Wal Fadjri : Apparemment vous faites face à une situation difficile, notamment la non-promulgation de la loi portant report des élections. Que comptez-vous faire dans ce cas ?
Khalifa Ababacar Sall : Effectivement, on est dans une situation assez étrange sur le plan juridique. La loi a été votée mais le délai de promulgation court jusqu’aujourd’hui (hier, Ndlr). Alors que la date limite de dépôt de candidature, c’est également aujourd’hui (hier) jusqu’à minuit. Donc, on est dans une situation juridique originale. Laquelle est due à un pourvoir original dans ses méthodes et dans son action. Qu’est ce qui peut-être fait ? L’opposition parlementaire nous avait annoncé une tentative d’actions pour faire un recours. Si cela avait été fait, on serait fondé à déposer les dossiers aujourd’hui. Mais même sans cela, on est fondé à déposer les dossiers jusqu’à minuit si la promulgation n’intervenait pas. Et comme je viens de le dire, on est en face d’une situation originale parce que si le président de la République ne promulgue pas aujourd’hui et que personne ne dépose de dossier, on n’est pas fondé après à aller devant le Conseil constitutionnel. Parce que, on aura reporté et annulé les élections et l’on n’aura rien fait pour que les procédures qui doivent être conduites le soient. C’est pourquoi nous sommes entrain de réfléchir. Il n’est pas exclu, d’ici ce soir, que nous venions déposer des dossiers et rien ne s’y opposera.
Wal Fadjri : Vous voulez parler des dossiers de candidature ?
Khalifa Ababacar Sall : Pourquoi pas ! Parce qu’aujourd’hui, avec ces gens qui font preuve de fourberie et de malice, ils peuvent venir déposer des dossiers à minuit malgré tout ce qu’ils ont dit. Et dans quelle situation serions-nous, nous de l’opposition ? Mais même si personne ne dépose de dossier, cela signifie que de manière consciente et déterminée, nous boycottons les élections. Parce que le délai légal, c’est jusqu’à minuit. Et si personne ne dépose, cela signifie que toute la classe politique aura renoncé à aller aux élections. Cela aussi a une signification politique qu’il faudra apprécier.
Wal Fadjri : Mais, le préfet refuse de recevoir les dossiers est-ce que… ?
Khalifa Ababacar Sall : (Il coupe) Non ! Le préfet ne pourra pas, si la loi n’est pas promulguée et publiée. Parce que la promulgation est une chose, la publication en est une autre. Donc ce sont deux procédures différentes. Il faut que la loi soit promulguée puis publiée. Et dès qu’elle est publiée pour que nul n’en ignore, elle nous est applicable et le préfet sera fondé à refuser nos dossiers. Mais au cas contraire, il pourra difficilement nous opposer une fin de non recevoir.
Wal Fadjri : Si malgré tout, le pouvoir maintenait sa position que feriez-vous au niveau de l’opposition ?
Khalifa Ababacar Sall : Moi vous connaissez ma position, je suis pour le combat de rue. Vous savez, on a tellement parlé dans cette opposition. Nous avons voulu être une opposition républicaine. La seule chose qu’ils comprennent c’est la confrontation. Aujourd’hui, on nous traite de mous et cela commence à se vérifier. C’est à nous de nous assumer et de prendre la rue en tout cas moi, je suis partisan de la confrontation, je l’ai crié partout et je considère que ceux qui sont en face de nous ne comprennent que ce langage.
Wal Fadjri : Pensez-vous sortir victorieux d’une éventuelle confrontation avec le pouvoir ?
Khalifa Ababacar Sall : Les populations ont toujours besoin de locomotive, de leadership. Quand Wade s’organisait, il n’avait pas plus de quarante personnes, tout le monde le sait. Mais, ces quarante personnes créaient un mouvement d’entraînement qui faisait que la population suivait. Autour de la cherté du coût de la vie, de ce que ces gens-là dilapident nos bien communs, les populations excédées ne demandent qu’à être mobilisés. C’est nous qui manquons d’initiative pour mobiliser les gens. Moi, en matière de marche, je n’ai pas peur d’être seul. J’étais prêt à venir tout seul dans cette préfecture pour dire ce que je pense. Et c’est pourquoi il faut se féliciter de ce que le ‘front’ ait décidé de venir exprimer son mécontentement par le dépôt d’une déclaration.Mais ce n’est pas de cette manière qu’il fallait le faire, on aurait dû bloquer les rues, manifester. Je le répète, je suis partisan de la confrontation parce que c’est le seul recours qui nous reste.
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