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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Portrait : Plusieurs personnages en un seul

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Portrait : Plusieurs personnages en un seul

Croquer Me Abdoulaye Wade en cette période de campagne électorale. Quel périlleux exercice ! Qui des Wade faut-il peindre ? L’intellectuel africain,« le plus diplômé d’Alger au Cap », disent ses affidés ? L’avocat du Front national de libération (Fnl) d’Algérie, de Mamadou Dia, l’ex-président du Conseil du gouvernement du Sénégal ? L’ancien doyen de la Faculté des sciences juridiques de l’université de Dakar, l’économiste ? L’architecte ? Le touche-à-tout ? L’homme politique, ancien opposant libéral « Pape du Sopi » ? l’ex-pensionnaire de la maison d’arrêt de Rebeuss placé sous mandat de dépôt au lendemain du scrutin houleux de 1988, arrêté également après une marche contre l’apartheid en 1987, l’affaire des policiers sur les allées du Centenaire, l’assassinat de Me Babacar Sèye ?

L’homme d’Etat, président de la République « le mieux élu d’Afrique », vingt-six ans après la création du Parti démocratique sénégalais, se plait-il à clamer dans certains foras et cercles d’admirateurs où il aime se retrouver pour développer quelques « grandes idées » ? Le père de Karim et de Sindiély Wade, le fils du vieux Mor Talla Wade et de Fatou Dabo ou le mari de Viviane Vert, la Sénégalaise d’ethnie toubab. Son père, Mor Talla Wade ne rechignait point à se ceindre les reins pour monter sur les toits à Niari Tally (un quartier populaire de la capitale du Sénégal) retapant l’étanchéité des tôles ou des tuiles suintantes chez le voisin souvent, se souvient Mme Pénéré Niane,voisine des Wade à l’époque ? le talibé mouride ? L’éditeur de presse ?C’est dire que le profil de l’homme, « touche-à-tout » est difficile à tracer. Il y a plusieurs personnages en un seul. Son énergie physique, intellectuelle et éclectique débordante que plus jeune que lui, lui envie parfois, lui vient-il de là ? Tout semble trop flou ou trop éblouissant chez cet homme. Ombre et lumière se mêlent en l’être dans une sarabande étourdissante. Tout est démesuré, grandiose ou d’une insignifiance déconcertante ou encore, d’une insouciante naïveté. Insaisissable, iconoclaste, spécial, déroutant, rusé, d’où le sobriquet de « Ndiombor » (le lièvre) que lui avait malicieusement collé le président Léopold Sédar Senghor pendant la campagne électorale de 1978 (« élections présidentielle et législative), la première plurielle dans un Sénégal post-indépendance. Il est crédité de plus de 25% des voix à la présidentielle et le Pds envoie dix-huit députés à l’Assemblée nationaleToujours à l’affût d’un « coup ». Tous ces Wade en un ! Celui qui était dans sa prime jeunesse, pour les rares photos montrées au public, un bel homme assurément, un dandy tiré à quatre épingles, est devenu, les 80 ans bien entamés, un homme aux traits burinés, à la calvitie luisante, il n’en est pas moins actif, débordant d’énergie comme si, chaque jour, il « bouffait » du lion. Une nourriture saine et équilibrée ajoutée à quelques exercices physiques,confient certains de ses proches, maintiennent son tonus. Le pas encore affermi, non hésitant. Rarement, on l’a vu en public, faiblir. Certains ministres racontent qu’il soutient sans un pli, les longues heures des multiples conseils qu’il préside, parfois dans une seule journée. Les journalistes attachés à sa caravane de la campagne électorale de 2000, étaient souvent surpris de l’entendre les interpeller à trois heures du matin dans un bled perdu, alors qu’ils venaient d’avaler avec lui des centaines de km à travers le Sénégal, eux qui mourraient de fatigue et qui ne demandaient qu’à dormir.

