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Politique

Me Ousmane SEYE, avocat de l'Etat :‘Idrissa Seck m'a chargé de dire au président Wade qu'il peut financer, trois fois, sa campagne électorale’

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Me Ousmane SEYE, avocat de l'Etat :‘Idrissa Seck m'a chargé de dire au président Wade qu'il peut financer, trois fois, sa campagne électorale’
Me Ousmane Sèye, qui a défendu les intérêts civils de l'Etat, dans l'affaire dite des négociations de Rebeuss franchit le Rubicon, a pris sur lui la responsabilité de révéler, dans l'entretien qu'il nous a accordé, les véritables termes de ces pourparlers. Ce qu'aucune des parties prenantes à ce dossier n'a fait jusqu'ici. Ni Idrissa Seck ni Me Nafissatou Diop Cissé n'a dit de vive voix ce qui s'est passé à Rebeuss. Me Sèye le fait ici. Et l'avocat de l'Etat révèle, entre autres, qu'Idrissa Seck avait accepté le principe du remboursement de l'argent de l'Etat et avait pris un engagement ferme et écrit dans ce sens. Mais, pour assurer ses arrières, l'ancien Premier ministre avait souhaité, selon Me Sèye, que cet argent soit d'abord qualifié de fonds politiques. Cette condition acquise, Idrissa Seck avait proposé, selon toujours l'avocat de l'Etat, de financer, en guise de remboursement, la campagne du président Wade, pour un montant égal à trois fois le coût de sa campagne en 2000.

Wal Fadjri : En tant que partie prenante aux négociations avec Idrissa Seck, comment accueillez-vous les ‘minutes’ de ces pourparlers publiées dans Le Quotidien d'hier ?

Me Ousmane Sèye : Quand la mémoire va ramasser du bois mort, elle rapporte le fagot qui lui plaît. Cet adage de Birago Diop, appliqué à ce que l'on suppose être ‘les minutes des négociations de Rebeuss’ publié par Idrissa Seck et ses partisans, m'amène à croire que ce dernier a des trous de mémoire. Quand il est sorti de prison, Idrissa Seck a eu à dire qu'il n'y a jamais eu de négociations et subitement, aujourd'hui, il se rappelle qu'il y en a eu. De la même manière, je constate qu'il avait déclaré, avant d'être arrêté, que jusqu'à l'extinction du soleil, on ne pourra jamais prouver l'origine illicite de sa fortune. Et, récemment, il a eu à reconnaître qu'il a eu à gérer des fonds politiques et qu'il s'en est servi et en a servi d'autres personnes. Cela dit, dans le fagot qu'il nous a ramené sur les négociations de Rebeuss, Idrissa Seck a fait des révélations sélectives. Il a passé sous silence certaines choses ou modifier le contenu d'autres.

Wal Fadjri : Quelles sont les choses qu'Idrissa Seck a omises, selon vous, de dire aux Sénégalais ?

Me Ousmane Sèye : Idrissa Seck s'est plus appesanti sur les négociations que sur l'objet de celles-ci. Sur ce plan, je dois à la vérité de dire qu'avant que Me Nafissatou Diop Cissé ne soit reçue par le président de la République, il y a eu des contacts entre des partisans d'Idrissa Seck et des émissaires du président de la République. C'est à la suite de ces contacts qu'Idrissa Seck a désigné Me Nafissatou Diop Cissé comme la personne en qui il a confiance pour venir discuter en son nom. Le président Wade ne s'est donc pas réveillé un beau matin pour faire venir la notaire d'Idrissa Seck au palais de la République. Je rappelle que Me Nafissatou Diop Cissé a bien dit, dans la presse, que le président Abdoulaye Wade l'a reçue en ma présence et qu'il lui a transmis un message pour Idrissa Seck. Mais elle n'avait pas révélé le contenu du message.

Wal Fadjri : Pouvez-vous révéler le contenu de ce message ?

Me Ousmane Sèye : Le président de la République a dit à Me Nafissatou Diop Cissé : ‘Waxal sa wadji mou dello xaliss bi’ (dites à votre ami de rembourser l'argent : Ndlr). Dans sa déclaration, Me Nafissatou Diop Cissé a dit qu'elle est allée seule, à deux reprises, voir Idrissa Seck en prison. Je ne sais pas ce qu'elle a pu dire à Idrissa Seck, mais je peux affirmer que c'est ça le message du chef de l'Etat. Me Nafissatou Diop Cissé a ensuite déclaré qu'elle est venue rendre compte au président de la République, en ma présence.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qu'elle a dit au président Wade après avoir rencontré en prison Idrissa Seck ?

