En route vers le Sommet... Pourquoi Karim veut-il être le maire de Dubaï ?

Dans une enquête publiée par notre confrère « L’As » intitulée « La face cachée de Karim Wade », le quotidien de Thierno Talla reproduit une phrase attribuée à Karim Wade, phrase longtemps restée énigmatique pour beaucoup de Sénégalais. Répondant à une question relative à ses éventuelles ambitions présidentielles, Karim Meïssa Wade déclare avec beaucoup d’humour : « Je veux être le maire de Dubaï ! » Pourtant, cette phrase humoristique, il est vrai, cache une réalité qui saute aux yeux : Karim Wade et le jeune émir de Dubaï Cheikh Mouhammed Rashed Al Maktoum ont des similitudes et des points de convergence tant dans leurs visions politico-économiques que dans leurs manières de s’acquitter des tâches qui leur sont confiées !

Cheikh Mouhammed Rashed a fait de Dubaï, l’un des sept émirats qui composent les Emirats Arabes Unis, un centre commercial ultra moderne détrônant ainsi la ville de Singapore comme principal centre des affaires économiques et financières de l’Extrême-Orient. Adoptant le slogan « en route vers le sommet », Karim Wade, par ailleurs, Président de l’Anoci a voulu décliner sa vision pour le Sénégal. Les chantiers de la Corniche ouest récemment visités par le chef de l’Etat donnent un aperçu sur les ambitions de l’homme que son ami Cheikh Diallo qualifie dans son ouvrage « Si Près, si loin avec Wade » édité par Hachette de « Copie de son père, avec 42 ans de moins et 10 centimètres de plus... ».

En disant qu’il veut être « le maire de Dubaï », Karim Meïssa Wade cherchait à faire comprendre à son interlocuteur que sa première préoccupation était d’abord de contribuer au développement du Sénégal en le hissant « vers le sommet » de l’Oci prévu en 2008, mais également « vers le sommet de la modernité et du développement » à l’image de cet émirat du Moyen-Orient devenu en moins de deux décennies un centre d’affaires international qui détrône tous les grands centres d’affaires à travers le monde. En effet, Cheikh Mouhammed Rashed Al Maktoum qui en est l’illustre acteur n’était pas encore aux commandes de la Principauté quand il concevait et exécutait les gigantesques travaux qui ont complètement transformé la Cité-Etat de Dubaï. En effet, cet émirat est l’un des sept émirats qui composent l’état respectable des Emirats Arabes Unis, indépendant depuis seulement les années 70. C’est en 1972 que l’Etat actuel a pris sa véritable forme avec ses 7 provinces ayant chacune un gouverneur à sa tête. Si Abu Dhabi est la capitale administrative des EAU, il est unanimement reconnu à Dubaï la place de capitale économique et locomotive, non seulement des Emirats, mais de la zone du Golfe. Des nombreuses infrastructures en font un centre d’affaires international de grande envergure et une destination touristique de choix. Pourtant, l’Emirat ne comptait pas plus de 20 écoles en 1962. Aujourd’hui, les plus grandes universités américaines et canadiennes ont délocalisé certaines de leurs facultés dans cet Etat.

C’est bien avant de devenir Premier ministre et Vice-Président des Emirats Arabes Unis, intervenu en janvier 2006, que Mouhammed Ben Rashed avait publié un ouvrage intitulé « A travers les défis vers l’excellence » où il présentait sa vision pour le développement de Dubaï. Grand amoureux de l’équitation, du Golf et du sport en général, Mouhammed Ben Rashed est aussi un poète talentueux. A côté de ses hobbies, l’homme est également célèbre pour sa rigueur qui frise, selon certains, le cynisme. Qualité ou défaut, selon les cas, qu’il partage entre autres avec le fils de Me Wade que son ami Cheikh Diallo de l’Anoci qualifie de « redoutable manager... ». Cet ancien de Sorbonne, expert en ingénierie financière « commence ses journées la nuit », un peu comme son père qui est un « travailleur infatigable », selon même ses propres détracteurs. Nommé depuis juin 2004, président de l’Agence pour l’organisation du prochain sommet de l’Oci, prévu en mars 2008, Karim en profite pour donner à la ville de Dakar un autre visage plus moderne et plus convivial. Les chantiers de la corniche ouest visent à faire de la capitale sénégalaise une des premières destinations touristiques de la sous-région. Un ami qui a rencontré Karim Wade me disait qu’au début de ses relations avec Son Altesse Mouhammed Rashed Al Maktoum, celui-ci émerveillé par les qualités de manager de Karim Meïssa lui proposa de venir travailler à ses côtés moyennant un salaire très substantiel. Pour toutes réponses, Karim lui dit « Je ne veux pas travailler pour vous, mais je voudrai que vous m’aidiez à faire de mon pays comme Dubaï ». Emu par cet élan patriotique, le Cheikh s’engagea à contribuer autant que possible pour l’émergence du Sénégal. Pour dire que KMW ne rêve pas en vérité d’être le maire de Dubaï, mais rêve d’être un des bâtisseurs du Sénégal moderne. L’on me dira certes que l’Emirat de Dubaï a des ressources pétrolières dont on ne dispose pas au Sénégal, mais le génie de l’émirat est surtout d’avoir misé sur les ressources humaines pour optimiser l’utilisation du pétrole. A cet égard, le Sénégal est capable de concurrencer n’importe quel pays du monde.