Les membres du directoire de campagne de la coalition Sopi 2007 et les personnes qui accompagnent le candidat Abdoulaye Wade dans ses tournées ne se plaignent pas. Les primes journalières qui leur sont versées compensent bien la fatigue et le manque de sommeil nés des longs déplacements.
La campagne électorale rime avec la fatigue née des longs voyages. Elle est aussi une période de privation de beaucoup de liberté et d’affection familiale du fait des absences répétées des cercles familiaux. Mais, outre ces contraintes, la compagne électorale peut aussi être source d’enrichissement et est une période propice à la chasse à la prime dans certains cercles politiques. C’est le cas, cette année, dans la coalition Sopi 2007 où les membres du directoire de campagne et les membres de la délégation qui accompagne le candidat Abdoulaye dans son périple national sont grassement payés.
En effet, «la centaine de personnes officielles qui suit Me Wade dans ses déplacements bénéficient d’un perdiem journalier de 250 mille francs Cfa en guise de frais de mission», souffle-t-on. Ce chiffre avancé par des hommes politiques actuellement dans la caravane du président de la République sortant «n’est pas appliqué à tout le monde. Car, d’autres personnalités politiques, mieux placées dans le système libéral, perçoivent plus même s’ils ne sont pas toujours dans la caravane». Ainsi, «des grincements de dents et des rouspétances ont été notés chez certaines personnes qui ne comprennent pas le traitement disproportionné qu’il y a dans la distribution des perdiems», rapportent des sources. Seulement, même certaines d’entre elles reconnaissent être parmi les bénéficiaires, elles ne manquent pas de relever que «la barre a été fixée très haut». Car, si l’on compare la grille de paiement établie par le Pds pour récompenser les efforts consentis par les membres de la délégation et du directoire de campagne aux frais de mission journaliers payés aux fonctionnaires lors de leur déplacement à l’étranger, «il vaut mieux être libéral que fonctionnaire», ironise un membre du comité directeur du Pds. Cela, en ce sens que la différence est très nette. Car, là où le Pds débourse 250 mille francs, l’Etat ne paie que 100 mille francs Cfa quand la mission a lieu dans les continents européen, américain et asiatique.
LA BAMBOULA DES PARTIS ALLIES
Par ailleurs, cette générosité du parti libéral dans un contexte de crise a suscité l’intéressement de nombre de personnalités qui ont fait des pieds et des mains pour être cooptés. «Mais, la cooptation a été rigoureuse au point que des personnes laissées en rade n’ont pas manqué de s’en offusquer», se désole un interlocuteur. Il s’y ajoute, poursuit-il que «le versement des perdiems ne se fait pas quotidiennement car une première tranche dont le montant n’a pas été révélé a été versée aux bénéficiaires juste avant le début de la campagne. Cette avance procède de la demande des bénéficiaires de régler les besoins journaliers de leur famille». Mais, cette libéralité du parti libéral de Me Wade suscite aussi des questionnements dans la mesure où des responsables du Pds s’offusquent de ce traitement. «Cela n’a pas de sens si l’on sait que les membres de la délégation sont entièrement pris en charge par le directoire. Ils sont logés, nourris et bénéficient d’une dotation en carburant. A quoi sert cet argent ?», s’interroge-t-on.
Outre les perdiems journaliers, les chefs de partis alliés au Pds et les souteneurs se frottent les mains car, confie-t-on «ils ont bénéficié d’une subvention conséquente destinée à préparer les mobilisations et assister leur militants». D’ailleurs, la presse a révèlé, que le leader de Waar-wi, Modou Diagne Fada, a eu droit à ce chapitre «pour avoir reçu des mains de l’argentier de la campagne électorale du Pds, Farba Senghor, la somme de 50 millions de francs Cfa». La même somme a été donnée aux responsables locaux de la Coalition Sopi 2007 de Podor pour les préparatifs du meeting de leur candidat.
Même les journalistes envoyés par les rédactions pour suivre le candidat Abdoulaye Wade dans sa tournée n’ont pas été oubliés. Le staff de la Coalition Sopi 2007 a prévu pour eux 50 000 francs tous les trois jours. Ce qui revient à 350 000 francs Cfa pour les 21 jours de campagne électorale.
Cette question liée à la pluie de millions qui tombe dans la Coalition Sopi 2007 a été soulevée. C’est d’ailleurs, pourquoi, les journalistes n’avaient pas manqué d’interpeller le candidat Me Wade sur le montant du budget de sa campagne électorale. En effet, lors de sa conférence de presse, la réponse de Me Wade été des plus sèches : «Je ne le dirai pas. Ecrivez-le en rouge si vous vous voulez.» Même si le secrétaire général national du Pds n’a pas voulu faire dans la transparence, il reste que la présidence de la République a eu à faire des retraits importants d’argent dans un de ses comptes domiciliés à la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs) sise sur l’avenue Léopold Sedar Senghor. Des sources bancaires ont affirmé, lundi dernier, que «les retraits sont de centaines de millions par jour et vendredi dernier, ce sont 500 millions de francs qui ont été retirés par des proches du chef de l’Etat et membres de la délégation qui l’accompagne dans sa tournée électorale».
La cellule de communication du candidat de la coalition Sopi 2007 que nous avons contacté déclare ne rien savoir sur la composition de la délégation qui accompagne Me Wade. En effet, Racine Talla avec qui nous avons discuté nous a renvoyé à Cheikh Diallo qui «peut (vous) donner les détails». Mais, ce dernier affirme «tout ignorer de la prise en charge des membres de la délégation et du directoire de campagne». Quid des perdiems de 250 mille francs Cfa versés aux personnes retenues ? M. Diallo répond : «C’est vous qui m’informez. Il faut contacter vos confrères qui sont dans la caravane.» Et de nous éconduire avec courtoisie : «Je suis en entretien.»
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