Pour un retour définitif de la paix : Me Wade porte ses espoirs sur les sages de la Casamance

Près de 200 sages et autres notabilités de la Casamance, en compagnie de jeunes leaders ( hommes et femmes) sont allés à la rencontre du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade pour demander de leur confier la gestion du dossier de la Casamance. Etant entendu que les concertations menées à la base, et sur toute l’étendue de la Casamance ont montré que ces notabilités, longtemps écartées, pouvaient changer le cours de l’histoire. Dans la mesure où, les principaux chefs de guerre et leurs combattants sont leurs fils, neveux ou frères. Qu’il s’agisse de Vieux Diatta, de Magne Diémé ou encore de Salif Sadio. Une étape nouvelle dans la recherche de la paix définitive placée sous la bénédiction de Chérif Samsdine Néma Aidara.

‘’Chers parents, vous pouvez construire avec moi, une paix définitive. Ce que je veux, c’est que toutes les armes me soient rendues pour matérialiser le processus de paix. Et ensemble, nous allons verser de l’essence pour les brûler’’. Ce vœu émis par le chef de l’Etat, maître Abdoulaye Wade traduit une volonté inéluctable d’aller vers la paix ; une paix définitive en Casamance afin de mettre fin à 24 ans de souffrances, de larmes et d’inquiétude. D’autant plus qu’il découle d’un ensemble de mesures annoncées hier par le président de la République, lors de la rencontre avec les sages de la région naturelle de la Casamance regroupés dans des structures de médiation à la base. Mieux, ce sont 192 personnes ; toutes classes d’âge confondues qui se sont présentées hier devant Me Abdoulaye Wade, à la salle des banquets de la présidence de la République, pour réaffirmer leur attachement indéfectible à la paix. Mais aussi et surtout à leur volonté clairement exprimée de donner un souffle nouveau à la dynamique de paix en Casamance. Car, ces sages issus de toutes les confessions religieuses et même du bois sacré, ont demandé au président de la République de leur confier le dossier de la Casamance, sans intermédiation aucune. Une demande qui a rencontré l’adhésion de Me Wade qui veut en finir avec la situation conflictuelle qui règne dans la partie sud du pays. Afin que cette région puisse rattraper son retard par rapport aux autres régions aujourd’hui en chantiers.

Alors, à l’endroit de la forte délégation, le président de la République leur a demandé de désigner un représentant qui leur servira d’interface. Et de facto, Me Wade a décidé de faire de cette personnalité, un chargé de mission à la présidence de la République. Dans ce même ordre d’idées, le chef de l’Etat s’est porté garant auprès des rebelles blessés pour qu’ils puissent être soignés dans les infrastructures sanitaires de Dakar, sans pourtant qu’ils soient inquiétés. ‘’Tous les blessés peuvent venir se faire soigner à Dakar. Qu’il s’agisse de ceux qui sont dans le maquis, dans le bois ou dans les pays limitrophes. Je ne les arrêterai pas. Mieux, après les avoir soignés, je peux vous les redonner afin qu’ils partent avec vous’’. De l’avis du Président Wade, il ne saurait voir ‘’ses enfants avec des blessures qu’on ne peut pas soigner’’.

Porter la bonne parole

Dans ce même ordre d’idées, il a rappelé le vote de la loi d’amnistie qui s’applique à tout le monde. ‘’Les rebelles peuvent sortir du maquis et aller là où ils veulent. Ceux qui ont des problèmes pour retourner dans leurs villages, je suis prêt à les caser quelque part dans le territoire national pour qu’ils puissent se reconvertir’’.

Dans ce même ordre d’idées, le chef de l’Etat a décidé de mettre à la disposition du Gouverneur de Ziguinchor, 60 millions de F Cfa, cinq véhicules (trois 4x4 et deux 4x4 double cabine), vingt vélomoteurs et une dotation suffisante en carburant pour aider les sages et autres notabilités de la Casamance ayant décidé de s’investir dans la recherche de la paix, à accomplir leur mission dans la plus grande célérité. D’autant que, pour mener à bien leur travail sur le terrain, les sages ont été obligés de se cotiser pour aller à la rencontre de leurs parents dans les villages afin de porter la bonne parole. ‘’Alors, c’est mon devoir de vous aider’’. Joignant l’acte à la parole, Me Wade a décidé de décorer, prochainement, 12 personnes parmi les membres de la délégation, dans l’ordre du mérite. ‘’Je souhaite simplement qu’il y ait parmi ce groupe au moins quatre femmes’’, a t-il ajouté. Aussi, Me Wade s’est proposé d’offrir 12 billets pour le pèlerinage à La Mecque et 02 billets pour le voyage de Rome, en plus des billets offerts par le Gouvernement. Aux jeunes qui ont accompagné les sages de la Casamance, le Président Wade leur a promis la réhabilitation des deux premiers stades de Ziguinchor et de Kolda, dans le cadre du projet de partenariat avec la Chine. Mieux, le Président Wade a instruit son chargé de mission Alioune Diop pour rencontrer ce matin les jeunes de la délégation afin de discuter avec eux de l’état de leurs projets financés (ou à financer) par le Fonds national de promotion de la jeunesse.

