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Politique

ENTRETIEN AVEC… Serigne Mbaye Thiam, du « Front Siggil Sénégal » - « Le taux de participation de 38% avancé est préfabriqué »

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ENTRETIEN AVEC… Serigne Mbaye Thiam, du « Front Siggil Sénégal » - « Le taux de participation de 38% avancé est préfabriqué »

Le « Front Siggil Sénégal » se réunit aujourd’hui, pour tirer le bilan des élections législatives du 03 juin dernier. L’occasion sera ainsi donnée aux leaders de l’opposition n’ayant pas participé à ces joutes électorales de « boycotteuse » de mesurer l’effet du boycott et d’apprécier les résultats fournis par les autorités. En prélude à cette rencontre, Serigne Mbaye Thiam, membre du bureau politique du Parti socialiste livre une première lecture du scrutin. 

Quel bilan tirez-vous des élections législatives du dimanche 03 juin dernier et comment appréciez-vous l’effet du boycott ?

Du point de vue du « Front Siggil Sénégal », du Parti socialiste aussi et de l’ensemble des militants du front, c’est un bilan qui est satisfaisant. Certains militants et responsables de parti avaient émis des réservesquand la décision de boycott avait été prise. Le Président de la République lui-même avait dit que c’était un bluff. On se rend compte maintenant après l’analyse des résultats des élections législatives du trois juin 2007, que le boycott a été une décision politique majeure qui a permis d’exprimer une position politique des partis qui composent le « Front Siggil Sénégal ». Au delà des partis, ces élections ont permis à des citoyens sénégalais d’exprimer une position politique. Vous vous souvenez que lorsque la décision a été prise, le pouvoir menaçait l’opposition en disant que de toute façon, le « Front Siggil Sénégal »n’est pas autorisé à mener campagne. Nous avons mené campagne comme nous l’avions souhaité. En plus, nous avons mené un pré-campagne en étant présents dans tous les départements du Sénégal. Les structures départementales qui ont été mises en place ont fonctionné partout avec des dynamiques locales et un programme d’actions qui a été déroulé. Ce qui fait que l’ensemble des activités qu’on a prévu a été mené avec des meetings, des conférences, des rencontres avec les autorités morales et religieuses, le corps diplomatique, la mobilisation et l’implication des femmes et jeunes au niveau de la campagne. Il est aisé de se rendre compte que le mot de boycott a été largement suivi. Maintenant, il n’est pas nécessaire d’épiloguer longtemps les raisons pour lesquelles les sénégalais ne se sont pas rendu aux urnes même si, comme d’aucun l’avance, il y’a un malaise qui était perceptible mais justement le rôle des formations politiques c’est de cristalliser en un moment donné les conditions objectives et subjectives qui existent au plan politique et de donner une direction politique à la population. Les résultats permettent maintenant à tous les sénégalais d’attester que l’élection présidentielle du 25 février 2007 a été frauduleuse et qu’il y’a eu un gonflement du score candidat Abdoulaye Wade. On se rend compte que son slogan de campagne c’était « Gorgui doli gnou » donc il a fait du « doli » sur son score, lors de la présidentielle et il est en train de faire pareil sur le taux de participation. C’est pas le type de « doli » que les Sénégalais attendent de lui.

Pourtant les autorités jugent normale la faiblesse du taux de participation et sont même formelles dans leurs explications ?

Je crois que le ministre de l’intérieur et le pouvoir comparent à tord le taux de participation qu’ils se sont fabriqués. A supposer même qu’on leur accorde le bénéfice de ce taux de 39% enregistré en 1998. Lors de cette année, il y’avait un nombre d’électeurs inscrits de 3,22 millions qui comprenait un lot important de stock-mort. Parce que le fichier de 1998, on se souvient vient de 1976. Il y’avait un certain nombre de sénégalais qui était dans le fichier et depuis lors, qui n’était pas radié et qui figurait dans le fichier. Pour l’élection présidentielle de 2000, ce nombre d’électeurs est passé à 2,700 millions s parce qu’entre temps on a fait une refonte partielle du fichier électoral pour enlever le stock-mort. En réalité, si on ramène le nombre de votants en 1998 par rapport à la réalité du fichier de cette même année qui correspond un peu au stock-mort qui a été enlevé, on se rend compte qu’on est à un taux de participation beaucoup plus élevé. En ce moment là, le dénominateur qui est le nombre d’inscrits va être diminué.

Au regard du nombre de votants et des abstentions, étes-vous convaincu que dans le fichier électoral on retrouve cinq millions d’électeurs ?

