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Politique

Madior DIOUF, secrétaire général du Rnd : ‘ Je vais me retirer de la direction du parti dans deux ans ’

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Madior DIOUF, secrétaire général du Rnd : ‘ Je vais me retirer de la direction du parti dans deux ans ’
Le Rassemblement national démocratique (Rnd) tient, les 14 et 15 juin prochain, son deuxième congrès ordinaire depuis la disparition de son père fondateur, Cheikh Anta Diop. Mais pour son secrétaire général, le fait d’être resté dix-sept ans sans tenir son congrès ne peut nullement constituer un obstacle au fonctionnement du Rnd. Par ailleurs, Madior Diouf révèle, dans l’entretien qu’il nous a accordé, qu’à partir de 70 ans (il en a 68 actuellement), il sera moins dynamique au niveau de son parti et songe déjà à la relève. Abordant les assises nationales envisagées par le Front Siggil Senegaal, le leader du Rnd soutient qu’elles auront lieu dans trois mois au plus tard et nul doute que les décisions qui en seront issues, seront mises en œuvre.

Wal Fadjri : Votre parti tient son congrès ordinaire les 14 et 15 juin prochain. N’y avez-vous pas été, finalement, contraint par vos camarades de Thiès qui ont élevé le ton dans ce sens ?

Madior Diouf : Ben… Ils ont fait une proposition consistant à demander la tenue du congrès chez eux, à Thiès. Mais, il faut retenir que c’est sur la base de données objectives que les choses sont décidées. Et la décision avait prise par le Comité directeur, lors de sa dernière session. Le comité directeur s’était réuni pour analyser la situation et prendre une décision concernant les dates de 14 et 15 juin pour le congrès.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui a motivé les nombreux reports ?

Madior Diouf : Ce n’est pas la première que nous prenons une décision pour le congrès et que nous modifions la date, vu les circonstances. La vie d’un parti ne dépend pas exclusivement de ses congrès. On est ambitieux en instituant un congrès tous les deux ans mais, en réalité, aucun congrès ne respecte ces délais.

Wal Fadjri : Pourquoi les partis peinent-ils à respecter la périodicité de leur congrès ?

Madior Diouf : Ça dépend des moyens dont dispose le parti. Un parti comme le nôtre et tant d’autres, d’ailleurs, ne dépend pas de l’aide extérieure. Cela est interdit par la loi et c’est écarté par les principes de notre parti. Nos ressources proviennent des cotisations de nos militants, du sacrifice des plus grands responsables et des contributions particulières d’amis du parti. Dans le contexte sénégalais, ce ne sont pas, évidemment, ces ressources qui peuvent assurer la périodicité du congrès. Il est vrai que le respect de cette périodicité est importante, mais il n’a pas une importance particulière en ce qu’il n’empêche pas le fonctionnement normal du parti. Encore une fois, la régularité statutaire est un problème parce qu’en réalité, les statuts datent des années 1970. Notre parti a été créé le 3 février 1976 et la régularité n’a pas tenu compte de la faiblesse de ses ressources financières. Il faut définir des délais qui soient en rapport avec ces ressources. Une réflexion s’impose pour voir s’il faut tenir le congrès tous les deux ans ou amener la périodicité à quatre ans.

Wal Fadjri : Un parti qui n’a pas les moyens d’assurer son fonctionnement normal, doit-il continuer d’exister ?

Madior Diouf : L’existence d’un parti, ce n’est pas uniquement la régularité de ses instances. On ne doit pas se fonder sur le non-respect de la périodicité pour dire que tel parti n’a pas les moyens de son existence. Celle-ci est certes importante, mais elle n’a pas une importance particulière. La périodicité est aussi importante que les finances, que l’adhésion de citoyens à notre projet politique. C’est un peu simpliste de se fonder sur la régularité d’un parti pour dire que celui-ci doit exister ou non. L’existence d’un parti, c’est des idées ajoutées à l’opinion nationale, ce sont des mobilisations, c’est aussi la gestion des problèmes nationaux soit en position de pouvoir, soit en position d’opposition comme c’est le cas actuellement pour ce qui nous concerne.

Wal Fadjri : Au Sénégal, l’irrégularité des congrès fait que les secrétaires généraux de partis le sont ad vitam aeternam. Cela n’est-il pas contraire à l’exigence démocratique ?

