La décision-choc du président Macky Sall de reporter sine die la présidentielle du 25 février est une première dans l'histoire du Sénégal depuis l'indépendance. Voici des éléments de compréhension.
Un contexte chargé
Le Sénégal a été en proie depuis 2021 à plusieurs épisodes d'émeutes, de pillages et de manifestations, provoqués par le bras de fer entre l'opposant antisystème Ousmane Sonko et le pouvoir. Ils ont causé la mort de dizaines de personnes et donné lieu à des centaines d'arrestations.
M. Sonko, visé par différentes procédures judiciaires qu'il a dénoncées comme autant de stratagèmes pour l'écarter de la présidentielle, a été inculpé et écroué en 2023 pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'Etat. Son parti, le Pastef, a été dissous.
Le refus d'un troisième mandat de M. Sall a contribué aux tensions. Après avoir longtemps maintenu le flou, M. Sall a annoncé en 2023 qu'il ne concourrait pas.
Un processus contesté
Le Sénégal est entré en période pré-électorale dans l'inquiétude de nouvelles violences. Le Conseil constitutionnel a validé en janvier vingt candidatures, mais éliminé celles de M. Sonko et d'une autre figure de l'opposition, Karim Wade. Les craintes de nouvelles confrontations ne se sont pas concrétisées. La diversité des candidatures a même été saluée comme un signe d'inclusivité.
Mais le rejet des dossiers de M. Wade et de dizaines d'autres prétendants, ainsi que la confusion sur le fichier électoral et autour du système des parrainages nécessaires pour être candidat ont suscité de multiples protestations.
Un scrutin indécis comme jamais
L'absence pour la première fois du sortant à l'élection et la multiplicité des candidatures annonçaient un scrutin ouvert comme jamais. Le candidat du camp présidentiel, le Premier ministre Amadou Ba, adoubé par M. Sall, a été publiquement critiqué par les siens, et faisait face à des dissidents.
M. Sonko a certes été disqualifié, mais, contre une attente largement répandue, le Conseil constitutionnel a retenu celui que son parti avait désigné, Bassirou Diomaye Faye, emprisonné lui aussi, mais pas condamné contrairement à son chef. M. Faye s'est imposé ces dernières semaines comme un postulant crédible à la victoire, un scénario cauchemar pour le camp présidentiel.
L'affaire Wade
Le Conseil constitutionnel a disqualifié M. Wade parce que selon lui il était Franco-Sénégalais au moment de son dépôt de candidature, ce que M. Wade conteste. La Constitution interdit la double nationalité à un candidat.
M. Wade a lancé une campagne contre le Conseil constitutionnel, accusant deux de ses membres de collusion avec certains candidats, dont le Premier ministre. Il a réclamé le report de l'élection et porté le combat à l'Assemblée nationale, demandant une commission d'enquête et déclenchant une vive querelle sur la séparation des pouvoirs.
Contre toute attente, les députés du camp présidentiel ont soutenu la demande de commission, assurant ne pas vouloir que leur victoire souffre de contestation. L'Assemblée a approuvé la commission, alimentant la suspicion d'un plan ourdi pour ajourner l'élection et éviter la défaite.
Le rebondissement Wardini
Avec le Conseil constitutionnel, c'est une institution capitale dont la légitimité est attaquée à un moment critique. Il proclame les résultats de l'élection et statue sur les éventuelles contestations.
Or quelques jours avant l'ouverture de la campagne ont été publiées sur les réseaux sociaux des informations selon lesquelles une autre candidate, Rose Wardini, avait elle aussi la double nationalité, alors qu'elle a été qualifiée. Elle a été placée en garde à vue vendredi.
Pourquoi cette élection importe
La présidentielle suscite un intérêt sans mesure avec celle d'un autre pays de 18 millions d'habitants, parmi les trente derniers au monde à l'indice onusien de développement humain, même si le Sénégal devrait commencer à produire des hydrocarbures en 2024.
Alors que les coups d'Etat se sont succédés ces dernières années en Afrique de l'Ouest, le Sénégal n'en a connu aucun, une rareté sur le continent. Américains et Européens vantent la stabilité et la pratique sénégalaise de la démocratie et de l'alternance. Le Sénégal a élu tous ses présidents au suffrage universel depuis 1963 et en a même changé par les urnes.
19 Commentaires
Ardo Mbantou
En Février, 2024 (09:46 AM)Reply_author
En Février, 2024 (10:58 AM)Là, le salopard du palais a tout simplement annulé l'élection présidentielle et appeler à un dialogue national. Je sais pas pourquoi les journalistes ont peur des mots.
