Postuler au suffrage universel de ses concitoyens est indéniablement un droit inaliénable. Mais une telle aspiration n’en exige pas moins des dispositions à la fois physiologiques et psychologiques. Ainsi à l’orée des élections couplées de 20007, l’âge du chef de l’État, Me Abdoulaye Wade, fait l’objet d’inquiétudes et de remarques diverses. Serigne Modou Kara Mbacké, marabout et leader de parti, s’est engouffré dans cette brèche. Et il n’est pas le seul.
« Tout ce que je lui souhaite, c’est de terminer son mandat. Mais après celui-ci, qui expire en 2007, je ne vois personne à la tête du Sénégal. Pour les tâches qui incombent à un chef d’État, en dépit de ses efforts, je suis peiné de voir Me Abdoulaye Wade à l’œuvre ». C’est ce que le guide du Parti de la vérité pour le développement (Pvd), Serigne Modou Kara Mbacké, a laissé entendre hier, en wolof, à travers les ondes de la radio Walf Fm. Et le chef de file du Parti de vérité pour le développement semble mettre la langue là où la dent fait mal. Car, de nos jours, le président de la République est octogénaire. Et s’il n’est parvenu au pouvoir qu’à l’âge de soixante-quatorze ans et ne l’exerce que depuis six ans, il est l’un des plus âgés dirigeants du continent et même du monde ; pour ne pas dire le plus vieux. Pourtant, le poids de l'âge déteint en général sur les comportements et réflexes. C’est ce que semble comprendre, si ce n’est une attaque voilée, le prédécesseur de l’actuel chef de l’État, Abdou Diouf. Moins âgé, il a laissé entendre, en direction de ses camarades socialistes et à l’occasion de sa récente visite au Sénégal, qu’il ne pouvait plus aspirer aux suffrages de ses pairs, eu égard à son âge. Également, on prête et reproche à l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck, de s’être soucié de l’âge de Me Wade en lorgnant, au début de l’alternance, sur la fiche de santé de celui-ci. D’ailleurs, n’est-ce pas pour ce critère d’âge que M. Seck a déclaré récemment que les informations à sa portée ne faisaient pas état de la candidature, aux prochaines élections couplées de 2007, de Me Wade ? Mais si le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, avait renoncé au pouvoir, qu’il conseillait de ne jamais rincer, les partisans de Me Wade tiennent un autre langage. Même si c’est sur un fauteuil roulant, clament les plus orthodoxes, Me Wade fera campagne l’année prochaine. Mais, au-delà des considérations politiciennes, c’est notre Constitution qui est interpellée : l’âge de la retraite étant revue à la hausse, il est devenu nécessaire, pour notre jeune démocratie, de statuer sur l’âge limite que doivent avoir les candidats au poste de président de la République du Sénégal ; l’âge minimal étant fixé. D’ici là, une candidature de Me Wade ne serait que légale. Seule sa légitimité pourrait faire l’objet de spéculations.
0 Commentaires
Participer à la Discussion