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Politique

Mahmout SALEH, leader du nouveau parti : 'Il sera difficile de rassembler la majorité autour de WADE en 2007'

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Mahmout SALEH, leader du nouveau parti : 'Il sera difficile de rassembler la majorité autour de WADE en 2007'
L'immense espoir que l'alternance avait suscité en 2000 s'est quelque peu effrité à l'épreuve de la réalité de la gestion du pouvoir. Voilà pourquoi Mahmout Saleh pense qu'il sera difficile de rassembler, en 2007, la majorité autour de Me Abdoulaye Wade. Le leader de l'ex-Urd/Fal qui a fait sa mue pour devenir le Nouveau parti (Np) jette, néanmoins, son dévolu sur le candidat Wade pour la prochaine élection présidentielle. Mais, pour les élections législatives, le Np n'entend servir de passerelle à qui que ce soit et serait même, selon Saleh, prêt à faire cavalier seul si les conditions à lui proposées pour une coalition au sein de la mouvance présidentielle ne lui satisfaisaient pas.

Wal fadjri : L'Urd/Fal est devenue le Nouveau parti (Np). Pourquoi ce changement de dénomination ?

Mahmout Saleh : C'est le contexte et l'évolution de l'Urd/Fal qui nous a poussé à nous adapter à la situation d'aujourd'hui et de demain. D'importants segments de la population sénégalaise d'horizons divers (des cheminots, des pêcheurs artisanaux, des agriculteurs, des éleveurs, d'anciens dignitaires du Ps, des responsables de grande envergure du Pds déçus de la façon dont leur parti est géré, de leur exclusion, des notabilités traditionnelles et religieuses...) ont commencé à nouer des relations avec notre parti. Mais le caractère de celui-ci, son origine, son histoire, ce qu'il reflète aux yeux de l'opinion nationale ont empêché certains d'entre eux d'achever leur mouvement vers nous, c'est-à-dire d'adhérer à l'ex-Urd/Fal. Il était, de ce point de vue, objectif de constater que le parti ne correspondait plus à la situation nouvelle et il fallait donc réfléchir sur comment ouvrir la perspective organisationnelle qu'attendaient ces différents segments du pays qui s'orientaient vers nous de façon à ce qu'ils puissent être dotés d'un instrument politique à la hauteur ou au niveau de leur ambition. Et en association avec ceux-là qui étaient à l'Urd/Fal, aller à la conquête des positions politiques pour lesquelles nous nous battons. Il y a aussi que la situation politique évolue et, comme tout parti sérieux, nous nourrissons l'ambition d'être en situation, demain, de postuler à la direction de notre pays. Il est vrai que nous ne nous faisons pas d'illusions, nous sommes ce que nous sommes aujourd'hui, mais nous travaillons à renforcer nos positions dans les populations, mais aussi celles politiques en les transformant en position de pouvoir pour nous doter de moyens qui nous aideront demain à tendre la main aux Sénégalaises et aux Sénégalais pour leur demander de nous confier leur destin. La combinaison de ces deux facteurs principaux sont les éléments explicatifs majeurs de la transformation du nom du parti qui passe de l'Urd/Fal au Nouveau parti (Np).

Wal fadjri : Mais, quel est cet obstacle majeur qui a empêché certains segments de la population à adhérer à l'Urd/Fal et qui justifie sa mue ?