Madior Diouf : Evidemment, c’est une tautologie. S’il n’y a pas de renouvellements, les instances gardent les mêmes hommes. Où est le problème ? Un congrès est libre de changer ou de ne pas changer ses responsables. Dans notre pays, on n’a qu’à regarder le paysage politique, la longévité des leaders de partis est un phénomène tout à fait ordinaire. Cela est peut être dû à la conception qu’on a du chef. Mais de mon point vue, je ne vois pas d’inconvénient à ce que le débat politique soit mené sur la question de l’alternance au sein des partis.

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre à ce que vous cédiez la place à un autre, après 17 ans passés à la direction de votre parti ?

Madior Diouf : Si les camarades le désirent, je ne vois pas de problème. De toutes les façons, j’ai 68 ans et au-delà de 70 ans, je n’entends pas rester longtemps dans des activités politiques de la même manière que maintenant. Pendant la décennie de mes 70 ans, je ne compte pas rester très dynamique. Ça, c’est ma liberté à moi. Je serai précis là-dessus quand je le voudrai.

Wal Fadjri : Est-ce une retraite politique en perspective ?

Madior Diouf : Ça ne s’appellera pas une retraite politique mais, en réalité, ce sera passer la main. J’ai le devoir de préparer les jeunes, de préparer la relève et, à mes yeux, cela signifie les organiser de manière à ce qu’ils puissent occuper tous les postes de responsabilité au sein du parti. Quand ce sera bien huilé, en ce moment, je pourrai être moins dynamique.

Wal Fadjri : Venons-en maintenant aux assises nationales de l’opposition dont vous faites partie. D’aucuns considèrent que c’est du bluff car depuis que l’idée a été agitée, il n’y a eu rien de concret. Ont-ils raison ?

Madior Diouf : Ceux qui pensent ainsi, ont intérêt à ce que cela soit du bluff. En réalité, il s’agit d’une expérience qui en est à sa cinquième édition. En effet, il y a eu celle de 1981, 1988, 1992, 1996 et celle que nous comptons organiser cette année, très bientôt. En 1981, c’étaient les Etats généraux de l’éducation et nous avions discuté de l’école. En 1988, il était question du système électoral. En 1992, les discussions ont porté sur les institutions et le processus électoral, et les conclusions qui en étaient issues, sont à l’origine du présent Code électoral. En 1996, il y a eu une concertatioon sur l’enseignement supérieur. Comme on peut le constater, les discussions ont été toujours sectorielles et chaque fois, une crise a été dénouée. En fait, c’était un modèle de thérapie démocratique parce qu’il nous permettait de surpasser des crises. Sur la base des problèmes du moment, le chef de l’Etat convoquait des assises nationales que nous réclamions nous aussi. Après chaque discussion, le président de la République tenait à ce que les conclusions qui en sont issues, soient appliquées.

Wal Fadjri : Vos assises ne peuvent quand même pas être comparées à celles antérieures dans la mesure où, concernant ces dernières, l’Etat était partie prenante, ce qui n’est pas le cas présentement...

Madior Diouf : Il faut, d’abord, rappeler l’esprit qui a guidé ces assises que tous réclament, sauf, bien entendu, le parti au pouvoir. Qu’est-ce qui s’est passé en 2007 ? Une crise comme celle qui s’est passée en 1988, est survenue à la suite d’élections contestées. Le pouvoir et l’opposition n’ont pas eu les mêmes opinions sur le scrutin. Dès lors, comme il était de coutume, nous (l’opposition radicale regroupée au sein du Front Siggil Senegaal : Ndlr) avons adressé une lettre au chef de l’Etat pour lui dire ce que nous pensions de l’organisation de l’élection présidentielle. Il y avait problème et on ne voulait qu’une chose : qu’on s’assoie, comme par le passé, autour d’une table, qu’on discute et, sur la base de conclusions consensuelles, qu’on puisse aplanir les difficultés et trouver des solutions à la crise. Il n’a pas réagi. C’est après treize mois que le chef de l’Etat s’est présenté dans les médias, ayant à ses côtés le président de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Rhaddo), pour dire qu’il avait l’intention de rencontrer l’opposition. Ensuite, il écrit à la même personne, en l’occurrence Alioune Tine, pour lui répéter la même chose, en ajoutant qu’il voudrait que la rencontre avec le Font Siggil Senegaal se tienne, si possible, le mercredi 5 mars 2008. M. Tine nous trouve à notre lieu de réunion hebdomadaire, c’est-à-dire chez Amath Dansokho, pour nous faire lire la lettre que lui a adressée le président de la République. D’abord, la démarche était un peu cavalière et c’est comme s’il s’agissait de quelqu’un de mauvaise grâce, qui s’est senti obligé de faire quelque chose qu’il ne voulait pas faire. Me Wade connaît bien l’adresse de chacun d’entre nous, mais il a préféré agir de cette manière, en usant, d’ailleurs, de propos assez discourtois, du genre : ‘Ces gens-là, ils ne me reconnaissent pas !’. Ensuite, il y a le fait que la date choisie nous donnait un délai très court pour une rencontre aussi sérieuse, sans compter que c’était à la veille de la tenue du sommet de l’Organisation de la conférence islamique chez nous. Donc (rires), tout compte fait, nous avons pensé que ce n’était pas sérieux. D’ailleurs, après le sommet de l’Oci, en conférence de presse, on lui parle de dialogue avec l’opposition, il rétorque : ‘Mais quelle opposition ?’. Pour lui, il n’y a d’opposition que celle siégeant à l’Assemblée nationale. On a senti de l’aigreur, une colère et même un tantinet de méchanceté dans les propos.

