Entre Idrissa Seck et ses principaux lieutenants, ce n’est plus le parfait amour. Un malaise profond s’est installé dans le camp de Rewmi. En effet, les responsables de ce parti n’apprécient pas que leur leader se refuse de communiquer, avec eux, sur l’état de ses négociations avec Me Wade. Avant de leur ordonner le silence absolu sur ce sujet.
Une peur bleue de rater l’atterrissage au Parti démocratie sénégalais (Pds) s’était emparée des lieutenants de Idrissa Seck, au point que ces derniers aient eu à évoquer cela pour analyser la situation. (Voir Le Quotidien n°1379 du mercredi 8 aout 2007). A peine ce sentiment s’est-il dissipé qu’un autre habite ses partisans. Cette fois-ci, c’est un gros malaise qui envahit les rangs du parti de l’ancien Premier ministre. Un sentiment né du défaut d’informations sur l’état des négociations entre Wade et M. Seck. Ce malaise, ajouté à une bonne dose de frustration, a atteint son paroxysme après la rencontre que le porte-parole du parti, Oumar Sarr, a eue avec le président de Rewmi, Idrissa Seck, vendredi dernier en France.
Selon des responsables informés de la teneur des discussions entre les deux hommes, «il n’a pas digéré, dans les rangs, qu’aucun mot n’ait été dit sur les négociations entre Me Wade et Idrissa Seck. Ce dernier n’a pas voulu s’épancher sur ce sujet avec son lieutenant». Juste, poursuit un responsable, Idrissa Seck s’est contenté de rassurer Omar Sarr en des termes très vagues : «Vous aurez tous plus que vous ne le pensez. Soyez calmes car je contrôle bien la situation.» Des mots qui ont eu des effets contraires chez ses partisans dans la mesure où, la plupart des responsables de Rewmi interrogés n’a pas manqué d’assimiler ce comportement de M. Seck à un manque de respect et de considération à leur égard. Car, peste-t-on, «on en peut pas continuer à subir les caprices d’un homme qui ne croit qu’en lui. La morale voudrait que nous soyons informés de l’état des pourparlers avec Wade en ce sens que cette question nous concerne tous». «Personne ne sait ce qu’il négocie alors que c’est le Congrès du parti qui lui avait donné carte blanche. Pourquoi les hauts responsables ne sont pas mis au courant de ce qui se fait et dit ?», s’interrogent des lieutenants du président de Rewmi.
«Un leader doit garder certains secrets pour lui. Idrissa Seck ne peut pas révéler tout ce qu’il se dit avec Wade», répond Badou Bâ que nous avons joint au téléphone, hier. Cela, après avoir essayé d’entrer en contact, en vain, avec Omar Sarr, Nguirane Ndiaye, Omar Guèye et le membre de la cellule de communication, Ousmane Thiongane. Selon l’ancien député de Mbour, le comportement des responsables ne s’explique pas car, «c’est le Congrès qui avait donné son aval à M. Seck de discuter avec Wade des modalités de notre retour au Pds. Idy n’est pas encore rentré, le Président est à Genève, attendons qu’ils rentrent pour savoir à quoi s’en tenir». Et de rassurer : «Il n’y pas de souci à se faire. Idy est un homme engagé qui finira par trouver des plages de convergences avec notre père (sic), Me Wade. Il faut que l’on comprenne sa position et ne pas faire des déductions hâtives.»
PRISE D’OTAGE ET DIKTAT
Malgré l’appel au calme de Bâdou Bâ, certains membres de la garde politique rapprochée de l’ancien Premier ministre n’ont pas accepté les directives données par leur mentor dans ce sens. En effet, à les en croire, M. Seck impose le silence à ses hommes sur le sujet de ses négociations avec son «père». Ainsi, a-t-il chargé le président de la Communauté rurale de Sangalcam, Omar Guèye, qui lui est très proche, de faire passer le message : «Ne faire aucun commentaire sur les négociations avec Wade. Ni dans la presse, ni dans les salons», ordonne-t-il. C’est ce qui explique le mutisme des responsables sur ce sujet. D’ailleurs, cette injonction de Idrissa Seck a été mal perçue par la majorité de ses lieutenants. Ces derniers n’ont pas apprécié l’omerta qui enveloppe le contenu des discussions entre lui et le secrétaire général national du Pds. D’où l’ampleur que gagne la malaise dans les rangs. Selon des confidences de membres du secrétariat national de Rewmi, la frustration est telle qu’on ne peut écarter une rébellion interne. D’ailleurs, même ceux qui sont, alors, connus comme étant les plus irréductibles souteneurs de Idy commencent maintenant à râler et à s’offusquer de cette situation de flou dans laquelle ils sont plongés. Car, ils veulent sonner «la fin d’une époque où c’est Idrissa Seck qui fait et défait à Rewmi. L’ère de la prise d’otage doit être révolue. Il faudrait maintenant prendre en compte nos avis».
Ce regain de sentiment des partisans de M. Seck peut trouver sa pertinence sur les comportements antérieurs de ce dernier vis-à-vis de ses alliés. En effet, alors que ses lieutenants menaient une rude bataille pour l’extraire de la prison de Rebeuss, Idy était en négociations secrète avec Me Wade. D’où le fameux protocole de Rebeuss. C’est par la presse que ses partisans ont été mis au parfum des discussions nocturnes. Il en est de même lors de sa rencontre avec Me Wade avant la présidentielle de février dernier. L’ancien Premier ministre devait être reçu au Palais au moment où il avait commis ses partisans et ses alliés pour déposer sa candidature devant le greffe du Conseil constitutionnel. C’est encore à travers les médias que ses plénipotentiaires ont appris la nouvelle. De même que lors des législatives, la décision de boycott a été prise de manière unilatérale par le président de Rewmi.
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