On en sait un peu plus sur les raisons de l’accord scellé entre Wade et Idy relatif au report de la présidentielle de 2007. Outre les considérations politiques, il reste que l’ancien Premier ministre est confronté à des difficultés financières qui ne lui permettent pas de faire face aux dépenses liées à une élection. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Idy a consenti à rencontrer Me Wade pour desserrer l’étau.
Ce n’est pas seulement parce que l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck, veut hériter en douce du pouvoir de Wade, qu’il reste favorable au report de l’élection présidentielle comme les deux hommes se sont convenus lors de leur première rencontre du 22 janvier dernier. En effet, des personnes très intimes au maire de Thiès soufflent que la raison est plutôt d’ordre financier. «Idy n’est pas, actuellement, financièrement prêt pour aller à l’élection présidentielle au mois de février», jure-t-on.
Cette situation tient du fait que l’ancien Premier ministre ne peut disposer de son trésor de guerre dissimulé dans des pays européens, à moins d’un mois de l’élection. Cela est dû, rapportent des membres de son entourage, «à l’impossibilité de M. Seck de sortir du territoire en ce sens qu’il ne dispose plus de passeport depuis des mois. Il est pris en otage dans le pays et ne peut plus se rendre en Europe ou en Amérique pour effectuer des virements sécurisés à partir de ses comptes qui y sont logés». En effet, l’on ne manque pas de faire constater que «les comptes bancaires de Idrissa Seck, domiciliés dans les établissements financiers du Sénégal, ne sont plus alimentés. Les clignotants sont au rouge depuis quelque temps». Cette situation, devenue «intenable» pour Idrissa Seck, s’est aggravée, analyse-t-on, à cause des tournées que le leader de Reewmi avait effectuées dans certaines régions du pays il y a deux mois. «Ces tournées ont coûté beaucoup d’argent et ont été entièrement prises en charge par M. Seck. A cela, s’ajoutent les effets de la tournée sous-régionale qu’il avait improvisée. Certes, celle-ci a permis au maire de Thiès de revenir avec quelques fonds mais, compte tenu de sa posture d’ennemi du pouvoir, Idy ne pouvait pas se permettre de transporter certains montants par devers lui», pleure un de ses collaborateurs.
En effet, dans le cercle restreint de M. Seck, l’on s’efforce de résoudre cette équation financière. Ainsi, l’on apprend que l’ancien Premier ministre et ses amis sont en train de «faire un montage financier auprès d’une banque de la place». Autre piste évoquée, c’est le transfert de fonds de l’étranger. Seulement, à en croire les explications de sources impliquées dans la recherche de solutions, les contrôles rigoureux auxquels les transferts de fonds étrangers sont soumis font que le maire de Thiès n’est pas très enchanté par cette piste. Ainsi, «même si on lui envoie de l’argent, des justifications s’imposent compte tenu des dispositions prises par la Banque centrale notamment dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent», objecte-t-on.
La crise financière à laquelle le président du parti Reewmi est confrontée n’est pas sans affecter la gestion de ses affaires, témoigne un membre de son équipe politique. Ce dernier se lamente que «Idrissa Seck a considérablement diminué ses libéralités et sa générosité en souffre énormément». Pire, l’on fait constater que le maire de Thiès et candidat à la présidentielle de 2007 «vit présentement d’expédients pour quelqu’un qui était habitué à entretenir, de manière constante et efficace, sa clientèle politique».
Par ailleurs, certains collaborateurs de Idrissa Seck ne se privent pas de lier cette situation de crise à son consentement aux retrouvailles avec Me Wade. Cette volonté (?) de se rapprocher de Me Wade, suite à la médiation de Serigne Abdoul Aziz Sy junior, procède de l’idée de M. Seck de «desserrer l’étau» qui ne cesse de compliquer la situation. Ainsi, le leader de Reewmi trouve de l’intérêt à ce que la joute électorale pour la présidentielle soit reportée, «le temps de lui permettre de trouver un passeport afin de pouvoir rapatrier des fonds. Ou de trouver une solution définitive à ce problème d’argent qui commence à se sentir aussi bien dans ses affaires personnelles que politiques», certifient quelques uns de ses proches.
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