Mahmout Saleh : Le caractère négativement chargé que véhiculait l'Urd/Fal. D'abord du fait de son passé propre. L'Urd/Fal a été un parti qui n'a pas été réfléchi, conçu, élaboré, constitué comme on a l'habitude de le voir avec les autres formations politiques. Donc, c'était un parti qui était produit par un contexte historique déterminé de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 2000. Il est toujours bon de rappeler à ceux qui feignent d'oublier que l'entre-deux tours était caractérisé par la volonté du candidat de l'Urd de l'époque de se soustraire aux engagements que ce parti avait nourris avec les populations sénégalaises qui consistaient à les accompagner dans leur volonté de changement. Ce que nous avions refusé et nous avions décidé d'accompagner Me Abdoulaye Wade puisque ce sont là les engagements souscrits par l'Urd de l'époque et c'est cela la décision des populations sénégalaises. Ce sont les journalistes qui nous ont appelés l'Urd/Fal et avaient surnommé la bande à Djibo Kâ, l'Urd/Ps. Une dénomination qui leur colle bien puisqu'ils ont essayé d'endiguer le mouvement des Sénégalais qui s'orientait vers le changement et dont l'alternance était une étape. Nous avions alors géré la situation qui nous avait été imposée et nous avions formalisé notre mouvement et pris acte de l'appellation, l'Urd/Fal, qui nous avait été donnée par un contexte. Après l'alternance, nous avons consolidé notre parti avec, du reste, toutes les difficultés qu'on a eu à vivre. Nous avons pu, grâce à Dieu, gérer cette période, somme toute délicate. Ensuite, on nous a présenté comme des pestiférés, des manipulateurs trotskistes, l'Urd/Fal était dépeinte comme un parti trotskiste. Et tout cela a contribué à étouffer son développement, à retarder le mouvement de certaines populations qui s'orientaient vers nous. Eu égard à tout cela, nous avons pensé qu'il était nécessaire, dans la situation d'aujourd'hui et surtout pour anticiper ce qui est devant nous, de reformuler l'appellation de notre parti pour le rendre plus attractif, ouvert, consensuel en faisant que le nouveau parti soit perçu comme celui de tout le monde.

Wal fadjri : L'Urd/Fal a toujours crié à la marginalisation et pourtant, même avec le Nouveau parti, vous soutenez encore le président Wade. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de changement à ce niveau ?

Mahmout Saleh : C'est l'opportuniste qui conçoit ses alliances en fonction de ce qu'il en tire. C'est vrai que l'histoire politique ancienne et récente du Sénégal est marquée par beaucoup d'actes posés par des hommes politiques supposés très intelligents et qui, en réalité, ne sont que des opportunistes. Parce que la politique, ce n'est pas être au service de soi-même, mais au service des autres. La politique, ce n'est pas de s'envelopper de la misère sociale pour faire sa situation ou sa promotion propre. Ceux qui le font ne sont rien d'autre que des opportunistes. Mais, le peuple sénégalais sait distinguer la bonne graine de l'ivraie dans la classe politique. Donc, nous, nous ne fondons pas nos positions sur ce qu'on peut en tirer. Si c'était le cas, nous aurions rompu avec le président Wade depuis 2001. Parce que, depuis cette date, le régime de l'alternance ne nous a fait subir que des misères. On nous a expulsé du gouvernement au lendemain des élections législatives de 2001 après nous avoir interdit de figurer sur les listes de la coalition Sopi. On nous a mis en 44e position après qu'on a négocié des positions d'éligibilité avec accord confirmé. On a modifié la configuration des listes et je me suis retrouvé à la 44e position sur la liste proportionnelle, donc avec aucune chance d'être présent à l'Assemblée nationale. Aux élections locales de 2002, idem. J'ai été, personnellement, expulsé d'une réunion de la Cap 21 à Mbour sur instruction du secrétaire général adjoint du Pds à l'époque. On a été obligé d'aller en coalition, dans cette localité, avec la Convention des jeunes de Mbour, Aj/Pads et la Ld/Mpt. Le Pds nous avait exclu de ses listes. On a ensuite essayé de faire imploser notre parti. N'oublions pas qu'au lendemain des législatives de 2001, des éléments de notre parti avaient demandé à ce que l'on fusionne avec le Pds. La majorité a refusé, ils ont simulé une scission pour aller rejoindre le Pds. Mais, l'Urd/Fal est restée constante et s'est même renforcée. Ce qui peut se vérifier aujourd'hui.

Wal fadjri : Mais, qui sont ceux que vous accusez d'avoir tenté de saborder votre parti ?

Mahmout Saleh : Ce sont ceux qui, officiellement, dirigeaient le pays et le parti au pouvoir, le Pds. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont essayé de nous empêcher d'avoir une visibilité. Au surplus, ils ne nous avaient donné aucune position de pouvoir. Donc, si c'étaient des positions de sinécure qui sous-tendaient notre soutien au président Wade, nous aurions rompu les amarres depuis longtemps.

