 hors de l’histoire, mais toujours en vigueur dans le Ps sénégalais. C’est pourquoi l’Urd est un parti de débats démocratiques. Mais l’autorité du secrétaire général est incontestable. Le Secrétaire général de l’Urd doit demeurer l’épicentre du débat démocratique dans le parti. Je suis persuadé que tout le monde l’a compris. Je fais des rêves et de grands rêves. Peut-être que le président Wade dira un jour « Djibo, je veux rejoindre l’Urd. (rire) »
Écoutez, je pense que nous sommes en phase avec nos amis du Pds dans le respect des différences. Si nous étions semblables, nous serions dans un même parti. Nous avons de fortes convergences. Le président Wade nous encourage à aller de l’avant.


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