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Politique

Fonds politiques : L'arme secrète d'Idrissa Seck

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Fonds politiques : L'arme secrète d'Idrissa Seck
Idrissa Seck pourrait-il faire un déballage en rendant publique la liste de tous les bénéficiaires et les montants qu'ils ont reçus, des fonds politiques ? L'idée n'est pas à exclure à la lumière des déclarations de l'ancien Premier ministre qui a révélé avoir dressé compte de sa gestion de ces crédits spéciaux bien que ceux-ci échappent aux règles du droit commun de la comptabilité publique.

En levant le voile sur l'origine de sa fortune dont une partie provient, selon Idrissa Seck lui-même, des fonds politiques à lui confiés par le président de la République, l'ancien Premier ministre a révélé avoir consigné dans un registre les mouvements de ces crédits spéciaux. Cette déclaration, qui a été peu commentée, n'est, cependant, pas innocente. ‘... Le Livre (Coran : Ndlr) m’a inspiré d’en dresser compte. Même si la loi dit qu’il n'y a pas comptabilité, pas d’explication, pas de justification, j’en ai dressé compte...’, a confié le maire de Thiès à nos confrères de la Rfm. Et c'est pour se préserver des ‘oublis des mémoires affaiblies’, qu'Idrissa Seck dit avoir ainsi agi.

L'allusion est claire et la menace presque pas voilée. Il est évident qu'Idrissa Seck s'adresse à ses ex-frères libéraux au pouvoir qui seraient tentés de ternir son image à propos des fonds politiques. Protégé par le caractère occulte de ces fonds, qui interdit toute investigation sur ces crédits spéciaux, le maire de Thiès a la claire conscience que moins sur le plan juridique, l'enjeu se trouve au plan purement politique. Et à ce niveau, l'ancien Premier ministre semble bien outillé pour livrer bataille. En effet, en sa qualité de directeur de cabinet du président Wade, Idrissa Seck qui avait la haute main sur ces crédits spéciaux, s'est servi (il en a lui-même fait l'aveu), mais il est clair, ainsi qu'il semble l'insinuer, qu'il en a servi d'autres hautes personnalités.

L'ancien Premier ministre en avait fait, d'ailleurs, la révélation, le 23 décembre dernier, devant la Commission d'instruction près de la Haute Cour de justice qui l'entendait sur sa présumée mauvaise gestion des six comptes bancaires figurant dans l'acte de mise en accusation voté le 3 août 2005 par l'Assemblée nationale. Il avait déclaré avoir distribué de l'argent provenant des fonds politiques, sur instruction du chef de l'Etat, au président Wade lui-même, à son épouse, aux ministres de souveraineté, aux ministres simples, à de hauts magistrats, à des généraux, etc.

On a souvenance du tollé qu'avait provoqué la révélation d'Idrissa Seck sur certains magistrats de la Haute Cour de justice chargés de le juger sur le dossier des crédits spéciaux. L'ancien directeur de cabinet du président Wade avait déclaré avoir remis, contre décharge, chaque mois, une enveloppe contenant la somme de 1 500 000 de francs Cfa au président de la Haute Cour de justice, Guibril Camara, au procureur général de cette juridiction, Meïssa Diouf et au président de la Commission d'instruction, Cheikh Tidiane Diakhaté. Et comme on ne peut être juge et partie, les avocats de l'ancien Premier ministre avaient envisagé de récuser ces magistrats. Par la suite, l'effet de retour de manivelle de ce dossier à l'endroit du pouvoir a fait que la piste des fonds politiques a été vite abandonnée.

Par ailleurs, à d'éventuelles attaques contre Idrissa Seck au sujet des fonds politiques, il faudrait certainement s'attendre à une réplique de sa part axée sur les dépassements injustifiés des crédits spéciaux alloués au président de la République. Face à la Commission d'instruction, l'ancien Premier ministre avait accusé le président Wade de lui avoir fait gérer des milliards en provenance de ressources non budgétaires, en dépassant largement les autorisations parlementaires qui n'ont jamais été au-delà de 650 millions de francs Cfa. C'est dire qu'Idrissa Seck ne manque pas d'arguments contre le pouvoir sur le dossier des fonds politiques. C'est ainsi qu'il faudrait comprendre les raisons qui l'ont poussé à remettre sur la table cette question alors que rien ne l'y obligeait. Surtout qu'avec le caractère spécifique de ces crédits, il ne saurait être inquiété. ‘Aucune investigation ne saurait être envisagée sur le sort (des) crédits spéciaux qui échappent aux règles du droit commun de la comptabilité publique au même titre que les dépenses effectuées en matière militaire’, peut-on lire dans l'arrêt n°4 de la Commission d'instruction.

Selon toute vraisemblance, Idrissa Seck a, dans sa course à l'initiative, déterré ce dossier sur lequel il sait que ses adversaires politiques ne sont pas très à l'aise pour attaquer. Mais, cet exercice n'est pas tout à son bénéfice. Il a porté atteinte à l'image d'homme intègre qu'il cherche à incarner en avouant avoir détourné les fonds politiques pour s'enrichir.



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