Wal fadjri : Mais, quelles sont donc les raisons qui expliquent votre compagnonnage avec Me Wade ?

Mahmout Saleh : Nous pensons qu'il est la personne la mieux indiquée pour assurer la direction du Sénégal au profit de ses populations. Aussi, dans le cadre historique de l'évolution du pays, et dans le contexte du moment, estimons-nous qu'il est l'homme de la situation. Qu'est-ce que nous constatons ? Le Sénégal est violemment agressé de partout. Certains pays africains cherchent à étouffer le Sénégal pour empêcher notre pays de continuer à jouer son rôle dans la réorganisation des rapports mondiaux. Le Nepad, par exemple, est en deçà du premier programme du président Wade qui est le Plan Oméga. D'ailleurs, je dis souvent au chef de l'Etat qu'il ne fallait pas reculer en faveur du Nepad pour qu'enfin, ce dernier ne se réalise pas. Qu'il fallait maintenir le plan Oméga qui va plus loin que le Nepad. Le président Wade a fait des concessions, mais, on constate que le projet traîne toujours. Il faut noter aussi qu'il y a aujourd'hui ce que je qualifie de choc pétrolier. Le baril est à 79 dollars, c'est du jamais vu. Il faut donc être réaliste. Il y a une bataille pour la survie qui se mène. L'enjeu, aujourd'hui, c'est la défense de la souveraineté du Sénégal, le renforcement des positions que notre pays est en train de conquérir à l'extérieur du pays, dans le continent et ailleurs. Ce sont les enjeux actuellement. Même s'il est vrai qu'il faut augmenter le pouvoir d'achat des Sénégalais.

Wal fadjri : Selon vous, c'est Me Wade l'homme de la situation ?

Mahmout Saleh : Objectivement, pour ce qu'on le voit faire et par rapport au contexte africain et mondial actuel, il est l'homme de la situation. Parce que nous ne nous fondons pas sur des considérations subjectives, abstraites. Nous nous fondons sur ce qui est perceptible et objectif. Sur cette base, on ne voit pas qui d'autre peut incarner la continuité de ce combat politique qui est mené au compte des populations sénégalaises, africaines, mais aussi du monde. Au plan intérieur, il a commencé un travail excellent. Nous lui demandons, néamoins de prolonger son action pour que le panier de la ménagère sente de façon plus sensible qu'il y a l'alternance. Mais, pour l'essentiel, ce qui est entamé est à poursuivre. Il faut créer les conditions pour son achèvement. C'est pourquoi nous avons décidé de faire de Me Wade notre candidat et de l'accompagner au-delà de 2007.

Wal fadjri : Mais, pour les élections législatives, avez-vous des garanties pour éviter que votre parti ne soit laissé en rade, comme en 2001, au moment de la confection des listes ?

Mahmout Saleh : Nous distinguons notre soutien à Me Wade pour l'élection présidentielle de l'éventuelle coalition que nous constituerons avec son parti pour les législatives. En tout cas, le nouveau parti a réaffirmé, dans sa résolution adoptée lors de sa délégation nationale à l'orientation, le 6 août dernier, son appartenance à la Cap 21. Nous ne pouvons pas ne pas explorer les possibilités de coalition qu'offre cette entité commune, tout en évitant de reproduire les antécédents. Il est évident que le Nouveau parti n'acceptera pas ce que l'Urd/Fal a vécu en 2001 et 2002. Il est exclu que l'on se sacrifie au profit de qui que ce soit. Il est exclu que le nouveau parti serve de passerelle à qui que ce soit. Notre ambition est d'être parmi ceux qui demain auront la décision dans ce pays. Si, d'aventure, il n'y avait pas possiblité d'accord sur les positions du nouveau parti sur une liste de coalition, nous irons sous notre bannière aux élections législatives. Nous n'accepterons pas de négocier en-dessous de sept positions d'éligibilité au minimum. On l'a fait pour d'autres formations qui n'avaient aucune envergure nationale. Et les contextes diffèrent. Il était plus aisé, en 2001, de rassembler la majorité autour de la liste de la coalition Sopi. Mais, il sera dix millions de fois plus difficile en 2007 de faire la même chose. Donc, le rôle que le Nouveau parti sera appelé à jouer pour la formation des consciences pour une victoire du camp présidentiel sera déterminant. De ce point de vue, nous n'accepterons plus de jouer notre partition sans retombées. La seule possiblité pour notre parti d'accepter d'aller en coalition, ce sera avec des positions qui reflètent sa physionomie actuelle.