Wal Fadjri : Contrairement aux assises organisées sous le président Diouf, celles que vous envisagez, ne sont pas sectorielles parce que plus globalisantes. Cela ne rend-il pas votre tâche plus difficile ?

Madior Diouf : Parce que, comme nous l’avons vu, la crise n’est pas seulement électorale, mais multidirectionnelle. Elle concerne tous les aspects de la vie politique. Par conséquent, nous avons dit qu’il faire discuter de tous les secteurs organisés de la nation. C’est ainsi que nous avons pris les contacts qu’il fallait. Et l’acceptation spontanée des différents secteurs socio-professionnels contactés, de l’idée d’assises et les discussions amenant à préciser davantage les conclusions nous ont davantage convaincu dans notre démarche.

Wal Fadjri : N’ayant pas les rênes du pouvoir, comment pourriez-vous mettre en œuvre vos conclusions ?

Madior Diouf : La mise en œuvre de ces conclusions va être indiquée par les acteurs des assises. Si l’on considère, par exemple, la première expérience, c’est-à-dire celle de 1981, il a été conçu une structure de suivi pour contrôler la mise en œuvre. On avait créé une commission nationale d’évaluation des assises et du suivi. Cette commission devait se réunir tous les deux ans. Cette fois-ci, les discussions conduiront à des modalités de mise en œuvre. C’est un problème de débat et on en débattra.

Wal Fadjri : Plus concrètement, comment comptez-vous contourner le pouvoir qui ne veut pas de ces assises, pour mettre en application les décisions qui en découleront ?

Madior Diouf : Quel pouvoir ? En fait, le programme devra être mis en œuvre par les structures de l’Etat tout naturellement. Il n’en a jamais été autrement. Les différentes résolutions seront une sorte de tableau de bord pour qu’au niveau de tous les secteurs, on puisse s’en servir. Autrement dit, ceux qui sont dans le domaine syndical, ceux qui sont dans le domaine politique, ceux qui sont dans le domaine social, etc., peuvent choisir ce qui les intéresse directement et faire en sorte que l’application des conclusions soit correcte à leurs yeux. Les débats sur le contrôle de la mise en œuvre devront faire de sorte que lesdits secteurs puissent être responsabilisés de manière que l’application puisse être effective.

Wal Fadjri : Dans la perspective de la réforme institutionnelle, de l’instauration d’un régime parlementaire, par exemple, vous devriez avoir la caution de Wade, non ?

Madior Diouf : Aucune adhésion ne peut être considérée comme indispensable. Wade ne peut pas bloquer notre travail. Mais s’il ne vient pas discuter, cela n’empêche pas les Sénégalais de discuter et si ces derniers sont d’accord pour un régime parlementaire, ils se battront pour qu’il en soit ainsi ! Il faut comprendre que ce n’est pas souhaitable que Wade puisse bloquer notre travail. Car cela voudrait dire que les Sénégalais ne pourraient discuter que lorsqu’il le veut, or, cela est inacceptable parce que ce serait un recul démoncratique. Donc, il n’est pas question d’assujettir la volonté des Sénégalais à celle de Wade. Ce qui serait sage de sa part, c’est non seulement d’accepter volontiers de discuter, mais également de s’engager à appliquer ce que tout le monde aura décidé de manière consensuelle. C’est ce qui est raisonnable. En tout cas, nous voulons d’un mouvement national dynamique et tout citoyen qui a une culture démocratique respectable devrait œuvrer dans ce sens. Ce qu’il faut comprendre, c’est que nul ne peut rien contre une dynamique nationale, la volonté populaire. Lorsqu’en 2000, celle-ci a fait de Wade le candidat pour une alternance politique au Sénégal, le régime d’alors n’a rien pu faire contre. Donc, c’est quelqu’un qui devrait croire à la dynamique nationale et la respecter parce qu’il en a la preuve.

