PAPE SAMBA MBOUP, MINSITRE CHEF DE CABINET DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE : « Moustapha Niasse voulait rentrer dans le gouvernement »

Il lui fallait rétablir la vérité des faits, sur l’entrée ou non de Moustapha Niasse au gouvernement. Alors, Pape Samba Mboup, ministre chef de Cabinet du président de la République, a convoqué la presse pour éclairer l’opinion sur ce qui s’est réellement passé ces derniers jours. Mieux, M. Mboup a formellement soutenu que le président de la République, Me Abdoulaye Wade, n’a jamais été demandeur d’une quelconque entrée de Moustapha Niasse au gouvernement. Bien au contraire, c’est un plénipotentiaire du leader de l’Afp (parlant et agissant pour le compte de Niasse) qui lui a balisé le chemin jusqu’aux escaliers qui mènent au bureau du président. Tout simplement, parce que Niasse voulait siéger à nouveau à la table du Conseil des ministres.

« Les propos prêtés à Moustapha Niasse dans les colonnes d’une certaine presse laissent croire qu’il a été courtisé pour faire partie du prochain gouvernement. Cela appelle de ma part quelques clarifications et mises au point dans le strict respect républicain qu’inspire à tout citoyen un homme d’État et d’expérience de l’envergure du leader de l’Afp ».

En posant de la sorte les termes du débat, Pape Samba Mboup s’est voulu on ne peut plus clair dans sa démarche. Mieux, il soutient avoir été contacté au mois d’octobre dernier par un membre influent de l’Afp et de surcroît, plénipotentiaire connu de Moustapha Niasse. « Après quelques préalables pour s’assurer de la volonté du président de la République d’aller vers un gouvernement d’union nationale, il me suggéra lui-même une démarche susceptible d’aménager une entrée honorable à Niasse dans le gouvernement. Sans pour autant incommoder ni ses pairs de la Cpa, encore moins les radicaux de son parti ». De l’avis du ministre chef de Cabinet, le plénipotentiaire sollicitait du chef de l’État qu’il exprimât publiquement sa volonté d’ouverture. Et qu’il veuille bien accorder une audience au leader de l’Afp avant tout autre chef de parti. « Connaissant la philosophie du chef de l’État sur une éthique du consensus et de l’équilibre, et son credo articulé autour de la synergie de toutes les expertises dont le pays regorge en vue d’un essor collectif, je ne pouvais qu’adhérer à la démarche préconisée par le plénipotentiaire de Moustapha Niasse », a expliqué M. Mboup. Malheureusement, poursuit-il, « l’entrée de Niasse a été présentée d’une telle façon qu’on a l’impression que c’est le président Wade qui a été demandeur. C’est tout à fait le contraire. C’est Niasse qui a posé les préalables. Il était d’accord pour entrer dans le gouvernement. S’il y a eu changement, nous ne savons pas pourquoi ».

Moustapha Niasse, par le biais de son plénipotentiaire, a souhaité qu’on lui facilite ses retrouvailles avec le président

Pour étayer son propos, Pape Samba Mboup dit avoir été à la rencontre du plénipotentiaire de l’Afp, après en avoir informé le chef de l’État qui lui a donné son accord. « Quant je l’ai rencontré, il m’a demandé si le président Wade veut travailler avec Moustapha Niasse. Et s’il est prêt à le recevoir ? Sans m’en référer au président, je lui ai fait savoir qu’il a tout le temps tendu ses mains et qu’il a toujours souhaité travailler avec tous les fils de ce pays susceptibles d’apporter leurs pierres dans l’édification du Sénégal ». À cet effet, souligne Pape Samba Mboup, Moustapha Niasse, par le biais de son plénipotentiaire, a souhaité qu’on lui facilite ses retrouvailles avec le président. Pour ce faire, Me Abdoulaye Wade devait, selon lui, faire une déclaration à la nation. Dans la mesure où le leader de l’Afp, membre de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) ne voudrait pas être accusé par ses pairs de trahison. « J’en ai parlé au président qui a été d’accord sur le principe. Ainsi, le jour de la Korité, il a lancé son appel. Le soir, le plénipotentiaire de Niasse me rappelle pour me dire qu’ils ont entendu l’appel du chef de l’État ».

À la faveur d’une autre rencontre, le plénipotentiaire de Niasse allait présenter à Pape Samba Mboup la démarche à suivre pour concrétiser les retrouvailles. « Il m’a suggéré que le président fasse des lettres individuelles adressées à chaque chef de parti et non à la Cpa. Car, il existe au sein de la Coalition des partis qui ont la contenance d’une boîte d’allumettes. Malheureusement, chacun dispose d’une voix et l’Afp risque d’être mise en minorité. Donc, il faut qu’il envoie à chaque chef de parti une lettre d’invitation pour qu’il puisse prendre sa décision souverainement », ajoute-t-il. L’autre exigence rapportée par Pape Samba Mboup, c’est que Niasse soit reçu en premier par le chef de l’État, afin de lui permettre, à sa sortie d’audience, de faire une déclaration qui pourra influencer les autres.

Merci Monsieur Mboup. Le plénipotentiaire m’a dit comment tu es efficace

De l’avis de Moustapha Niasse, selon les propos de son plénipotentiaire, il fallait aussi que le président de la République fasse une lettre personnalisée dans laquelle il rappelle le compagnonnage en 2000 qui a abouti à la victoire du sopi. « Avec ce document, je peux convaincre mes amis de l’Afp en leur disant que le président n’a pas oublié ce que nous avons fait pour lui ». Ce qui a été fait, selon Pape Samba Mboup. « Le jour de l’audience, je suis allé l’accueillir pour l’installer dans la salle d’attente. Il m’a dit : merci Monsieur Mboup. Le plénipotentiaire m’a dit comment tu es efficace. Alors, il ne reste simplement qu’à prier », tient-il à rappeler. « Jusqu’à cet instant, Niasse était d’accord pour entrer dans le gouvernement. À sa sortie d’audience, ses propos n’étaient pas hostiles. Aujourd’hui, si des gens s’activent pour nous faire porter le chapeau, je dois franchement vous dire que nous n’avons jamais été demandeurs », martèle-t-il. Qui plus est, renseigne Pape Samba Mboup, « hier soir (ndlr avant-hier soir), devant la pharmacie de Colobone, je suis allé à la rencontre du plénipotentiaire pour lui dire que je ne comprends pas pourquoi Niasse a donné une réponse négative. Il m’a avoué que son parti ne veut pas du poste de ministre d’État qu’on lui a proposé. Que l’Afp était dans la logique d’un poste de vice-président de la République ». Dans ce même ordre d’idées, le plénipotentiaire a signifié à M. Mboup que « rien n’est perdu. Que Niasse pourrait soutenir Wade à la présidentielle et ou faire liste commune avec le Pds, etc. ». Mais, toujours est-il que le ministre chef de Cabinet est certain que : « si le remaniement avait eu lieu le lendemain de l’audience, Moustapha Niasse serait dans le gouvernement ». D’autant plus que tous ceux qui sont venus au palais de la République ont parlé avec le chef de l’État de remaniement ministériel.