FACE AUX ATTAQUES DE LA PRESSE FRANCAISE : ME WADE S'EN REMET A DIEU

Les chargés de la communication du palais de République tout comme leurs confrères de l'ambassade du Sénégal en France ainsi que le ministre de l'Information et non moins porte-parole du gouvernement, Bacar Dia, sont restés muets devant les diatribes dont le président Abdoulaye Wade est l'objet dans la presse française. Seul face à son destin, le chef de l'Etat du Sénégal n'a d'autre solution que de s'en remettre à Dieu.

Le président Abdoulaye Wade, nonobstant son silence, n'est pas indifférent aux attaques dont il est l'objet dans la presse française. Loin s'en faut. Il en serait même affecté, selon des sources proches du palais de la République, mais n'aurait d'autres moyens que de mettre tout cela sur le compte d'une volonté divine. ‘Je m'en remets à Dieu’, aurait-il répondu à ceux qui ont tenté de percer le mystère de ses sentiments par rapport à ces diatribes de la presse française. C'est que, selon nos interlocuteurs, le président Wade croit savoir qu'on lui en veut à tort. C'est pourquoi, indiquent-ils, ‘il a décidé de laisser ses détracteurs répondre devant Dieu de leurs actes’.

Mais, cette réaction, pour le moins fataliste, sonne plutôt comme un aveu d'impuissance. En effet, dans cette histoire, le président Wade est seul. Trop seul. Depuis, qu'il est brocardé dans la presse française, aucun membre de son entourage n'a levé le plus petit doigt pour prendre sa défense. Ni sa flopée de structures de communication ni le ministre de l'Information, porte-parole du gouvernement, Bacar Dia, qui devaient être ses boucliers naturels dans pareils cas, n'ont réagi. Encore moins les préposés à la communication détachés au niveau de l'ambassade du Sénégal en France. On fait comme si de rien n'était.

Pourtant, l'entourage du chef de l'Etat est prompt à porter la réplique aux journalistes sénégalais. On se souvient, par exemple, que lors de la sortie du livre d'Abdou Latif Coulibaly, ‘Wade, un opposant au pouvoir : l'alternance piégée’, les communiqués de presse des libéraux et autres soutiens du président Wade avaient inondé les rédactions. C'était le branle-bas de combat au niveau des cellules de communication du palais et du gouvernement. Même la Cap 21 avait joué sa partition dans le concert de répliques. Un livre-réponse avait été édité sous la férule du Pr Iba Der Thiam. Point n'est besoin de revenir sur la propension du pouvoir à convoquer les journalistes sénégalais à la Division des investigations criminelles pour leur demander de justifier telle ou telle autre déclaration parue dans un article.

Mais, rien de tout cela avec les attaques de la presse française qui ne sont, apparemment, pas à leur épilogue. Qui connaît Me Wade sait, cependant, qu'il n'est pas du genre à se faire canarder sans réagir. Mais, dans cette contingence, il semble se résoudre à ne pas descendre au niveau de ces journalistes pour leur porter la réplique. Ne serait-ce pour ne pas écorner davantage son image rudement malmenée dans la presse française. Une réaction du président Wade mettrait de l'eau au moulin de ces organes de presse français qui pourrait la brandir comme une preuve d'une carence de démocratie dont il crédite le chef de l'Etat du Sénégal. Ils accusent, en effet, le président Wade de ‘dérives monarchiques’. D'où la délicatesse de la posture du chef de l'Etat dans cette affaire, qui ne doit pas laisser croire qu'il ne souffre pas des critiques. Et devant l'absence de réaction de ceux qui sont payés sur les deniers de l'Etat sénégalais pour soigner son image et dresser à la face du monde un tableau reluisant de ses actions, le président Wade s'en remet à Dieu.