En 1974, naissait le Parti démocratique sénégalais(Pds) à la faveur de l’ouverture « senghorienne ». A sa tête, Me Abdoulaye Wade, qui, avec un cercle d’amis, d’intellectuels, de travailleurs, parmi lesquels, les regrettés Fara Ndiaye, le sociologue engagé, l’islamologue Saliou Kandji. Autres membres fondateurs du Pds qui se voulait à ses débuts un parti de contribution(ruse de Ndiombor) le professeur Booker Sadji, l’ambassadeur Ahmet Khalifa Niass, le journaliste Abdourahmane Cissé. Les défunts Mamadou Puritain Fall, leader syndical, Boubacar sall, le « lion » du Cayor un certain Léopold Faye avaient décidé de répondre à l’appel de Abdoulaye Wade qui avait quelques années auparavant, quitté l’Union progressiste sénégalaise (Ups), l’ancêtre du Parti socialiste(Ps) de Léopold Sédar Senghor.. En 1976, dans le cadre de la loi des quatre courants (socialiste, libéral, communiste,conservateur), sa formation travailliste à ses débuts devient libéral pour se conformer à la loi. Le seul parti d’opposition légal en 1974 est alors rejoint par le Parti africain de l’indépendance (Pai) de son ami Majmouth Diop rappelé récemment à Dieu, et par le Mouvement républicain (Mrs), conservateur de feu Me Boubacar Guèye.. Aux élections de 1983, il fut un challenger redoutable pour le président Abdou Diouf qui se soumettait pour la première fois à la sanction des urnes. Serigne Diop, actuel ministre d’Etat auprès du président de la République, raconte : « le 2 septembre 1974, nous étions environ 52 étudiants, enseignants et jeunes travailleurs à aller adhérer au Pds dont le siège se trouvait à l’époque à la rue de Denain à Dakar, aujourd’hui dénommée rue Mass Dhiokhané. Parmi nous, Abdoulaye Faye. Me Wade nous responsabilisa dès cet instant. Deux d’entre nous, moi-même et Assane Diop, furent cooptés dans le Comité directeur ». Un trait de caractère, le plus marquant chez l’homme. Il n’est pas formaliste pour un sou. Des jeunes viennent adhérer,ils n’ont pas encore fait leurs armes, ils sont plongés dans le bain et cooptés dans le sein des seins. « Il nous confia la mission de l’implantation et du rayonnement du parti sur l’ensemble du territoire national. Nous étions seuls contre tous. Non seulement contre l’Union progressiste sénégalaise (Ups) au pouvoir, mais également contre tous les autres qui nous regardaient de haut car aller dans la légalité dans les conditions dictées alors par Senghor, était synonyme de trahison à leurs yeux », poursuit Serigne Diop. Parlant de l’homme, « sa propension à responsabiliser les jeunes ne date pas d’aujourd’hui. Je me souviens qu’à la conférence nationale du parti en 1975, c’est aux jeunes qu’il avait remis l’argent nécessaire à la manifestation. Il faut dire que nous n’avions pas à l’époque pas plus de22 ans ». Me Wade s’est toujours comporté « comme un bon père de famille sénégalaise, attaché aux valeurs traditionnelles, très regardant sur nos comportements. Il observait jusqu’au moindre détail, comme il le fait qu’à nos jours. Il est également attaché à l’amitié. Les vieux compagnons, il se souvient jusqu’ici de leurs noms et prénoms. Il ne dormait jamais dans les réceptifs hôteliers quand nous étions en tournée à l’intérieur, il préférait partager la concession du responsable du parti dans la localité visitée ». Tableau idyllique ! Quid de leur rupture ? « Un simple problème d’orientation. Tous les acteurs de cette époque dans cette crise savent que ce qui, nous avait opposé n’était rien d’autre qu’un problème d’orientation du parti. Il est désolant d’entendre parler de manipulation comme si des jeunes dont la plupart ont sacrifié leurs études ou leur travail au profit de l’activité militante pouvaient l’être ».

Et Serigne Diop de poursuivre, « une sœur comme Suzanne Sanokho parce qu’elle s’était vue refuser une permission d’absence pour suivre Me Wade lors de la campagne électorale de 1978, avait démissionné de l’Uit où elle travaillait. Depuis, en dehors de l’intermède de l’Isefi et de la fonction de chef de cabinet dans mon département, elle n’a plus retrouvé son activité ancienne. C’est dire que notre engagement auprès de lui, tout comme nos ruptures ne devaient rien à une quelconque manipulation ». N’empêche, si l’actuel président de la République, candidat à sa propre succession a mis au-devant de la scène plusieurs jeunes comme Serigne Diop, son actuel ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom ou encore sonancien Premier ministre et n° 2 au Pds, Idrissa Seck, il devait avec tous en un moment ou à un autre. Chacun d’eux, jusqu’à Modou Diagne Fada, l’ancien ministre de l’Environnement connut la séparation d’avec le « père ». Une séparation souvent « terrible ». Me Wade tel Cronos de la mythologie grecque, dont la femme et non moins soeur, donna naissance successivement à six enfants parvint à les manger tous à l’exception de Zeus, que Rhéa avait confié à sa mère Gaia, n’a-t-il pas ainsi commis ou tenter de commettre des infanticides ? Ou alors, l’ancien ministre d’Etat dans les gouvernements élargis de Abdou Diouf, comme l’astre solaire, a-t-il brûlé tous le Icares , qui se seraient trop rapprochés de lui. Ou encore, est-il simplement un César que les fils se firent le malin plaisir de trahir et de « tromper » ? Son cheminement n’est assurément pas de tout repos. Il est jalonné de césures fracassantes comme de retrouvailles/retournements inattendus.

Cherchant à rempiler pour un second et dernier mandat si la Constitution du 22 janvier 2001 n’est pas retouchée d’ici là, Abdoulaye Wade a « ramené » tous ses enfants au bercail. Le dernier en date, Idrissa Seck qui,malgré le maintien de sa candidature a annoncé sur le perron du palais présidentiel son retour à la maison du père. S’occupe-t-il de sa succession ? Qui des « enfants » trônera à la place du père ? Le Pds lui survivra-t-il ? Bien malin qui donnera réponse à ces questions.



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