La rencontre entre le Front « Siggil » Sénégal et la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) a été comme une aubaine pour les membres de cette organisation patronale. Ils ont, en effet, fait part hier, jeudi 2 août, à leur siège, de tous leurs griefs face au fonctionnement du système économique sénégalais et des institutions de manière générale. Cette entrevue n’a pas été loin des assises nationales qu’envisage de tenir le Front « Siggil » Sénégal, au regard de la qualité et de la sincérité des débats.
Le Front « Siggil » Sénégal est en marche vers les assises nationales. Les leaders et responsables de l’opposition ont, en effet, dans ce cadre, rencontré hier, jeudi 2 août, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) pour la faire rallier à sa cause. Ils ont tour à tour donné les grandes lignes de cette initiative et les motivations tout en chargeant à volonté le régime libéral. Les membres de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) ont salué l’idée mais, ont beaucoup plus exprimé leurs inquiétudes aussi bien sur le fond que sur la forme.
Les employeurs qui ont pris part à cette rencontre n’ont pas manqué de souligner tous les maux dont souffre notre économie et surtout des problèmes auxquels ils sont confrontés. Chacun y est allé de ses propres expressions et tournures. « Vous (s’adressant à Aminata Mbengue Ndiaye) dites que les populations ont faim, nous nous sommes étranglés, agressés. Je préfère avoir faim plutôt que d’être étranglé », a indiqué un membre de la Cnes, avant qu’un autre révèle qu’on assiste maintenant à une « crise des valeurs » au Sénégal. Les représentants de la Cnes n’ont pas manqué de le souligner aux délégations du Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque africaine de développement (Bad) qui sont venues à leur rencontre.
Pour expliquer qu’ils font régulièrement l’objet de tracasseries, l’un des interlocuteur a affirmé qu’il reçoit régulièrement la visite des inspecteurs des impôts. Les employeurs ont reproché aux politiques de manière générale un manque de culture économique. Faycal Sharara a, quant à lui, estimé que « nous avons des gouvernements affairistes. Toutes nos entreprises ont des entreprises rivales créées par des gens du pouvoir. Maintenant nous exerçons beaucoup plus dans la sous-région que dans notre propre pays. On privilégie ici beaucoup plus les étrangers que les nationaux et ce sont eux qui bénéficient des marchés de gré à gré. Et pourtant le pays aurait pu tirer profit des effets induits des marchés gagnés par les nationaux parce que cela fera plus d’emplois, plus d’entreprises ». Ses collègues de la Cnes ont presque abondé dans le même sens. Ils ont fustigé l’insignifiance des investissements constatée actuellement et que « nos enfants » vont payer, alors que « l’argent qui a servi à construire la corniche aurait pu être utilisé dans le secteur de l’énergie pour freiner les coupures ». Les patrons ont, par ailleurs, avancé que « les recettes budgétaires ont doublé et sont utilisées à leur guise. On ne connaît même pas comme elles sont utilisées ». Ils sont d’avis que « si le patriotisme économique n’est pas une réalité, dans 10, voire 20 ans on va se retrouver à la case de départ ».
Si les membres de la Cnes ont tenu à exprimer les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans le milieu des affaires, leur président Mansour Kama n’a pas fait dans la langue de bois. Il a expliqué aux leaders et responsables du Front « Siggil » Sénégal les appréhensions qu’ils ont des politiques et des informations pointues sur ces assises nationales. « La couleur partisane ne sera pas absente de ces assises nationales si c’est le Front « Siggil » Sénégal qui les dirige. Il ne faut pas non plus que cela soit après au service exclusif du Front « Siggil » Sénégal. Il faut aussi préciser davantage la forme et le fond et surtout faire en sorte que cela soit des débats sur des questions majeures », a déclaré le président du Cnes, Mansour Kama. Un autre membre de cette organisation patronale a évolué dans le même sillage en demandant l’issue et la finalité des conclusions et des rapports de ces assises nationales. A la suite du tour de table des membres de la Cnes, un véritable exercice de persuasion et d’explication des leaders et responsables de l’opposition s’en est suivi. Les chefs de partis qui composent ce regroupement politique se sont passé le micro pour expliquer, argumenter sur la nécessité d’aller à ces assises, l’intérêt de tout le monde de débattre et de réfléchir sur les solutions de sortie de crise. Le secrétaire général de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (Ld/Mpt), Abdoulaye Bathily a proposé aux employeurs que les experts des deux parties travaillent de manière concertée dans le cadre d’une commission pour peaufiner le contenu, les termes de référence de ces assises afin que tout le monde s’y retrouve. Une suggestion qui a, aussitôt, été acceptée par les employeurs.
Le Coordonnateur national du Mouvement pour le socialisme et l’unité (Msu), Massène Niang, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (Rnd), Madior Diouf, les leaders du Rassemblement des travailleurs africains-Sénégal (Rta/S), El Hadji Momar Samb, de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (Ld/Mpt), Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng ont tous essayé, de différentes manières, de redorer le blason du politique qui est assez « terni » pour donner aux membres de la Cnes des gages.
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