Le Premier secrétaire du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg), Jean Paul Diaz a été libéré incognito à la faveur d’une liberté provisoire. Personne, même ses avocats ou membres de sa famille n’a été à son chevet à sa sortie de la prison centrale de Reubeuss hier, mercredi 10 mai. Le leader du Bcg rejette la liberté provisoire et dit qu’il entend poursuivre le combat. Après avoir annoncé son soutien à Pape Diouf, Jean Paul Diaz a déclaré que « les prisonniers politiques de Wade vont bientôt faire une équipe de football ».
Le Premier secrétaire du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg) a humé depuis hier, mercredi 10 mai l’air de la liberté après près de vingt jours de détention. Sa libération s’est presque faite clandestinement. A part la presse, personne n’a été au courant et personne ne l’a accueilli à sa sortie de la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Reubeuss. C’est aux alentours de 19 heures cinq minutes qu’un groupe de reporters l’a aperçu sortir de la prison et se dirigeant au télécentre le plus proche pour informer sa famille de sa libération. Vêtu d’une chemise bleue et d’un pantalon blanc, il a été hélé puis abordé par la meute de journalistes, de photographes et de caméraman qui va l’assaillir de questions et de flash. Juste à côté, l’inspecteur de la police de Reubeuss veille au grain. A l’instar des reporters, il tend discrètement son portable, histoire peut-être d’enregistrer les propos du désormais ex-locataire de la prison de Reubeuss. Jean Paul Diaz a bénéficié d’une liberté provisoire alors que ses avocats avaient déposé le 5 mai dernier une demande de non-lieu et de main levée de mandat de dépôt. « On m’a mis en liberté provisoire, je l’a rejette totalement. C’est pour une épée de Damoclès que l’on met sur ma tête mais c’est une perte de temps. Ils ne peuvent pas me faire taire, le combat va continuer », a-t-il déclaré sous le feu des questions. Avant de prier les reporters de le laisser aller appeler sa famille pour qu’elle vienne le prendre. « Je vais appeler ma femme, certainement elle ne va pas le (sa libération, Ndlr) croire », a lancé le Premier secrétaire du Bcg. Les jeunes reporters n’ont pas, cependant, lâché prise. Ils ont continué de plus bel à l’acculer d’interrogations. A la suite desquelles il va souligner : « mes avocats ont demandé un non-lieu et une main levée du mandat de dépôt. Cette dernière a été accordée mais par contre le non-lieu n’a pas été accordé et par une gymnastique abracadabrante on m’a accordé la liberté provisoire que personne n’a demandée, que je ne demande pas et que je rejette. C’est un chantage qui est fait sur moi pour penser que je vais arrêter le combat ». Jean Paul Diaz a été beaucoup plus outré par les conditions de sa libération qui ont fait qu’il n’a vu personne à l’accueil, à sa sortie de prison. « Moi-même on est venu me dire que tu as 15 minutes pour sortir. Ils auraient pu le dire ce matin. Ce sont des choses inacceptables », a-t-il fulminé avant d’ajouter : « toutes ces choses là vont changer. On ne peut pas demander à quelqu’un de sortir dans 15 minutes ».
« Je n’avais ni chaise, ni table »
Le Premier mot que l’éphémère directeur général de l’Institut de prévoyance de retraite du Sénégal (Ipres) a lâché est : « J’apporte mon soutien total et entier au ministre Pape Diouf. J’espère que demain je serai à ses côtés s’il n’y a pas de renvoi ». Faisant allusion au lieutenant de l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck et maire de Bambey qui est actuellement en prison, il a martelé que « les prisonniers politiques de Abdoulaye Wade feront bientôt une équipe de football. Il ne manque que le gardien et les deux latéraux ».
Jean Paul Diaz est, par ailleurs, revenu sur les chefs d’inculpation qui ont été retenus contre lui. Il a, en effet, estimé que « c’est du cinéma ! On dit que je fais un complot contre l’Etat. Un complot dans lequel je suis tout seul. Il n’y a pas de complice, il n’y a pas d’armes, il n’y a rien du tout. C’est ridicule ! Jamais on a vu un dossier aussi vide ». Il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : «c’est pourquoi le combat va continuer parce qu’il faut chasser Abdoulaye Wade du pouvoir et tous les gens qui sont autour de lui qui sont tous des incompétents ». Le leader du Bcg a, en outre, prévu d’organiser vendredi 12 mai prochain une conférence de presse pour revenir sur tous les détails de son incarcération. Il ne compte même pas laisser en rade les conditions de sa détention. Une situation qu’il va commencer à étaler à la demande pressante de la presse. « Je n’avais ni chaise, ni table, je suis resté 23 jours sur un tabouret. J’étais debout assis sans dossier, il n’y avait rien. Ce n’est pas possible, il y a des conditions inacceptables », a-t-il relaté. Il a, dans le même registre, révélé que « les ventilateurs (dont on a parlé dans la presse d’hier) et la télévision étaient déjà dans la chambre. Donc ce n’est pas une faveur qui m’a été faite. Je n’ai eu droit à aucune sorte de faveur ». Selon lui, il a refusé de souffrir le martyr et que « dans le premier temps, il a fallu s’affirmer parce qu’il y avait des gens qui pensaient agir n’importe comment. Donc, il a fallu m’énerver et s’affirmer ». Il a profité de cette tribune devant la presse pour être l’avocat des jeunes qu’il a trouvé en prison. « Je veux insister sur des jeunes qui sont là, qui sont entrés dans la prison à 22 ans jusqu’à 30 ans ils ne sont pas jugés. Il n’y a pas de question que la justice doit être sereine ». C’est ainsi qu’il a tenu à remercier ses camarades de chambre, les leaders politiques notamment ceux de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) et à toutes les personnes qui ont apporté un soutien à sa famille.
0 Commentaires
Participer à la Discussion