C'est bien connu, depuis l'arrivée de Yahya Jammeh au pouvoir, les relations entre le Sénégal et la Gambie, n'ont jamais évolué sur des eaux aussi troubles. Mais, la tentative de putsch qui a failli emporter l'homme fort de Banjul le mois dernier risque d'être un couac de trop. Car, si diplomatiquemment le Sénégal et la Gambie tentent de circonscrire l'incendie provoqué par ce que Banjul considère comme ''un coup fourré de Dakar'' - dans les coulisses bien entendu - par presse interposée, Banjul rend la politesse à Dakar. Il est vrai que Dakar a, dès les premières heures de l'annonce de l'évènement, exprimé sa solidarité vis-à-vis de Banjul. Mieux, les autorités sénégalaises ont, officiellement, condamné cette tentative de coup d'Etat et rassuré Banjul que le Sénégal ne pourrait abriter ''des putschistes''.
Malgré tant de précautions diplomatiques, la confiance n'est pas au rendez-vous. Preuve en a été faite par l'utilisation de la Grts, la télévision nationale, pour rendre publics les aveux de Tamsir Jasseh, l'un des conjurés les plus impliqués. Des aveux faisant état de connivence ou d'intelligence entre Ndiouga Ndiaye, ambassadeur du Sénégal à Banjul, et Ndur Cham, cerveau du putsch manqué. Le gouvernement gambien a fait dans la subtilité pour pointer un doigt accusateur sur Dakar. Puis, pour faire sentir le coup, le Daily Observer, un quotidien qui appartient à Jammeh, a mis l'huile sur le feu en jetant le diplomate sénégalais en pâture. ''L'ambassadeur du Sénégal en Gambie impliqué dans le coup d'Etat'', reprenait-il en manchette. Cela laisse moins de place au flou. La charge médiatique ne laisse planer nul doute : Banjul accuse Dakar sans trop en donner l'air.
Ainsi que l'on peut le constater, le ballet diplomatique entre Dakar et Banjul après l'échec du coup d'Etat est loin d'avoir réglé la question. Car, malgré les démentis des autorités gambiennes sur l'implication du Sénégal dans ce putsch manqué, la Gambie n'en continue pas moins de soutenir qu'une puissance étrangère est derrière le coup. Mais, quelle est cette puissance étrangère ? A Banjul, l'on se veut muet. Mieux, on s'amuse à faire languir. Seulement, il y a des signes qui ne trompent pas. Depuis l'échec du coup d'Etat, Banjul braque Dakar et a décidé de renforcer sa sécurité au niveau de ses postes frontaliers avec le Sénégal. La Nia, services secrets gambiens, a renforcé ses effectifs à Hamdalaye et à Farefenié, comme pour dire que, désormais, la Gambie veillera au grain. Pis encore, la Gambie a fait recours à la Turquie pour parer à toute éventualité. Un diplomate occidental en poste à Banjul estime que les relations entre le Sénégal et la Gambie ne se sont jamais portées aussi mal. ''Malgré les discours officiels, soutient-il, un ressort s'est quelque part cassé. Et tant que cette affaire de tentative de putsch ne sera pas clarifiée, il sera difficile de rétablir la confiance''. En clair, le diplomate semble dire qu'entre la Gambie et le Sénégal, c'est désormais du je t'aime, moi non plus! Et, aujord'hui, il faut plus que des artifices pour colmater les brèches.
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