Supposons qu'on aille aux élections qu'il y ait deux qualifiés au deuxième tour et qu'on se rende qu'ils ont une double nationalité.
Ensuite si les allégations de corruption sont fondées les coupables ne peuvent pas superviser des élections crédibles.
Ce qui s'est passé est douloureux pour tout le monde. Parce que c'est une tâche noire sur la démocratie sénégalaise sur l'exception sénégalaise. Parce que aussi le Président n'a pas reçu mandat pour diriger le pays delà du 02 Avril.
Mais il faut ternir des élections justes crédibles et transparentes
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En Février, 2024 (10:09 AM)Cheuteute
En Février, 2024 (10:08 AM)Reply_author
En Février, 2024 (10:54 AM)Ndamli
En Février, 2024 (11:32 AM)Cependant nous avons un pays où dans le débat public des menteurs essaient de violer la loi impunément. Dire que Karim a menti en 2019 et 2024 c'est constater un fait. Les arguments contre lui sont du ressort de la première règle de droit, la non rétro activité. Pour Wardini ou les autres candidats ayant violer leur déclarations sur l'honneur la loi règle le problème. Il s'agit de parjures et ils sont poursuivi pour ce fait et ainsi leur candidature suspendue de fait.
Par ailleurs Karim n'a pas que la nationalité française, il est citoyen qatari aussi. C'est pour cela que le procureur de son pays, le Qatar, est venu le chercher dans le cadre d'un accord juridique inter états. Payant des impôt dans son pays ils peuvent lui apporter assistance. Vous voyez bien que ni les gens du pds ni ceux du pouvoir ne parlent de la manière dont il est sorti du territoire.
Enfin la date des élections est fixée par la loi au dimanche correspondant à cinq semaines avant la fin du mandat présidentiel. Ceci pouvant permettre trois semaines de second tour et deux semaines de déclarations des résultats du premier et second tour. En fait les décrets pris par le PR sur cet événement ne sont que des actes administratifs visant à lui faire respecter la constitution, le mandat et la loi. Offrant ainsi à toute l'administration un cadre pour prise de décisions à cet effet. Le Sénégal n'est pas une forêt classée mais un pays organisé avec une architecture juridique bien solide.
Donc en aucun cas le PR encore moins l'assemblée nationale ne peuvent déroger à des lois intangibles qui fixent autant la durée du mandat que le principe de renouvellement. La démocratie et l'état de droit n'existent que par l'expression du peuple via le vote. Il suffit que le taux de participation soit supérieur à la moyenne pour constater que l'expression s'est bien déroulée.
Tous les débats auxquels vous assistez depuis hier ne sont que des ergotages et saupoudrages pour jouer sur le mental des gens afin de leur faire accepter de fait la non tenue de l'élection. Mais il n'y a aucune base juridique. Même l'initiative de modification de la loi par l'assemblée nationale c'est du pipeau. Le but recherché est de faire accepter l'anesthésie visant à laisser le président en exercice au delà du mandat. En violation flagrante de la loi. Mais en accord tacite du peuple sans expression. C'est pour cela que le PR a parlé de dialogue alors que depuis 2019 il y a eu au moins trois dialogues publics connus.
Si vous voyez sur les plateaux télés ils n'ont pas ouvert la régie au peuple pour qu'il s'exprime. Ce qui se passe est une vaste opération d'anesthesie, comme le charmeur de serpent, pour continuer une manœuvre de ripaille. Mais comme pour le charmeur se serpent il suffit d'un moment de lucidité de la bête pour qu'il se retrouve, lui le charmeur, en proie pour ne pas dire gibier.
il y a 41 minutes (10:54 AM)
J'aime ton commentaire. Mon commentaire a ton commentaire est le suivant: Je suis aussi fâché que vous.. Peut-être même hn peu plus. et je dis que c'est scandaleux .MAIS, mes propositions sont de dissoudre le conseil constitutionnel car il ne démissionnera pas. Remplacer ces sages par de nouveaux sages. Tu me diras où les trouver dans ce pays?Ils existent. Il faut chercher, en mettant de côté l'âge. Examiner systématiquement tous les dossiers de candidature par rapport à ka plurinationalite. C'est faisable. Ça va allonger un peu la durée. Macky demissionne le 1er avril et le Président de l'assemblée organise kes élections dans les 3 mois réglementaires qui suivent Donc on arrive à juillet et on vote dans la paix.
Um Nyobe
En Février, 2024 (13:42 PM)Mais etre entièrement somis à l'ex colonisateur est permis, meme bien vu.
Moom
En Février, 2024 (14:13 PM)Sagesse
En Février, 2024 (04:27 AM)Participer à la Discussion