Quant aux femmes, elles iront à la rencontre de leur ministre, Mme Aida Mbodji. D’ores et déjà, le Président Wade a demandé à Mme le ministre de la femme d’initier des projets porteurs au profit de ses sœurs. Mais aussi de leur donner des moulins pour alléger leurs charges de travail.

Les voies du progrès social …

Incontestablement, le Président Wade s’est engagé dans une révolution en Casamance. Son ambition, c’est de rattraper le retard et de placer la verte région dans sur les rails du développement et du progrès social. Seulement, cela passe par le déminage. ‘’Cela me fait mal de voir une fillette sauter sur une mine. Alors, indiquez-nous les endroits où sont enterrées les mines’’, a t-il expliqué. Saisissant cette opportunité, le chef de l’Etat a lancé un appel à tous les pays pour accompagner le Sénégal dans cette opération de déminage total de la Casamance. Dans la mesure où, les promettes faites par les bailleurs de fonds dans ce sens ne se sont pas traduites par une matérialisation substantielle. Relativement au processus de rattrapage, le président de la République a décidé de développer des activités économiques, avec l’introduction de nouvelles cultures (sésame, bio-carburant, manioc) ; c’est-à-dire des cultures à forte valeur ajoutée, dans le cadre de nouveaux pôles d’émergence agricole. ‘’Pour cela, il faut des routes’’, a t-il précisé. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit l’ambitieux programme réhabilitation et de construction d’infrastructures en Casamance : le pont Emile Badiane, la voirie de Ziguinchor, la boucle du Blouf, la route Ziguinchor-Cap Skiring, entre autres. Dans le domaine de la santé des populations, Me Wade s’est engagé à solliciter le Roi Mohamed VI pour l’envoi d’une deuxième mission d’ophtalmologues marocains au profit des profit des populations de la Casamance. Autant d’actions qui constituent des réponses concrètes aux préoccupations des sages et autres notabilités de la Casamance.

… pour la fin des duels fratricides

Le choix porté sur les sages de la Casamance pour piloter le dossier de la Casamance, ne constitue aucunement un aveu d’échec de la part des mandataires du président de la République. Qu’il s’agisse des cadres casamançais ou des personnalités investies à l’époque de la confiance du chef de l’Etat. Bien au contraire, il s’agit pour Me Wade, d’aller à un niveau supérieur dans la quête d’une paix durable et définitive. Car, aujourd’hui, les rebelles ne se battent plus avec les militaires sénégalais. Mais, entre eux par le biais de fractions rivales. Et, pour l’essentiel, ce sont des fils de ces notabilités du Fogny, du Blouf, du Kassa, de Kalounayes et autres provinces du Sud qui se battent dans des duels fratricides. Alors qui mieux que ces pères et mères de familles pour raisonner leurs enfants de la nécessité de déposer les armes et d’instaurer un climat de paix et de sécurité en Casamance. ‘’Car, les jeunes ont prêté serment dans le bois sacré’’. Alors, Me Wade a demandé aux femmes, gardiennes du Bois sacré de faire le mouvement inverse, afin que ces jeunes puissent se désengager du conflit. Pour la bonne et simple raison que le chef de l’Etat est convaincu que la bonne nouvelle peut venir de la forêt sacrée. Dès lors, cette nouvelle démarche dans la recherche de la paix est une parfaite illustration de ce mécanisme de prévention et de gestion des conflits porté par Me Wade ; et qui tire son essence dans la synergie des actions à la base. ‘’Je crois que l’Afrique peut s’en inspirer’’. Dans ce même ordre d’idées, une mention spéciale a été décernée au ministre de la solidarité nationale, Farba Senghor qui a su accompagner les notabilités de la Casamance dans cette dynamique de paix. ‘’Je crois en Farba et il a toute ma confiance. Quant il viendra me parler de la Casamance, je suis sur qu’il ne se trompe pas’’.