«Allô… Consulat du Sénégal à Houston.» C’est une voix suave qui répond au bout du fil quand on appelle au bureau consulaire du Sénégal à Houston. C’est celle du chef de bureau, Mme Fatou Ndiaye Sall, dont la nomination est l’objet de controverses. Certains de ses compatriotes estiment qu’elle est à ce poste parce qu’elle est une nièce du chef de l’Etat, car avant l’ouverture de ce bureau, elle travaillait comme coiffeuse dans un salon de cette ville. Au ministère des Affaires étrangères, on n’insiste pas sur ces détails. On invoque plutôt une politique de proximité et un souci de minorer les coûts des consulats généraux.
L’ouverture d’un bureau consulaire à Houston, dans l’Etat du Texas aux Etats-Unis, il y a un peu plus de six mois par le ministère des Affaires étrangères, suscite des commentaires au sein de la communauté sénégalaise. Au-delà de l’opportunité du choix de Houston, c’est la personne choisie pour diriger ce bureau consulaire qui fait l’objet de contestations. Mme Fatou Ndiaye Sall est critiquée par ses compatriotes qu’elle est censée représenter auprès des autorités américaines. Ces derniers soupçonnent des dessous politiques et des intérêts politiciens derrière cette nomination.
Car argumentent-ils, Mme Sall «n’a pas le profil de l’emploi». Cela du fait qu’avant de devenir «honorable consul général du Sénégal à Houston elle était coiffeuse dans un salon de tresses situé au 6200 block à West Belfort». De même poursuivent nos interlocuteurs, la nouvelle diplomate sénégalaise, a eu à servir comme caissière dans un magasin de chaussures Dsw Shoe situé au 8 000 Block à Westheimer, dans la ville de Houston où «le dernier emploi» qu’ils lui connaissent est celui de serveuse de café dans un Starbucks au 100001 Block toujours à Westheimer.
Au ministère des Affaires étrangères, on rétorque, par rapport à ces contestations, «qu’il ne faut pas tenir compte de certaines considérations d’autant plus que ce sont des fonctions très dignes surtout pour des Sénégalais vivant aux Etat-Unis». Un avis de Mankeur Ndiaye directeur de Cabinet du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, qui brandit un cirriculum vitae (Cv) pour expliquer que le chef de bureau consulaire est un agent contractuel de l’Etat du Sénégal, et «a un contrat dûment signé avec le Sénégal. Elle n’est pas fonctionnaire mais plutôt un agent décisionnaire» qui a rang de deuxième conseiller d’ambassade.
Dans ce document, on apprend que Mme Sall, après un baccalauréat obtenu au lycée Lamine Guèye de Dakar est titulaire d’un diplôme européen d’études supérieures en marketing et d’un autre en études supérieures en management obtenus à l’Institut français d’administration des entreprises de Nice, en France. En outre, on y retrouve certaines adresses pré-citées, mais avec d’autres titres. Par exemple au Dsw Shoe, elle était plutôt responsable du service marketing selon le Cv disponible au ministère des Affaires étrangères, où l’on peut lire aussi qu’elle a eu à enseigner le français au Houston community college système et au Houston independant school district respectivement en 2000 et en 2001.
Qu’à cela ne tienne ! Les contestataires de Houston ont d’autres objections à la nomination de Mme Sall qui serait «une nièce du Président Abdoulaye Wade, nommée Fatou Ndiaye». Des arguments balayés d’un revers de main par le directeur de cabinet du chef de la diplomatie sénégalaise : «Je ne connais pas ses relations de parenté avec le président de la République. Au ministère des Affaires étrangères, on ne tient pas compte de cela. On les considère comme des agents.» Donc, «on la traite comme un agent de l’Etat», rétorque Mankeur Ndiaye. Et d’ajouter que «moralement c’est répréhensible de mettre l’accent sur les liens de parenté d’une personne».
«Ce n’est pas bien de mettre en relation parenté et profession», insiste-t-il. D’autant plus, qu’à en croire Mankeur Ndiaye, Fatou Ndiaye Sall, trilingue selon son Cv, «connaît le domaine dans lequel elle évolue» et la population qu’elle doit «administrer», car elle vit à Houston depuis 1999. «Elle a vécu sur place et elle est supposée connaître le milieu, ses difficultés et les conditions de vie», argumente M. Ndiaye. Donc «elle a plus d’aptitudes à mieux comprendre les Sénégalais» vivant à Houston. «Il faut positiver», raisonne notre interlocuteur qui estime qu’être serveur de café «n’est pas avilissant». «C’est d’ailleurs beaucoup plus rentable aux Etats-Unis qu’un travail administratif au Sénégal.» En outre, poursuit-il, «il ne faut ne pas oublier qu’il y a souvent des conflits internes au sein des Sénégalais de l’extérieur qui sont souvent à l’origine de délations et autres dénonciations».
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