Les évêques du Sénégal en conclave à Rufisque : ‘L'alternance nous a écartés du dossier casamançais’

Les évêques du Sénégal, en conclave à Rufisque avec ceux de la sous-région, accusent le gouvernement dit de l'alternance de les avoir écartés du dossier du conflit casamançais. Pourtant, selon eux, leur implication avait permis de faire reculer la violence dans la partie sud du pays.

Les évêques du Sénégal, de la Guinée-Bissau, des îles du Cap-Vert et de la Mauritanie, en conclave à Rufisque, ont abordé, entre autres questions, la rébellion en Casamance. Selon ces hommes d'Eglise, la situation en Casamance devient de plus en plus préoccupante. Depuis un certain temps, notent-ils, on assiste à une recrudescence des combats le long de la frontière entre le Sénégal et la Guinée-bissau, des affrontements qui se sont déplacés dans le Blouf et le Fogny. Et les évêques de rappeler que depuis plus de 20 ans que ce conflit a éclaté, il ne se passe pas une semaine sans que la conférence ne demande à l'évêque de Ziguinchor, en l'occurence Mgr Augustin Sagna, de faire le point sur la situation. ‘Et nous l'encouragions toujours à essayer de faire avec son clergé, son église tout pour aider à ce que les choses se calment et que la paix revienne’, indiquent-ils.

‘Au bout de 10 ans, en 1992 surtout, nous avons mis l'accent sur le travail à la base, dans le diocèse de Ziguinchor, en impliquant davantage la conférence épiscopale. Cette même année, deux émissaires seront envoyés pour discuter avec les responsables de la rébellion pour faire avancer les choses’, a déclaré Mgr Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar. Et de rappeler qu'en deux jours, il y aura plusieurs rencontres et les deux groupes tomberont d'accord sur un vœu émis par le prêtre rébelle qui consistait à mettre sur place un comité au sein de l'Eglise pour la paix en Casamance. C'est ainsi, rappelle Mgr Sarr, qu'un comité clérical est né. Son rôle était d'être l'interface entre le gouvernement et le Mfdc, avec la consigne que ce n'est pas l'Eglise qui négocie, mais son rôle s'arrête à aider à arriver aux négociations. ‘Ce comité clérical a beaucoup travaillé entre 1992 et 2000, mais quand il y a eu alternance, les nouvelles autorités sénégalaises ont estimé qu'il y avait trop d'intervenants dans le dossier de la Casamance et qu'il fallait laisser le gouvernement faire’, regrette l'évêque de Dakar. ‘A partir de ce moment, le comité clérical s'est mis en sourdine et voilà pourquoi l'Eglise n'est plus en première ligne. On a respecté la consigne des nouvelles autorités gouvernementales. On s'est alors mis en réserve et on a agi très discrétement’, soutient l'archevêque de Dakar.

L'Eglise est une sorte de régulateur entre la rébellion et le gouvernement. Depuis très longtemps, son rôle consiste à éteindre les foyers de tension et à conseiller les hommes du maquis à ranger les armes. Son absence sur le terrain a inquiété les Casamançais. Notamment avec Salif Sadio, qui a repris ses activités, et dont les actions avaient été ralenties par l'implication de l'Eglise. Le retour des hommes d'église dans le dossier casamançais pourra ainsi régler beaucoup de questions et même aider à la reprise des négociations.