Wal fadjri : Pourquoi croyez-vous qu'il sera difficile, contrairement en 2001, de rassembler la majorité autour de Me Wade ?

Mahmout Saleh : Les faits parlent d'eux-mêmes. L'essentiel des forces qui étaient avec nous en 2001, nous ont quitté. Et avec les velléités de rupture d'AJ/Pads, la situation est autre par rapport à celle de 2001. Au lendemain de la victoire du 19 mars 2000, les Sénégalais voulaient permettre au nouveau président de la République d'avoir les coudées franches pour mener sa politique, ils lui ont alors permis d'avoir la majorité à l'Assemblée nationale et aux élections locales. Mais, cela était dû au Yakaar (espoir : Ndlr) que l'alternance avait suscité auprès des populations. En 2007, ce sera très différent. Parce que s'il y a une coalition de la majorité, elle ne pourra pas avoir la même configuration que celle que nous avions connue en 2001. Même si, entre-temps, bon nombre de formations politiques ont rejoint le camp présidentiel. Et je souhaite que d'ici les élections législatives, d'autres forces politiques se joignent à nous. Mais, politiquement, ce n'est pas la même chose qu'en 2001. Le contexte est plus chargé.

Wal fadjri : N'est-ce pas parce que le bilan de l'alternance est jugé mitigé ?

Mahmout Saleh : Il faut avouer que tout ce que les populations étaient en droit d'attendre de l'alternance ne s'est pas réalisé. C'est vrai qu'il y a des choix qui ont été opérés et qui, quelquefois, étaient en contradiction avec ce que le citoyen lamda attendait de l'avènement de Me Wade à la tête du pays. Les grandes routes, c'est une excellente chose. Mais, ça va générer quelque chose dans cinq ans, dans dix ans. Il fallait les faire de toutes les façons puisque l'ancien régime ne les a pas réalisées. Il faut, aussi, saluer les efforts consentis par le gouvernement dans certains secteurs, notamment l'éducation. Cependant, il reste beaucoup de choses à faire sur la vie quotidienne des Sénégalais. Sous ce rapport, les populations ont tendance à tirer un bilan relativement négatif des actions des gouvernements successifs. D'autant qu'on ne peut pas dire que l'alternance a disposé de gouvernement réel jusqu'en 2004. Jusqu'à cette date, on n'a eu que des gouvernements fantômes. Les trois premiers gouvernements après l'alternance n'ont rien fait de sensible dans le sens de la prise en charge des orientations définies par le président de la République et des préoccupations des populations sénégalaises. Ce n'est qu'à partir de 2004 que l'on a commencé à avoir une certaine visibilité de ce que l'alternance propose aux Sénégalais. C'est ça la vérité. Je ne suis qu'objectif. On a tardé à prendre en charge les problèmes du Sénégal.

Wal fadjri : Comment expliquez-vous cela ?

Mahmout Saleh : On avait confié la direction du gouvernement à des gens qui n'avaient pas la volonté de hâter le processus et d'écourter les délais de prise en charge des préoccupations pour lesquelles les Sénégalais avaient rejeté le Parti socialiste. Le dernier gouvernement avant celui de Macky Sall a été caractérisé par une diversion absolue, par un dévoiement total de la politique du président Wade, par une volonté d'installer un climat défavorable à l'altenance. L'objectif fondamental était de ramener au pouvoir ceux-là qui étaient rejetés par les Sénégalais en 2000. Et cela avait commencé par une apologie de la transhumance théorisée et appliquée par Idrissa Seck. Regardez le gouvernement, l'Assemblée nationale, le Conseil de la République, on ne dirait pas qu'il y a eu alternance au Sénégal. Heureusement que Dieu nous a éclairé en nous permettant de dénoncer cela. Ce qui a contribué à affaiblir le dispositif politique de restauration de l'ancien régime.



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