En tournée à Ziguinchor, dans la même période de la visite de l’ex-Pm, Idrissa Seck, et d’autres responsables politiques, Abdoulaye Wilane, chargé de la communication du Parti socialiste (Ps), a abordé, entre autres questions, la situation de son parti dans cette région et une éventuelle candidature de Robert Sagna, mais il a aussi donné son point de vue sur l’actualité brûlante.
Cette semaine, on a assisté à une effervescence politique, avec la descente de Idrissa Seck, suivie de celle de Benoît Sambou, de vous-même, puis de Abdoulaye Baldé, en même temps, dans la région. Comment vous l’avez vécu personnellement ?
Ziguinchor, au-delà de son caractère symbolique, est le pouls du Sénégal. Nous avons tous rêvé de la résolution du problème Casamançais quand Wade est venu. Quand bien même Idrissa Seck, faisant dans l’humour, la théâtralité, a dit qu’il ne promettra pas au Sénégalais, la résolution du problème Casamançais en 100 jours et la réduction du kg de riz à 60 francs. Non de Dieu ! Idrissa Seck oublie que les Sénégalais ne sont pas amnésiques et ils sont encore à même de se souvenir de ce que lui-même a promis aux Ziguinchorois. Il faut se rappeler que c’est lui qui était le directeur de campagne de Wade ; c’est lui qui nous a vendu le produit emballé par la qualité de Wade pour changer les conditions de notre vie. Il a donc les mêmes responsabilités, sinon même plus graves. Wade devenu Président, a fait de lui son directeur de cabinet, ministre d’Etat tout puissant, puis Premier ministre. Il me souvient que lui-même était venu à Ziguinchor nous promettre urbi et orbi deux bateaux qui ne voyageraient pas la nuit, mais le jour, qui sont rapides et non lents. Qu’en est-il de ces deux bateaux ? C’est lui-même qui est venu dire aux familles des victimes du Joola qu’il ne donnera que 5 millions par personne. Et Wade a fait mieux que lui, même si c’est encore injuste et insuffisant. C’est ici, à Ziguinchor, qu’Idrissa Seck a dit qu’il était né pauvre et qu’il était devenu subitement riche, alors que c’est lui qui avait inventé la Marche bleue, faute de moyens de campagne du Pds. Au plan des valeurs de société, de l’éthique de gestion, de l’assainissement des mœurs politiques et de la moralisation de la vie publique, le discours de Idrissa Seck me heurte. Je n’ai aucun contentieux crypto-personnel avec cet homme. Au contraire, je lui veux tellement de bien que je lui lance un appel, pour qu’il vienne se redonner une seconde chance dans la vie, de l’apprentissage de la vie et du commerce des hommes, des initiatives minéralistes par lesquelles on change les condition de vie de son terroir, de son pays. Je lui lance un appel pour qu’il vienne adhérer au Ps. Là, il sera humanisé ; il aura des leçons et un encadrement qui feront de lui un homme d’Etat, un homme politique sérieux, crédible. Là, il apprendra à respecter son nawlé ; il aura une seconde chance pour, dans le cadre du combat pour l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais, avoir la possibilité de faire plus et mieux que ce qu’il a tenté de faire avec Wade et qui s’est révélé fâcheux.
Votre avis sur le quart bloquant et le débat sur la candidature à la Cpa…
En ce qui concerne le quart bloquant, je voudrais dire au peuple sénégalais et à l’opinion internationale, qu’il s’agit là, tel qu’il est posé comme débat par le régime de Abdoulaye Wade, d’un vrai faux débat, un épiphénomène. Le vrai débat, c’est de se souvenir que, depuis 2000, les Sénégalais se sont réconciliés avec les élections et savent ce que peuvent produire la carte d’électeur et le vote. Wade nous a imposé, dans sa Constitution, le quart bloquant et la refonte totale du fichier électoral. Il n’y a pas d’inscrit qui n’a pas 18 ans et Wade nous a, au surplus, imposé le vote militaire et paramilitaire. De prolongation à prolongation, on a atteint 5 millions d’inscrits. Si nous voulons la transparence, rendons le vote obligatoire. De manière à ce que les Sénégalais, qui savent l’uti-lité du vote, votent massivement. En ce moment, on aura toutes les raisons juridiques et politiques légales, de voir dans la Constitution et la loi électorale la disposition de la référence au quart bloquant. Tout le reste n’est que tripatouillages, volonté de tricher et de perpétrer un coup. Dans le cas de la candidature unique au sein de la Cpa, à partir du moment où, à Ziguinchor, il y a des Sénégalais, socialistes, qui voudraient que Robert Sagna soit le candidat du Ps, eux déjà, militent pour que ce parti ait, sur la base de son identité, de son histoire, de son projet de société, de son programme, un candidat à l’élection présidentielle. Eux, ont déjà réglé ce problème, dans la mesure où le Ps est différent des autres partis. Nous, on a un parti qui regorge d’hommes d’Etat et de femmes qui ont l’expérience et l’expertise, qui ont l’ambition, après avoir été formés pour avoir une compétence et aptitude technique qu’ils peuvent mettre au service du pays à partir d’un engagement politique certain. Et le Ps nouveau est composé d’hommes et de femmes qui croient à des valeurs de société et qui portent un idéal qui véhicule des programmes et des projets qui peuvent régler les problèmes du Sénégal, vite et bien, et mieux, que ne saurait le faire un autre parti. Nous n’avons aucune responsabilité dans le bilan d’Abdoulaye Wade. Nous ne sommes ni comptables de la plus petite fourchette de responsabilité qu’on peut reprocher au Pit, à l’Afp, à la Ld/Mpt, à Aj ou à Idrissa Seck. Nous avons été loyaux à la République, à la classe politique et au peuple. Nous avons été patients et sereins. Nous avons respecté le contrat social qui nous lie au peuple sénégalais. Une fois le mandat de Wade arrivé à terme, nous sommes en droit de leur dire : «Vous avez vu ce que nous avons fait ; vous avez vu ce que les autres ont fait. Vous avez vu ce que ceux qui ont concocté la candidature de Abdoulaye Wade sur des bases très légères ont fait et les résultats qui en ont découlé.» Je dois rappeler à mon ami Amath Dansokho, qui a le droit de penser comme il pense, de se rappeler que c’est cette même façon de penser qui nous a amenés à élire Abdoula-ye Wade et nous avons vu les conséquences. Qu’il laisse les Sénégalais et les Sénégalaises arbitrer le premier tour ! En démocratie, comme c’est le cas au Sénégal, c’est au premier tour qu’on élit ; au deuxième tour, on élimine. Alors, qu’il y ait deux, trois ou quatre candidatures au premier tour dans l’opposition, c’est ça qui est sain. Ça permet d’avoir les coudés franches. Je suis donc pour une candidature multiple au sein de la Cpa, quand bien même, on peut avoir un accord programmatique pour avoir une liste commune aux législatives. Ça aide à avoir des relations et un débat civilisés, car le poste de Président sera dépassionné.
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