XIBAR.NET (Dakar, 12 Mars 2010) - La corruption s’est installée au Sénégal depuis l’ancien régime socialiste. Mais, depuis l’an 2000, elle trône sur des immeubles, tous connectés à la présidence. C’est ce qui ressort du rapport commandité par l’Usaid, qui accable, sans les nommer, Wade père et fils. Mais attention au retour de flamme : les Américains ne dépensent jamais pour rien !
‘’La corruption est présente dans tout le système politique et économique du Sénégal ». C’est la sentence du rapport produit par le Manager système international (Msi). Il est signé par des experts en science politique, d’un juriste et d’un sociologue, qui est chercheur à l’Ifan.
Commandité par l’Usaid, il souligne que la corruption au Sénégal « se traduit non seulement par l’enrichissement personnel et l’enrichissement de la famille, des partisans et de la clientèle, mais aussi traduit la possibilité d’obtenir les ressources qui permettront de gagner et de garder le pouvoir. Un champ de prédilection majeur est constitué par les élections nationales, et tout particulièrement l’élection présidentielle, lorsque les candidats ont besoin de ressources significatives pour attirer et garder des supporters.’’
Autrement les corrupteurs gravitent autour du président Wade, qui encourage leurs délits, pour se maintenir au pouvoir, enrichir sa famille et ses proches collaborateurs. Parmi eux, même, les marabouts. On ne sait au nom de quelle loi l’essentiel parmi eux reçoivent, régulièrement, ses faveurs financières et voyagent avec des passeports diplomatiques. On se souvient que le « jeune guide religieux », Serigne Modou Bousso Dieng, avait séjourné en prison après avoir été pris en possession de passeports diplomatiques, que seul le président de la République est habilité à signer. On sait pourquoi les « marabouts libéraux » fleurissent, comme des champignons après la pluie.
Le document commandité par les Américains souligne que la corruption gangrène, particulièrement, le milieu des entrepreneurs. En d’autres termes : le secteur des bâtiments et travaux publics. Or justement, depuis près de sept ans, c’est le fils du président Wade, Karim, qui est le « roi » de ce secteur. Président de l’Anoci, c’est lui qui décernait les marchés de gré à gré, avec ristournes. Il a été épinglé dans « Comptes et mécomptes de l’Anoci », pour surfacturation.
À titre d’illustration, il avait fait construire son bureau à 750 millions de francs Cfa et acheté une lampe à 10 millions, construit un tunnel à dix milliards et un kilomètre de route à 7 milliards, etc ; ceci, pendant que du côté du village traditionnel de Ouakam, sur le dos duquel passaient ses chantiers, des familles se demandaient où trouver leurs pitances du jour. Il est devenu, entre autres attributions, le ministre d’État chargé de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures. Les routes goudronnées et les ponts lui permettront de s’enrichir et de contenter ses proches et ses entrepreneurs. Ce n’est pas hasard, si son père lui a affecté ces deux portefeuilles. Ils lui permettront de centupler ses trésors de guerre, pour appâter ses courtisans et acheter des électeurs. Sa mère veut qu’il succède à son père.
La corruption gangrène le secteur du foncier : depuis l’avènement de l’alternance des immeubles ont surgi de terre. Ils appartiennent le plus souvent aux souteneurs de Wade, Fauchés comme des rats d’Église, il y a moins de dix ans, tous sont devenus des richards. La capitale sénégalaise n’a plus de réserves foncières. Le président a tout arraché. Il distribue des terres après s’être servi. Mais, les Wade devraient se surveiller. Ne serait-ce que, parce qu’ils sont dans la ligne de mire des Américains, décidés à combattre la corruption et le blanchiment d’argent. Le rapport qu’ils ont commandité n’est pas fortuit.
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