Ce qui est certain c’est que, nous l’avons montré dans le mémorandum qui a été élaboré à la suite de l’élection présidentielle du 25 février 2007. Dans ce document, il est écrit que la population du Sénégal qui a 18 ans et plus représente à peu près 27% de la population totale c’est-à-dire les onze millions et quelques de sénégalais soit 5,400 millions personnes. Nous avons montré que le nombre de Sénégalais sur le fichier électoral soit cinq millions à peu près représentaient 92 % de la population qui a 18 ans et plus. Mathématiquement ce n’est pas possible en dix-huit mois de mener une opération de refonte total du fichier et d’arriver à un taux d’inscription de 92% de la population en age de voter. Dans des pays comme la France et d’autres démocraties, on atteint pas ces taux-là. Quand on va plus loin dans le détail, on se rend compte que ce sont des inscriptions multiples, également des inscriptions d’étrangers qui expliquent cela. Nous avons donné des cas précis. Si vous prenez la commune d’arrondissement de Malika, lors des élections législatives de 2001, il y’avait 4886 inscrits lors de la présidentielle. Après l’opération de refonte sur le fichier électoral, rien que pour cette commune d’arrondissement, il y’a 17660 inscrits. Si vous regarder les résultats publiés par l’Agence nationale de la démographie et de la statistique au 31 décembre 2006, la population de Malika fait 15600 habitants. C’était pas possible. Ce qui veut dire qu’au niveau de cette commune d’arrondissement-là, si on donne du crédit au fichier du ministère de l’intérieur, les nouveaux nés, jusqu’aux vieilles personnes tout le monde est dans le fichier. Il y’a deux mille personnes qui sont venus se rajouter en plus. Lors que vous faites le même exercice pour la commune d’arrondissement de Plateau, vous vous rendez compte que c’est 98% de la population qui a 18 ans et plus, que deux pour cent ont entre 0 et 17 ans. C’est la même situation pour Mermoz, Les Almadies. Ce qui montre que la population électorale a été gonflée par des inscriptions multiples et par l’inscription d’étrangers. La question de l’inscription des étrangers qui détiennent des cartes nationales d’identités au delà des élections, pose un problème de sécurité nationale que les Sénégalais doivent regarder sans xénophobie mais en toute responsabilité.

Qu’est ce que cela fait de constater que le Parti socialiste n’aura pas de député dans la nouvelle Assemblée nationale ?

Le legs le plus précieux que le Ps a laissé à ce pays c’est justement d’avoir un Etat qui est debout avec ses institutions, ses organes et d’avoir une démocratie. Les fondements ont été patiemment et méthodiquement bâtis. Aujourd’hui donc, aucun sacrifice n’est de trop pour le Ps pour préserver la République, l’État de droit et la démocratie. La décision de boycott qui a été prise est une décision qui, en dernier ressort vise à préserver la démocratie au Sénégal.

Quelle est la prochaine étape de votre plan d’action que vous comptez mettre en œuvre si l’on sait le Chef de l’État vous a encore une fois fermé ses portes pour un dialogue ?

Il sera difficile au Président de la République, s’il veut être à la hauteur de la fonction d’avoir une attitude de refus du dialogue. La République du Sénégal, son État et sa démocratie ont été construits par le dialogue, le consensus. Plus particulièrement, le consensus en matière électoral. Si notre système électoral n’avait pas été amélioré, fiabilisé pour faire en sorte que l’expression du suffrage des Sénégalais soit sincère, soit régulière, M. Wade ne serait pas président de la République. Il a deux alternatives, dont la première c’est de se braquer et d’avoir un orgueil mal placé. Ce qui ne doit pas être la cas pour la fonction qu’il incarne et de dire dans ce cas là, je ne reçois pas l’opposition. La deuxième c’est de constater la réalité politique du terrain et de se dire que je ne peux pas gouverner en laissant des millions de Sénégalais de côté qui se reconnaissent dans des leaders politiques même s’ils ne sont pas au parlement et de chercher les voix et moyens pour sortir de cette crise politique. Je pense que ce dernier attitude est la plus sage correspondant à sa fonction. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase d’évaluation en ayant la remontée des informations de l’ensemble de nos structures départementales et locales. Dès vendredi prochain (Ndlr : aujourd’hui), les leaders du « Front Siggil Sénégal »vont se réunir pour indiquer les prochaines étapes de ce plan d’action. Ce qu’on peut dire d’avance c’est que le taux avancé pour la participation sont préfabriqués comme celui qu’il s’est octroyé pour le 25 février passé.

Votre stratégie ne peut-elle pas déboucher sur la violence ?

Nous demandons aux Sénégalais de porter un témoignage sur l’opposition actuelle au chef de l’État depuis 2000. On a eu à mener des marchés, des manifestations et jamais des bus n’ont été cassés ou bien des biens d’autrui détruits. Au contraire, les seules fois que le paysage politique à connu de la violence, je fais référence à l’incendie de la Bourse du travail, l’incendie du siège du Psd/ Jant Bi, le siège de Walfadri, aux menaces de morts qui ont été proférées contre des personnalités politiques et religieuses, à la tentative d’assassinat sur la personne de Talla Sylla. Chaque que des actes de violences ont été commis depuis 2000, l’opposition n’a pas été maillée à cela. Donc aujourd’hui, comme cela a été indiqué dans la lettre du 22 mars 2007 que les leaders ont envoyé aux président de la République, « Front Siggil Sénégal » continue à penser que la voix la plus appropriée pour se maintenir ou pour conquérir le pouvoir, c’est la voix de l’expression démocratique régulière et sincère du suffrage des Sénégalais. Maintenant si le président de la République, le pouvoir Pds, poussent le bouchon jusqu’à pousser le Sénégal dans une situation violente, en ce moment-là toutes les partis seront obligées de prendre leur responsabilité. Et on ne le souhaite pas pour notre pays.



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