Hormis Salif Sadio, les chefs rebelles les plus en vue sont entre les mains des autorités gambiennes, pour l’essentiel d’entre eux. Abdoulaye Diédhiou, le chef des héritiers de feu Sidy Badji, ancien chef d’état-major de l’aile combattante, est introuvable depuis qu’il est parti négocier la libération de Magne Diémé. D’où des interrogations sur leur sort dans le maquis.
La Gambie poursuit, froidement, son entreprise de décapitation du Mfdc. Depuis quelques mois, plusieurs responsables de la rébellion casamançaise sont arrêtés en Gambie par le régime de Yahya Jammeh. Les premières victimes furent, d’abord, les maquisards proches de Magne Diémé, chef de la faction de Mahmouda, dans le Front nord. Ce dernier sera, d’ailleurs, le premier à être arrêté en compagnie d’une quinzaine de ses lieutenants, en juillet dernier, par la sécurité gambienne.
Ensuite, il y a un peu plus d’une semaine, ce fut le tour de Kamougué Diatta, ex-commandant du Front nord de Diakaye, de faire son come-back dans les geôles de Banjul, après une première arrestation suivie de son élargissement sur intervention des cadres casamançais et de son séjour de plusieurs mois à Dakar.
De sources proches des irrédentistes casamançais, on apprend que cette deuxième arrestation de Kamougué, qui faisait sa première apparition en Gambie, depuis qu’il a été livré à Dakar, serait liée à des informations qu’il aurait fournies concernant la tentative de putsh contre le Président Jammeh et dont Banjul soupçonne les rebelles casamançais proches de Magne Diémé d’être complices. Toutes choses qui laisseraient croire à la sécurité gambienne qu’elle en sait plus sur cette affaire de coup d’Etat manqué contre le pouvoir de Jammeh. D’ailleurs, c’est pour ces mêmes raisons que Magne Diémé et ses principaux lieutenants croupissent dans les prisons gambiennes.
Hier, on a appris aussi que Alexandre Djiba, ex-porte-parole du Mfdc, a aussi été arrêté par la sécurité gambienne. On ignore, pour l’instant, les raisons de son arrestation, mais nos sources croient savoir que Banjul lui reprocherait les même motifs que ceux imputés à ses frères combattants.
Mais, si toutes ces différentes arrestations semblent trouver des explications «fallacieuses» aux yeux de nos interlocuteurs, ces derniers disent tous leur étonnement par rapport à la disparition subite de Abdoulaye Diédhiou, chef des héritiers de feu Sidy Badji. Parti en Gambie, il y a un peu plus d’un mois, pour dit-on, négocier avec les autorités de Banjul la libération de Magne Diémé dont on disait que l’état de santé s’était, fortement, détérioré au point que certains ont même parlé de sa mort, Abdoulaye Diédhiou est, depuis lors, porté disparu. «Personne n’a plus de ses nouvelles, depuis plus d’un mois, qu’il est allé en Gambie négocier la libération de Magne Diémé et cela nous inquiète», se lamente un de ses proches qui n’écarte même pas la possibilité qu’il soit tué. «Nous avons appris qu’il a été kidnappé, depuis plusieurs semaines, en Gambie. Nous n’en avons aucune preuve, mais nous n’avons plus de ses nouvelles et nous n’écartons aucune éventualité, même sa mort. Parce que nous savons ce dont sont capables les autorités gambiennes qui ont, clairement, affiché leur position en faveur de Salif Sadio dans la guerre fratricide qui oppose nos combattants», s’inquiète-t-il. Abdoulaye Diédhiou est soupçonné d’être un partisan de la faction de Magne Diémé dans la lutte qui oppose ce dernier à Salif Sadio pour le contrôle du leadership dans le maquis. Or, dans la conviction des autorités de Gambie, Magne Diémé est un complice du présumé auteur du putsch manqué contre le pouvoir de Jammeh, Cham Ndur qu’il abriterait dans le maquis casamançais. Aussi, tous ceux qui sont de près ou de loin proches de Magne deviennent de facto des cibles du régime de Banjul. Contrairement aux partisans de Salif Sadio qui seraient les bienvenus en Gambie, insinue un de nos interlocuteurs.
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