Il semble qu’un nombre total de quatre cent cinquante observateurs internationaux sont arrivés dans notre pays pour surveiller le déroulement des élections du dimanche 25 février, auxquels s’ajoutent deux mille (2000) personnes commises par des structures de la société civile sénégalaise, pour faire le même travail.
Au total donc, il y aura deux mille quatre cent cinquante (2450) observateurs. Cette pratique est apparue depuis quelques années, au moment de l’émergence de la démocratie dans les pays où les peuples en ont été pendant longtemps sevrés. Les pays en voie développement, en particulier en Afrique, sont surtout concernés.
Au soir du 25 février, ces honorables observateurs diront, en leur « âme et conscience », si le scrutin s’est déroulé en respectant les règles d’une démocratie normale. Autrement dit, ces observateurs attesteront que le scrutin s’est déroulé de façon honnête et transparente. Pour ce faire, ils prendront le temps, en une seule journée, - une prouesse exceptionnelle -, d’observer le vote, tel qu’il s’est déroulé dans les bureaux de vote, sur l’ensemble du territoire, pour se faire une opinion. Comment est-ce possible de faire un tel marathon en moins de vingt quatre heures ? Il faut signaler que l’ensemble des bureaux de vote ouverts dans le pays se chiffre à un nombre total de 12069, non 12.900, comme écrit dans notre article publié dans notre édition du vendredi 23 février , sous le titre : « Fraude ou coup d’Etat électoral ». Ces bureaux sont répartis dans 6000 lieux de vote. Les observateurs seront obligés de procéder à un échantillonnage rigoureux qui autorise de très faibles marges d’erreurs, pour établir des appréciations fiables sur la base des faits relevés dans les lieux de vote choisie.
Malheureusement, la pratique notée depuis que l’observation des élections, en particulier pour celles organisées en Afrique, les bureaux qui ont reçu les scrutateurs des organisations internationales ont été, dans beaucoup de cas, déterminés par l’autorité politique en place. Souvent le critère majeur mis en avant a été la proximité des bureaux avec la capitale. Il serait étonnant que les observateurs qui sont arrivés dans notre pays se rendent dans les départements de Bakel, de Vélingara, de Ranérou et ailleurs dans les régions périphériques du pays.
Sachons raison garder, par rapport à nos attentes sur ce travail d’observation et quant à la fiabilité des conclusions auxquelles il aboutit. Gardons surtout à l’esprit, quand nous écouterons les observateurs dépêchés chez nous, le fait que, dans bien des cas, ces grands messieurs ont souvent été ailleurs des instruments au service des pouvoirs en place.
Ce faisant, ces pouvoirs les ont largement utilisés pour donner une légitimité à une mascarade électorale exécutée avec froideur et en violation de toutes les règles de démocratie. Le Gabon a souvent servi d’exemple. Dans ce pays les observateurs ont rarement formulé, pour ne pas dire jamais, des conclusions allant dans un sens contraire au désir du président Omar Bongo qui s’est toujours montré prompt à anticiper sur les moindres désirs de certains d’entre eux et sa générosité légendaire faisant le reste.
Personne n’insinue quoi que ce soit, par rapport à la probité des quatre cent cinquante observateurs étrangers arrivés dans nos murs. Chaque Sénégalais peut cependant leur donner des conseils : depuis sept ans les autorités en place se montrent souvent très hospitaliers et généreux à l’égard de leurs hôtes. Plus que de raison d’ailleurs dans bien des cas. En tout état de cause, la pratique des observations d’élections est une très bonne chose qui accompagne le développement des démocraties naissantes en Afrique. Elle a cependant parfois donné lieu à des comportements qui, au lieu de renforcer ces démocraties, les ont, au contraire, affaiblies. Il nous semble utile de le rappeler au moment où les observateurs prennent leurs quartiers chez nous.
Sans enthousiasme débordant, ni méfiance inutile, les Sénégalais les accueillent, tout en leur disant que les citoyens restent vigilants. Ils s’estiment les meilleurs surveillants de ce scrutin, les meilleurs garants de sa sincérité tout en appréciant naturellement tout concours utile à ce effet.
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