Wal Fadjri : L’opposition est-elle, aujourd’hui, capable de susciter cette dynamique nationale quand on sait que plusieurs opportunités lui ont été offertes dans ce sens sans qu’elle n’ait pu organiser une mobilisation conséquente ?

Madior Diouf : Chaque situation a sa stratégie. Lorsque Wade a pris la décision de reporter les élections législatives à la fin de la dixième législature qui s’est terminée en 2006, nous l’avons examinée en tant que situation, nous l’avons combattue en tant que députés, Abdoulaye Bathily, Moussa Tine et moi. Nous avions refusé de parler de démission, mais nous avions constaté la fin de notre mandat et nous sommes partis. Ça, c’était une manière de gérer cette situation. Ensuite, lorsque nous avons constaté que le 27 février 2007, il n’y avait pas eu une élection régulière, nous avions dit que nous allons démontrer que c’était une mascarade électorale. C’est ainsi que nous avons boycotté les dernières législatives avec le succès que tout le monde sait. Avec le faible taux de participation, nous avions, ainsi, démontré qu’il n’y a pas eu d’élections normales en février 2007. Où étaient donc ceux qui avaient élu Abdoulaye Wade au premier tour pour que le taux de participation n’excédât même pas les 30 % ? C’était la seule question qu’il fallait se poser et qui démontrait que Wade n’était pas réélu, mais qu’il s’est plutôt imposé à la tête du pays. Il était le président le mieux élu en 2000, mais le plus mal réélu parce qu’il n’est même pas élu. Aujourd’hui que la crise n’épargne aucun secteur de la vie nationale, il est de notre devoir de nous mobiliser et de nous organiser pour chercher des solutions pouvant remettre le pays sur les rails. C’est le sens des prochaines assises.

Wal Fadjri : Envisagez-vous, ainsi, d’investir la rue pour mettre la pression sur le président Wade ?

Madior Diouf : Non, au contraire, la réflexion, ce n’est pas la rue. La rue, ça a servi à lui dire : ‘Vous imposez au pays des dépenses inutiles alors que le peuple a faim, donc vous utilisez mal les ressources publiques’. C’est la gestion gabegie des ressources du pays, la mal gouvernance, l’instrumentalisation de nos institutions et tant d’autres dérives constatées qui nous ont conduits à investir la rue. Mais en ce qui concerne les assises nationales, nous y travaillons de manière méthodique et responsable pour une exploitation efficace de leurs recommandations.

Wal Fadjri : Et quand se tiendront-elles, ces assises ?

Madior Diouf : Très bientôt. Il va y avoir, le 3 juin prochain, la réception par le Comité national de pilotage de tout ce qui a été fait jusqu’ici. Par la suite, on installera définitivement le bureau, puis les commissions commenceront à travailler et le travail continuera jusqu’aux plénières.

Wal Fadjri : Une telle organisation suppose quand même un échéancier précis. A quelle date vos assises auront-elles lieu ?

Madior Diouf : Nous ne pensons même pas que le travail à faire d’ici là puisse durer six mois, ce sera deux ou trois mois maximum. C’est ce qu’en tout cas, nous politiques, nous souhaitons. Mais il se trouve que nous travaillons avec d’autres catégories de la nation et par conséquent, il n’est pas décent que nous imposions un délai. C’est pourquoi, par respect pour ces derniers, nous ne pourrions avancer, aujourd’hui, de dates précises. Mais retenez que c’est pour bientôt. Nous y allons lentement, mais sûrement, car il s’agit d’avoir des conclusions nationales consensuelles qui, appliquées, feront beaucoup plus de bien au pays que la gestion actuelle.

Wal Fadjri : Où auront lieu ces assises ? On suppose que ce sera dans l’une des permanences des partis membres du Fss ?

Madior Diouf : Il y a beaucoup d’espaces dans le pays où nous pouvons travailler, où des conférences peuvent se tenir avec des commodités de travail parce que c’est conçu pour.

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre à ce que des observateurs étrangers y soient conviés ?

Madior Diouf : Des observateurs étrangers ? Mais pour quoi faire ? Il ne s’agit pas d’une conférence nationale, hein ! Ce modèle sénégalais a fonctionné depuis 1981 et constitue une thérapie à une crise et jamais, il n’a été question d’appeler des gens d’ailleurs pour réfléchir avec nous de nos problèmes à résoudre. Par contre, nos conclusions et notre démarche seront parfaitement exportables.

