Le 14 septembre dernier lors de la journée internationale des institutions, le président de la République, Macky Sall, annonçait la création d’une commission chargée des réformes institutionnelles. Amadou Makhtar Mbow, celui qui avait dirigé les Assises nationales, en est porté à la tête. Et des membres de cette organisation se retrouvent dans cette nouvelle création. Le Pds, qui s’était élevé contre les Assises nationales et qui est passé entre temps dans l’opposition, s’insurge contre la Commission nationale. Le Forum civil rue dans les brancards. Les contestations fusent de partout et l’on redoute une mort prématurée.
L’installation officielle, puis la première sortie publique de la commission chargée de coordonner les différentes réflexions et autres propositions pouvant conduire à des réformes politiques, administratives et judiciaires, ont fini de jeter un pavé dans la mare du landerneau politique.
Comme en mai 2008, lorsque l’idée de la tenue d’Assisses nationales fut publiquement émise, la levée de boucliers a été initiée par le Parti démocratique sénégalais (Pds), passé dans l’opposition entretemps. Les travaux desdites Assises, initiés par le Front «Siggil Sénégal» d’antan, furent tenus du 1er juin 2008 au 24 mai 2009, avec plus d’une centaine d’acteurs du milieu politique et de la société civile. Sur la feuille de route, figurait en bonne place la recherche d’une solution consensuelle et surtout durable, à la crise multiforme qui sévissait dans le pays. Aussi, des concertations furent-elles lancées sur toute l’étendue du territoire, élargies aux Sénégalais de la diaspora. A terme, la charte confectionnée devrait être un «référentiel pour l’avenir ».
Amadou Makhtar Mbow, le trait d’union
L’on se souvient qu’à l’époque, le parti de Me Abdoulaye Wade, alors au pouvoir et soutenu par ses alliés de la Cap 21, avait ouvertement menacé toute personne et personnalité qui serait tentée de prendre part aux «Assisses nationales» annoncées, sous la présidence d’un certain Amadou Makhtar Mbow.
Ironie du sort, l’ancien secrétaire général de l’Unesco se voit devoir présider d’autres Assises, celles de la commission de réforme des institutions, mise en place par le Président Macky Sall. «Nous devons plus que jamais faire de la modernisation de nos Institutions une priorité permanente. Car la démocratie que nous sommes en train de construire n’atteindra un niveau standard que lorsque nos Institutions auront un caractère encore plus impersonnel. En effet, ce sont des Institutions fortes, indépendantes des hommes et des femmes qui les animent, qui insufflent à la démocratie et aux droits des citoyens les moyens de leur épanouissement. C’est la raison pour laquelle j’ai inscrit au cœur de mon mandat, des réformes institutionnelles décisives, dans la nature, la profondeur et les contours. Les contours de cette réforme feront l’objet de larges concertations. A ce propos, je vous informe que j’ai mis en place une commission présidée par le président Amadou Makhtar Mbow, et qui est chargée de revoir les Institutions de la République et de nous proposer, à la fin de ce processus de concertation, les réformes constitutionnelles qui devront stabiliser de manière durable la Constitution sénégalaise. Il s’agira, bien entendu, de partir des réflexions issues des conclusions des Assises nationales, mais aussi d’impliquer l’opposition politique, la majorité et la société civile dans cette réflexion prospective. L’enjeu est, dans tous les cas, d’élargir et de renforcer le régime des libertés collectives et individuelles, de dresser des remparts contre les injustices et de rendre aux citoyens la plénitude de leurs droits, mais également de leur exiger le respect de leurs devoirs», avait déclaré le chef de l’Etat.
Levée de boucliers
Aujourd’hui, les principaux artisans des Assises nationales se sont retrouvés autour de Macky Sall, épine dorsale de la coalition majoritaire «Benno Bokk Yaakaar (Bby). Rewmi n’avait pas pris part aux Assises, mais son leader, Idrissa Seck, avait souscrit à la charte.
