LES VRAIES RAISONS DU REPORT DES ASSISES DU MFDC

Les assises qui avaient été convoquées par le secrétaire général du mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), Jean Marie Biagui, pour les 11, 12, 13 et 14 janvier courant à Ziguinchor sont reportées à une date ultérieure. L’information émane de Jean-Marie Biagui lui-même qui prenait part à une conférence de presse, organisée par le collectif des cadres casamançais qui eu lieu le samedi à Dakar, avançant que les raisons qui ont guidé ce report sont liées au double deuil qui frappe le pays suite au récent assassinat de Dino Samsidine Néma Aïdara et au décès de Sérigne Saliou Mbacké. Mais une telle thèse cache mal les vraies causes de ce report. Car on se rappelle d’abord que M. Biagui avait, au lendemain de l’assassinat de M. Aïdara, tout en condamnant ce crime assuré que son mouvement maintenait la tenue de ces assises à la date prévue.

Selon toute vraisemblance, les multiples réactions des différentes tendances du Mfdc annonçant leur non-participation à ces assises sont les véritables raisons du report. En fait, toutes les tendances du mouvement se sont démarquées de cette rencontre dès que celle-ci a été annoncée. C’est d’abord le groupe de contact du mouvement, constitué par les responsables de l’aile politique du mouvement vivant à Ziguinchor et mis sur pied le jour même de l’enterrement de l’abbé Diamacoune avec comme mission d’unifier l’ensemble des segments du Mfdc en conflit, qui est monté au créneau pour désapprouver la tenue de ces assises. Le bouillant Abdou Elenkine Diatta qui s’est mis volontairement en marge de cette structure s’en est, lui aussi, démarqué, indiquant que ces assises concernent le parti politique de M. Biagui, à savoir le mouvement pour le fédéralisme démocratique constitutionnel et non le Mfdc.

Le maquis (la coalition regroupant le camp de César Badiate et celui de Magne Diémé) est aussi allé dans le même sillage, indiquant qu’il ne se sent pas du tout concerné par la rencontre, initiée par Biagui. Aussi bien le camp de César Badiate que celui de Magne Diémé ont sorti un communiqué pour dénoncer ces assises. César Badiate a été particulièrement virulent au sujet de ces assises. ‘’L’aile combattante du mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) informe (les) populations de la Casamance à l’unanimité que la tenue des assises prévue du 11 au 14 janvier 2008 au CDEPS de Ziguinchor est considérée comme une provocation et une entrave à la paix en Casamance’’, s’exprime César à travers ce communiqué qui ajoute : ‘’La branche armée du Mfdc demande à l’opinion internationale de presser le Sénégal et son gouvernement afin qu’il prenne ses responsabilités’’.

Depuis la mort de l’abbé Diamacoune Senghor, aucune responsabilité n’a été confiée à Jean Marie Biagui par le Mfdc, précise Badiate qui affirme que : ‘’Si le Sénégal par la voix du président de la République n’interdit pas les assises de Ziguinchor, des mesures vont s’imposer sinon cette paix tant parlée au niveau des médias sera bafouée’’. Et de poursuivre : ‘’Nous ne savons pas d’où vient la nomination de Jean Marie Biagui ‘’. Selon César Badiate, Mamadou Nkrumah Sané, basé en France est le chef du Mfdc, reconnu comme tel aussi bien par l’aile politique que celle combattante.   Et ce qui était certain, c’est que Salif Sadio que tous les observateurs présentent comme l’interlocuteur qui détient la clé de la solution du conflit n’allait pas faire de ces assises une exception, autrement il n’allait pas se faire représenter. Comme on le voit donc, si ces assises se tenaient, ce serait un autre rendez-vous manqué. Aussi la seule issue pour éviter un tel état de fait, c’était le report.