Wal Fadjri : Et la prise en charge du coût de cette organisation, comment comptez-vous vous y prendre ?

Madior Diouf : Ah oui, c’est un problème. Evidemment, il y a les ressources nationales et il faut souhaiter que les contributions des parties prenantes puissent régler le problème. Là aussi, c’est un point de débat qui va être réglé dans les discussions, mais il faut avouer que ça demande quand même des moyens financiers importants.

Wal Fadjri : Accepteriez-vous de l’aide extérieure ?

Madior Diouf : L’aide extérieure n’est négative, à mes yeux, que quand elle est liée. Si des bailleurs internationaux qui jugent que le modèle sénégalais de résolution de crises est intéressant pour régler des problèmes ailleurs où des gens s’entretuent et qu’au lieu des armes, on peut user du dialogue pour arriver à un consensus, proposent leurs contributions pour la réussite de ces assises, je ne vois pas de problème. On devrait pouvoir utiliser ces moyens financiers puisqu’ils ne seront pas conditionnels.

Wal Fadjri : Dans la perspective d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale, l’opposition est-elle prête à participer à des élections couplées, législatives-locales ?

Madior Diouf : En tout cas, le Front Siggil Senegaal n’a jamais refusé de participer à des élections régulières. Ce qu’il exige, ce sont des élections transparentes, normales et régulières, c’est-à-dire des élections dignes de ce nom et par conséquent, qu’elle qu’en soit la forme démocratique. Si on veut coupler des élections, la démocratie voudrait qu’on se concerte là-dessus, mais pas en trouvant des prétextes fallacieux, comme ce fut le cas avec le Plan Jaxxaay. On ne gouverne pas un pays par le mensonge, on gouverne par la vérité et la transparence et, c’est comme cela que l’on se fait respecter et aimer.

Wal Fadjri : On remarque que c’est toujours le président Wade qui prend des initiatives et que l’opposition se contente, elle, d’être réactive. Est-ce une bonne stratégie pour la conquête du pouvoir ?

Madior Diouf : Il faut être juste avec l’opposition. Elle prend ses propres initiatives et ne suit pas Wade. Vous savez, lui (Wade), c’est quelqu’un qui a deux idées à la minute. Tant mieux pour lui s’il veut apparaître brillant, comme un intellectuel hors pair, etc. Ce qui intéresse les Sénégalais, ce sont les initiatives qui vont dans le sens de régler leurs problèmes et non des mises en scènes ou des effets d’annonce. Vous ne trouvez pas ridicule que le président accapare les médias publics pour se targuer d’être plus brillant que les leaders de l’opposition ? On ne pensait pas qu’il aurait eu le temps de s’amuser ainsi, vu les difficultés de toutes sortes qui assaillent son peuple. En définitive, Wade n’a jamais pris d’initiatives sérieuses. Au contraire, c’est lui qui tarde à réagir à nos initiatives. Nous avons conçu un plan national de sortie de crise, nous travaillons sérieusement et méthodiquement à sa mise en œuvre et il n’y a que lui qui ne veut pas encore y adhérer, tous les segments de la société y sont parties prenantes. Il hésite à prendre le train en marche, peut-être par orgueil. Mais, il est tout à fait normal que l’opposition réagisse si Wade pose des actes qui menacent l’intérêt supérieur de la nation. Nous ne le laisserons jamais user, à sa guise, de la Constitution pour régler ses problèmes personnels qui n’intéressent pas les Sénégalais. Il a trouvé des acquis démocratiques, ce qu’on attend de lui, c’est de les consolider et les renforcer, mais non de les faire péricliter.

Wal Fadjri : Les jeunes sont de plus en plus sur le devant de la scène politique. Est-ce à dire que les adultes que vous êtes, sont maintenant disqualifiés parce qu’ayant montré leurs limites ?

Madior Diouf : (Rires). Mais il faut s’en féliciter. C’est réconfortant que les jeunes soient dynamiques. C’est important, en tout cas, pour l’opposition que ces derniers prennent des initiatives. Le devoir du Front Siggil Senegaal, c’est de les encourager, les encadrer, leur faire bénéficier de l’expérience politique des anciens, leur laisser des marges d’initiatives. Sous ce rapport, je ne considère pas que la présence remarquée des jeunes dans la scène politique soit une quelconque disqualification des adultes.



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