Déterminer le degré d’implication de ses confrères cités dans l’affaire de la corruption au sein de la Justice, c’est l’initiative prise par l’Ordre des avocats. Celui-ci révèle ouvrir une instruction, mais fait remarquer que les pratiques de corruption sont récurrentes dans la magistrature. D’où son plaidoyer pour des sanctions pénales et leur projet de se constituer partie civile.
Le bâtonnier de l’Ordre des avocats est soucieux de la crédibilité de sa corporation. C’est pourquoi, il annonce «l’ouverture d’une instruction pour déterminer le degré d’implication des avocats» cités dans le scandale de corruption au sein de la magistrature dans lequel deux magistrats sont déjà cités. Moussa Félix Sow l’a révélé, hier, au cours d’un point de presse organisé par l’Ordre qu’il dirige pour se prononcer sur cette affaire. Ainsi, l’Ordre prend le relais du ministère de la Justice qui a ouvert une enquête pour situer la responsabilité des uns et des autres dans ce sombre dossier.
Selon Me Sow, «il s’agit de savoir si le comportement des avocats dans ce dossier est reprochable ou pas. En effet, tous les avocats seront auditionnés. Car, il y va de l’intérêt de l’Ordre». Le bâtonnier informe, de même, que «l’instruction se fera en collaboration avec les autorités en charge du dossier. Je vais adresser une correspondance au ministre de la Justice pour que tous les éléments de l’enquête soient mis à ma disposition dans le cadre de l’instruction que nous allons démarrer. Une instruction qui se fera dans l’impartialité». Cette procédure que le Barreau compte enclencher devra aboutir à la production d’un rapport, lequel sera soumis au Conseil de l’Ordre pour appréciation. Ainsi, Me Sow prévient que «s’il s’avère que nos confrères sont impliqués, le Conseil de discipline sera saisi et les sanctions peuvent aller jusqu’à la radiation».
Cette implication du Barreau dans cette affaire de corruption s’explique, selon le bâtonnier, par le fait que «les conséquences se ressentent au sein de la corporation. Cela aboutit à l’appauvrissement des avocats de sorte que les jeunes avocats ne peuvent plus exercer normalement. C’est donc, un problème vital. On paie 15 millions dans une affaire en cours de jugement, alors qu’on n’est pas sûr que les honoraires des avocats constitués sont payés ou s’ils sont bien payés».
Par ailleurs, le Barreau refuse de se scandaliser face à ce cas particulier de corruption décelée dans la Justice. Car, le bâtonnier soutient que ce n’est pas une première au sein de la magistrature. Il cite un cas dans lequel «un magistrat a pris de l’argent en promettant la liberté provisoire à quelqu’un qui devait passer devant le juge d’instruction». Autre cas révélé par Me Sow, c’est l’ingérence «d’un autre magistrat dans une procédure civile dans laquelle le magistrat avait empoché de l’argent».
Outre ces exemples, Me Sow se base sur les révélations de Aminata Mbaye contenues dans le dossier pour confirmer «l’ancrage de la corruption dans le milieu justicière. La magistrate dit que toutes sortes de problèmes ont été réglés dans la Justice sans qu’elles ne s’ébruitent». Mais, regrette-t-il que ces cas n’aient jamais eu de suite après que des rapports avaient été déposés. En effet, le bâtonnier s’étonne que «des sanctions ne soient jamais prises à l’endroit des fautifs. A chaque fois, on essaie d’étouffer l’affaire en affectant les mis en cause dans d’autres juridictions. Ce n’est pas la solution, il faut prendre le taureau par les cornes». A son avis, «le phénomène de la corruption dans la Justice est très grave pour qu’on en fasse un problème ponctuel. C’est un problème systémique qui nécessite des solutions urgentes».
Ainsi, le Barreau compte aller jusqu’au bout de sa logique pour que la lumière soit faite dans ce dossier. Les robes noires exigent que «l’enquête en cours soit menée en toute diligence et dans l’impartialité». De même, elles plaident pour «des sanctions administratives et pénales en ce sens que la corruption est une infraction. Cela pour qu’on sente la volonté des autorités de résoudre le problème».
D’ailleurs, le Barreau révèle qu’il va se constituer partie civile en cas de sanctions pénales pour défendre ses intérêts.
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Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion