Héritage de Me Wade :Y a-t-il des raisons de croire que le fils pourrait remplacer le père ?

Il se susurre que Me Wade aurait l'intention de préparer son fils à assurer sa succession à la tête de l'Etat. C'est une intention qu'on lui prête, et que, jusqu'ici, il a tendance à rejeter en bloc. Cependant, il existe bien des détails qui devraient continuer à conforter une certaine opinion dans son envie obstinée à formuler une si pareille hypothèse…  
Lors de sa dernière sortie médiatique, Me Wade s'est arrangé pour parler de son fils Karim. Et comme nous l'avons tous constaté, la prose du géniteur présente plutôt l'enfant sous un angle qui comporte tous les détails d'une gamme de vertus.En évoquant l'épineuse question du mode de financement de l'Anoci, le sémillant octogénaire s'est ingénié à démontrer que son administrateur en chef, son propre fils, n'a pas moyen d'accéder à l'argent, pour la bonne et simple raison que le pays donateur a opté pour un mode de décaissement qui fait de Karim un simple observateur. Mais le sens commun est-il obligé de le croire ? Cette question nous semble d'autant plus pertinente que Karim Wade est un expert en ingénierie financière. On n'a pas acquis ce type d'expertise pour rien. S'il est ingénieur financier, il a sans doute suffisamment de génie imaginatif pour faire transiter n'importe quel financement par le compte de son choix. Qu'on ne nous demande pas de prouver quoi que ce soit, car nous n'exprimions qu'une possibilité. Et une possibilité est ce qu'elle est : elle ne prend pas sa source dans l'évidence, mais elle lui est congénitalement liée. La possibilité porte la marque de l'évidence en ce sens que c'est elle qui l'inspire… Sans douter de la sincérité de Me Wade de ne point vouloir faire de son fils son successeur, on peut, malgré tout, trouver de bonnes raisons de justifier notre pressentiment ; pressentiment qui porte sur l'idée selon  laquelle Me Wade pourrait, in extremis, se dédire, (comme il a la curieuse habitude de le faire sur beaucoup de questions). En effet, personne sans doute ne serait surpris outre mesure si demain le nouvel élu commençait à poser les jalons d'une future installation de son fils à la tête du pouvoir. Car, ce serait alors, pour nous observateurs, le moment de nous rappeler que le père nous avait, depuis longtemps, par un jeu de symboles, montré en quoi et pourquoi son fils mérite de le suppléer au trône. Faire de son fils l'un de ses plus proches collaborateurs, lui confier la si stratégique direction de l'Anoci, prendre sa défense avec une ardeur si flamboyante, sous les caméras de la télévision nationale, ce sont là autant d'actes qui, quoi que puisse avancer Me Wade en termes de dénégations, poussent à s'interroger sur l'avenir qu'il voudrait lui préparer. Autrement dit, si demain, à l'heure de quitter le pouvoir, par la force des choses et non des électeurs, Me Wade nous présentait son fils comme un bon profil pour assumer son héritage, que pourrions-nous lui objecter qui soit logiquement valable ? Que son fils ne peut pas être notre président pour la bonne et simple raison qu'il est le fils…de son père ? En en pas douter, ce serait là un comble de ridicule. Citoyen ayant plus de la quarantaine, sérieux, perspicace, miséricordieux, tolérant, compétent, ouvert, respectueux et ayant un grand sens de l'écoute,  il ne lui manque rien pour être un chef d'Etat exemplaire. L'expérience ? Qu'à cela ne tienne ! Le père a sûrement déjà suffisamment réfléchi sur cette nécessité. Et à voir les enjambées que le garçon a commencé à faire en direction des foules partisanes, il y a fort à parier que, d'ici peu de temps, cette équation de l'expérience pourrait bientôt n'être qu'un mauvais souvenir… Mais après tout, tout cela n'est que pure conjecture !