Selon nos sources, certains parmi eux auraient choisi de participer aux consultations, juste pour voir en quoi l’approche et les conclusions diffèrent de celles des Assises qu’ils ont déjà tenues et dont ils nourrissent toujours l’espoir que la charte serve de bréviaire à la gouvernance de Macky Sall. D’autres, en revanche, entendent apporter la réplique au chef de l’Etat par un boycott, comme pour dire que ce ne sont que des concertations de plus.
Pendant ce temps, le Parti démocratique sénégalais (Pds) rejette toute idée de participation aux réflexions que le pouvoir souhaite suffisamment larges. Il a boycotté les rencontres de prise de contact initiées par Mbow et Cie. Le leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg), Jean-Paul Dias, pense, lui, que «la réforme des institutions n’est pas une priorité pour le Sénégal».
Le camp présidentiel, qui naguère avait fustigé la tenue des Assises et leur avait refusé avec véhémence un caractère national, cherche le juste milieu, un point consensuel entre les deux Assises, où les conclusions seront fondues. Ainsi, Macky Sall ne sera pas taxé d’avoir soutenu ce qu’il avait critiqué ni de gouverner avec la charte des Assises, que ses partisans ont toujours décriée, criant haut et fort que ce n’était pas la Bible. Ils continuent à dire que Macky Sall a été élu pour son programme «Yonnu Yokkute ».
Mais les membres de la société civile n’apprécient pas que les membres de la commission fassent référence, dans leurs travaux, au «Yonnu Yokkute», programme du Président Macky Sall et aux conclusions des Assises nationales. Dans le document remis aux participants lors de la rencontre entre la Commission de réforme des institutions (Cnri) et la société civile, samedi dernier, il a été mentionné : «Sur la base du diagnostic esquissé et des références indiquées (conclusions des Assises Nationales, Programme Yoonu Yokkute, etc.), il s’agira de sélectionner dans ce corpus de textes toutes les propositions qui contiennent des changements essentiels et des règles relatives aux institutions et qui n’existent pas dans la Constitution actuelle». Ce que des organisations comme le Forum civil ne veulent pas entendre.
AMADOU MAKHTAR MBOW
«Ce sont ceux qui n’avaient pas participé aux Assises nationales qui s’activent»
Le président de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), Amadou Makhtar Mbow, a pris l’engagement de déposer, d’ici au mois de novembre prochain, les conclusions des travaux des concertations nationales sur les réformes institutionnelles sur la table du chef de l’Etat. Quant aux détracteurs de la commission qu’il dirige, il répond : «Nous nous mettons au travail. C’est la seule chose que je sais. Quant à savoir si la Cnri est pertinente ou non ? Est-ce qu’on ne pouvait pas s’en passer ? Je constate une chose : ce sont ceux qui n’avaient pas participé aux Assises nationales et qui les avaient même contestées, qui s’activent aujourd’hui pour dire qu’il est inutile d’avoir la Cnri. Si on n’avait pas créé une Cnri, ils auraient peut-être continué à contester les Assises, comme ils l’ont toujours fait». Selon lui, il n’est pas mauvais, après tout le travail qui a été fait par les Assises nationales, qu’on revienne encore aux citoyens pour qu’ils reconfirment leurs sentiments et disent leurs points de vue détaillés sur les réformes qui avaient été esquissées dans la Charte de gouvernance démocratique».
D.MIN
5 Commentaires
Y'en A Piire
En Juillet, 2013 (17:14 PM)Mbow Illogique
En Juillet, 2013 (17:29 PM)Loi
En Juillet, 2013 (17:53 PM)Je ne suis pas mouride mais je travaille très dur.Par contre les BAILLES FALLS QUI MENDIENT DANS LA RUE ET QUI SONT DE GROS DIABLES ne confirme pas la thèse <
Assisarrieres
En Juillet, 2013 (18:01 PM)Il nous faut remettre tout sur la table pour changer notre pays. C'est tout le monde qui est concerne. Pas une camarilla de donneurs de lecons, reveurs n'ayant aucun lien avec la verite du suffrage universel.
Il faut mettre fin a ce CIRQUE.
MBOW, demal nelawi.
Nabadji
En Juillet, 2013 (19:55 PM)Participer à la Discussion