Me Ousmane Sèye : En rendant compte, Me Nafissatou Diop Cissé a dit, clairement, qu'Idrissa Seck a accepté le principe de rembourser l'argent. Et c'est à ce moment que, moi, en ma qualité d'avocat de l'Etat, je suis intervenu pour voir les modalités juridiques de remboursement de l'argent. Parce que mon rôle, es qualité, était de préserver les intérêts de l'Etat. L'Etat a subi un préjudice, c'est-à-dire un détournement, ma préoccupation était qu'il rentre dans ses fonds.

Wal Fadjri : Au cours de ces négociations, il a été dit que le président Wade a demandé à Idrissa Seck de financer sa campagne électorale pour les élections de 2007...

Me Ousmane Sèye : Le président de la République n'a jamais demandé à Idrissa Seck de financer sa campagne électorale. Au contraire, c'est Idrissa Seck qui a proposé au chef de l'Etat de rembourser l'argent qu'il avait pris, en finançant la campagne électorale de Me Wade. Il m'a dit : ‘Dites au président Wade que j'étais son directeur de campagne, je sais le montant du financement de sa campagne électorale pour avoir tenu sa comptabilité lors des dernières élections. Dites au président Wade que je peux financer, trois fois, sa campagne électorale sur la base du coût de sa campagne électorale de 2000’. Mais, Idrissa Seck avait deux préoccupations : La première est qu'il ne voulait pas rembouser l'argent sans que la nature de celui-ci ne soit précisée parce qu'il voulait éviter que cet acte soit retourné contre lui du moment qu'il est poursuivi pour le délit d'enrichissement illicite, pour faux et usage de faux... C'est ainsi - et c'était sa deuxième préoccupation - qu'il a fait une proposition par écrit dans ce sens, demandant au président de la République d'attester que les fonds qu'il détenait par-devers lui, étaient des fonds politiques. Cette proposition est celle d'Idrissa Seck, tapée par Nafissatou Diop Cissé, elle-même, chez elle, avec sa propre machine.

Wal Fadjri : Me Nafissatou Diop Cissé a-t-elle soumis cette proposition au chef de l'Etat ?

Me Ousmane Sèye : Elle a, effectivement, soumis la proposition d'Idrissa Seck au président de la République. Mais, ce dernier a refusé catégoriquement. Le chef de l'Etat m'a dit : ‘Je ne signe pas cette proposition’.

Wal Fadjri : Qu'en est-il des autres propositions relatives notamment aux non-lieux ?

Me Ousmane Sèye : Là, également, c'est Idrissa Seck qui a fait des propositions. Mais, ce qu'il a omis de dire, c'est qu'il a pris un engagement ferme.

Wal Fadjri : Quel est cet engagement ?

Me Ousmane Sèye : Je n'ai pas pour habitude de faire des révélations. Ce n'est pas ma nature, je suis un homme d'Etat. Idrissa Seck, depuis qu'il est sorti de prison, c'est lui qui fait des justifications. Mais, tout ce que je peux dire, c'est qu'il a pris un engagement ferme de rembourser l'argent qu'il appelle les fonds politiques et que, moi, je considère comme étant de l'argent public. Parce que, juridiquement, ces fonds sont des fonds publics. Tout fonds provenant de l'Etat ou donné pour le compte de l'Etat est un fonds public. C'est Idrissa Seck qui prend des précautions pour appeler les fonds qu'il détient des fonds politiques, comme je l'ai déjà expliqué, jusqu'à en demander l'attestation au président de la République.

Wal Fadjri : Mais, tout cela ne laisse-t-il pas croire qu'on a négocié sur le dos de la justice ?

Me Ousmane Sèye : Je m'inscris en faux contre les commentaires qui soutiennent qu'on a négocié sur le dos de l'Etat. Par principe, pour les délits douaniers, de détournement des deniers public, si la personne qui est poursuivie pour ces délits rembourse l'argent ou prend des engagements fermes à rembouser, les intérêts de la partie civile étant préservés, la liberté provisoire peut être accordée. Il n'y a rien d'illégal à cela. On lui a reproché de garder par-devers lui des fonds publics qu'il appelle des fonds politiques, il a pris des engagement fermes de les rembourser, mais moi, en tant qu'avocat de l'Etat, ce qui m'intéresse ce n'est pas la condamnation d'Idrissa Seck. Qu'il purge une peine ou pas, ce n'est pas mon problème, c'est celui du procureur général. Défendant les intérêts civils de l'Etat, si ces derniers sont sauvegardés, je trouve tout à fait normal que l'on donne des instructions au procureur général pour qu'il ne s'oppose pas à la liberté provisoire d'Idrissa Seck. C'est pourquoi la justice l'a libéré. Cela n'a rien d'illégal. D'autant qu'il a obtenu un non-lieu total pour le délit d'atteinte à la sûreté de l'Etat et à la défense nationale, et un non-lieu partiel pour les chantiers de Thiès.



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