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Politique

IMPLICATION DE L’ORDRE CONFRERIQUE DANS LE DEBAT POLITIQUE : Les dangers d’une option

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IMPLICATION DE L’ORDRE CONFRERIQUE DANS LE DEBAT POLITIQUE : Les dangers d’une option

Chaque confrérie a décrypté  le sens du message du président de la République, Abdoulaye Wade, qui réaffirmait publiquement son appartenance à la confrérie mouride. Ce message bien ou mal interprété a produit des effets et l’égratignure pourrait déboucher sur une gangrène tant la question est sensible, surtout si elle apparaît comme une tentative d’élever une confrérie au dessus d’une autre. Wade s’en défend. 

Toujours est il que en provoquant ce débat entre confréries dans le domaine des élections, Wade exprime par là, que son ultime refuge est Touba. Cet ancrage à Touba, puisqu’il se suffit de Touba, a apparemment provoqué son lâchage par les dignitaires de Tivaouane. En réponse à cette sortie, Serigne Mansour Sy Djamil, depuis l’Allemagne a lancé un appel à l’unité des Tidianes,  pour prendre parti. En écho les fidèles catholiques qui se disent meurtris par les paroles blasphématoires de Wade ont également réagi. Wade qui se trouve ainsi désavoué de toutes parts, est  acculé. Ce lâchage multiforme peut inciter sa radicalisation et pareille posture pourrait déboucher sur une déchirure nationale. Le président de la République a la responsabilité morale, quelque soit l’importance liée aux enjeux politiques de ne pas créer un face à face entre les mourides et les tidianes. Entre ces deux confréries, il n’y a jamais eu de rupture.

WADE ET LES CONFRERIES

Avec l’avènement de Wade, on a assisté à l’irruption directe des chefs religieux M’backé-M’backé et Sy dans le champ politique. Le citoyen talibé a désormais voix au chapitre, il exige d’être mieux gouverné. En libérant leur expertise politique, les chefs religieux forts de leur influence, en tant qu’indéniables porteurs de voix, aspirent à orienter l’Etat, dans le sens de leurs intérêts, et ne se privent pas de mener parfois des incursions préjudiciables à l’esprit de la République. Le président Wade est allé encore plus loin dans son option de politiser l’espace confrérique. A l’époque, n’a-t-il pas convaincu Serigne Saliou M’backé de figurer sur une liste électorale pour devenir plus tard président du Conseil rural de Touba ? Il a dans la même veine, élu un député M’backé-M’backé à l’Assemblée nationale.  

L’HISTORIQUE DE LA RELATION  : Confrérie = Etat

Le nouveau n’est point l’immixtion de l’ordre religieux dans l’ordre politique. Depuis la nuit des temps, les clergés musulmans et catholiques ont toujours volé au secours des politiques. N’galandou Diouf, pour devenir, député, a bénéficié de suffrages des religieux, notamment ceux de Tivaouane. C’était en 1912. Il en fut de même pour Léopold Sédar Senghor à la tête du BDS. Opposé à Lamine Guèye pour le compte de la SFIO, Senghor a bénéficié de la sainte alliance de Serigne Babacar Sy et de Serigne Fallou M’backé pour être élu député au détriment de son adversaire. Ce soutien n’a pas varié jusqu’en décembre 1962 lors de la crise institutionnelle à l’issue de laquelle le président du conseil, Mamadou Dia fut destitué et emprisonné. Lors cette crise, Serigne Fallou avait envoyé à Dakar un contingent de “Baye-Fall” pour défendre Senghor. Cet épisode rappelle les propos de Jean Collin qui, en 1963, répondait à Baïla Wone qui le félicitait parce qu’il détenait tout le pouvoir, que s’il voulait tout le pouvoir, il serait au service du khalife général des mourides. Car selon lui, l’ordre mystique détient le pouvoir réel, l’ordre politique le pouvoir apparent. Le Ndiguel de 1981 donné par Serigne Abdou Lahat M’backé au profit du président Abdou Diouf est encore frais dans les mémoires. Il avait dit pour sauver Diouf, engageant l’aura de Serigne Touba que tout vote contre Diouf est un vote contre Serigne Touba. Mais la mission des marabouts d’alors ne s’arrêtait pas à donner des consignes de vote pour faire ou défaire les trônes temporels. Elle allait au delà. Par exemple, lors de la crise estudiantine de 1968, le régime de Senghor acculé par les manifestations, a bénéficié de l’intervention bienheureuse de Serigne Fallou M’backé. Plus tard, Abdoul Aziz Sy Dabakh dans sa sagesse infinie, a rappelé les fidèles à l’ordre, les dissuadant d’installer le désordre à chaque fois qu’un foyer de tension s’allumait.    

Article paru dans La Voix Plus                                                                                           



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