JEUX DE CHAISES MUSICALES DANS LE GOUVERNEMENT : Les dessous d’un réaménagement

Le gouvernement a subi un autre réaménagement gouvernemental. Bien plus qu’un simple changement, celui-ci obéit à une logique politique à une finalité précise.

Le gouvernement du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a connu un réaménagement, plus proche d’une opération de permutation. Ce changement est intervenu, hier, lors du premier Conseil des ministres de la rentrée. Zakaria Diaw qui était jusqu’ici le Directeur de cabinet du président de la République, devient ministre d’État, ministre de la Fonction publique, du Travail et chargé des relations avec les Organisations professionnelles. Il replace ainsi à ce poste, M. Habib Sy qui devient, quant à lui, le nouveau Directeur de cabinet du chef de l’État. Ce jeu de chaises musicales pratiqué par le Chef de l’Etat est loin d’être fortuit. Car, des confidences tenues de proches collaborateurs de Me Wade, ce changement obéit à des calculs politiques dont les résultats sont attendus dans le moyen terme.

Il s’agit, confient nos interlocuteurs, «d’un besoin de recadrage de l’entourage de Me Wade en vue de préparer les batailles futures». En effet, le manque de dose politique et libérale dans le Cabinet de Me Wade ont conduit à l’appel à Habib Sy pour apporter plus de percussion politique dans la gestion des affaires présidentielles. Celles-ci en auraient «souffert ces derniers temps avec Zakaria Diaw qui est très détaché de la chose politique». Sans compter qu’il serait «comptable de quelques errements dans la gestion de quelques affaires qui lui avaient été confiées par le Chef de l’Etat, des dossiers auxquels Me Wade tenait comme à la prunelle de ses yeux». Ainsi, d’aucuns s’interrogent sur le temps que M. Diaw va rester à la tête du ministre de la Fonction publique, du Travail et chargé des relations avec les Organisations professionnelles, un département jugé problématique. Le nouveau ministre arrive dans un contexte de tension sociale, avec la détermination des syndicats à en découdre avec l’Etat.

Pendant qu’une tempête est annoncée à l’accueil de M. Diaw, Habib Sy fait une bonne percée, ce qui lui permet d’avoir les coudées franches dans la perspective de l’horizon 2012. Il a été toujours taillé à M. Sy les habits d’un Premier ministre. D’ailleurs, son nom a été évoqué quand il s’était agi de trouver un successeur à Cheikh Hadjibou Soumaré. Sa nomination aux côtés de Me Wade est perçue comme un entrain pour la commande de l’équipe gouvernementale. Car, depuis quelques temps, d’intenses lobbies s’activent pour la défénestration du Pm, Souleymane Ndéné Ndiaye. Les mêmes machines politiques qui avaient broyé Macky Sall et Idrissa Seck sont mises en marche pour aller à l’assaut de M. Ndiaye. D’ailleurs, l’on rapporte que le «Chef de l’Etat ne serait pas insensible aux arguments développés contre son Premier ministre». Des «pêchés» de Ndéné, l’on cite «sa volonté de doubler le Chef de l’Etat à certaines occasions. La dernière en date est la donation de soukerou koor à Touba». Le premier ministre aurait casqué bien plus que Me Wade, ce qui a été mal interprété par les faucons. A cela s’ajoute «la révolte des responsables et militants libéraux qui se plaignent que M. Ndiaye ne gère pas la clientèle politique du Président alors qu’il entretient bien la sienne». Le lot de griefs est complété, entre autres, «par les connexions du Pm avec des milieux affairistes».