RESTRUCTURATION DU PDS : « Les vieux militants doivent dégager », selon Amadou Tidiane Wone.

La restructuration du Parti démocratique sénégalais (Pds), doit se faire avec du sang neuf. Et que les vieux militants de 70 ans et plus doivent « dégager » pour donner la possibilité à la nouvelle génération de prendre la relève. C’est du moins ce que pense Amadou Tidiane Wone, maire de Kanel et membre du Conseil de la République. Pour couper l’herbe sous les pieds des libéraux nostalgiques qui évoquent les années de braise du Pds comme un épouvantail contre les transhumants qui seraient venus au Pds prendre leur place, le néo-libéral soutient que son parti d’accueil (lui aussi a quitté le Ps), le Pds, n’a jamais gagné d’élection. Et que les résultats des récentes élections présidentielle, législatives et sénatoriales, sont l’œuvre de Me Wade et non de son parti. 

Le débat sur la restructuration du Pds est aujourd’hui agité. Certains pensent qu’elle est nécessaire, d’autres soutiennent le contraire. De quel bord vous situez-vous ?

Oui, la restructuration s’impose. Pourquoi ? Parce qu’en 1974, quand Wade avait créé le Pds, c’était un parti de contribution. En 1978, il s’est présenté aux élections, mais comme toujours un parti de contribution. En 1988, il s’est aperçu qu’il pouvait gagner le pouvoir, c’est pourquoi le Pds est devenu un parti d’opposition pour la conquête du pouvoir. Douze ans après, il a gagné le pouvoir, ce n’est pas l’œuvre du Pds, mais d’une coalition de partis qui a remporté la présidentielle de 2000. Et Wade a bien négocié pour être le candidat de cette coalition.

Le plus difficile, ce n’est pas d’accéder au pouvoir, mais c’est de s’y maintenir. Au cours de ces sept ans, c’est-à-dire de 2000 à 2007, vous avez entendu des leaders comme Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Landing Savané etc rappeler que l’alternance, ce n’est pas seulement le Pds. Les dernières élections présidentielle, législatives et sénatoriales, n’ont pas, non plus, été gagnées par le Pds, mais par Wade.

Maintenant, pour se maintenir au pouvoir, la restructuration du Pds s’impose. J’entends les gens crier qu’ils étaient là pendant les années de braise, mais ce Pds-là n’a jamais gagné les élections. Il a fallu cette coalition, l’endurance de Me Wade pour arriver au pouvoir et que des gens comme moi transhument et viennent au pouvoir. Non pas, ils ont peur de ceci ou cela, mais parce que le Sénégal doit avancer avec des cadres. On a rejoint Me Wade pour faire avancer notre pays.

Comment restructurer le Pds ?

Ça, je ne sais pas. Il faut réfléchir. Certains pensent qu’il suffit de sortir Mademba pour mettre Massamba pour que la restructuration se fasse. Non. Le maintien au pouvoir signifie qu’il faut voir ce que veut le Pds. S’il veut se maintenir au pouvoir, il faut absolument qu’il change de mental. Il ne faut pas qu’on ait un parti où personne n’aime personne. Il faut qu’on ait un parti beaucoup plus attractif, qui ait du répondant sur le plan extérieur, que ce ne soit plus Wade. Le Président Wade a fait ce qu’il a pu pour le Pds.

Parmi les exigences que vous venez d’énumérer pour la restructuration du Pds, vous semblez oublier la démocratie interne. Est-ce que je me trompe ?

C’est une façon de parler. Prenez tous les partis qui existent actuellement, les Secrétaires généraux ou présidents de ces formations, le sont depuis la fondation jusqu’à présent.

L’intérêt de la restructuration, ne réside-t-il pas, selon vous, dans ces correctifs, que les dirigeants libéraux doivent apporter au nouveau Pds ?

Ces correctifs seront naturels. Je vois mal Wade, à partir de 2010 ou 2011, être encore le président de ce parti. Le Pds doit être rajeuni. Des gens comme moi, qui ont 70, 71 ou 72 ans, ne peuvent plus être au devant de la scène. Il faut des jeunes, du sang nouveau. C’est pourquoi, si le parti veut se maintenir au pouvoir, il a donc intérêt à revoir ses bases ; il faut que ce soit un véritable parti démocratique, attractif, où les gens se supportent, s’aiment et se fréquentent. Mais pas un parti où, dès qu’on nomme quelqu’un ministre ou Premier ministre, les autres ne peuvent pas rester tranquilles sans qu’ils le déstabilisent. Il faut que cela cesse.

Quand vous parlez de sang neuf, cela voudrait dire que tous ces militants de la première heure, devenus des personnes du troisième âge, devraient dégager et laisser le parti aux jeunes ?

On doit faire place au sang neuf. Ceux qui étaient dans le parti dans les années 1974, 80 etc, qui sont de vieux militants, mais ils doivent faire comme moi, c’est-à-dire dégager. Il ne faut pas être nostalgique, en parlant des années de braise. Ces militants des années de braise ont maintenu dans la rue le Pds, maintenant ce parti est au pouvoir. C’est une autre histoire.

Comme vous parlez de sang neuf, est-ce que la relève n’est toute trouvée, avec la « Génération du Concret » ?

La « Génération du Concret » semble exclusive. C’est un jugement de valeur que je porte qui n’est peut-être pas valable. Le Pds et par-delà enveloppe la « Génération du Concret ». Donc, c’est ce Pds-là qu’il faut maintenir au pouvoir. La « Génération du Concret » toute seule ne peut pas maintenir au pouvoir le Pds. Je ne sais pas comment elle est structurée, mais la « Génération du Concret » ne pourrait être qu’un courant de pensée dans le Pds restructuré. Et ce Courant, il ne faut pas l’empêcher, l’occulter, il ne faut pas vouloir le combattre ; il ne faut pas vouloir le tuer…

Il faut au contraire le laisser s’exprimer et ne pas commencer les combats de rue qui ne mènent à rien ; ils ne mèneront qu’à une chose : à la catastrophe qui est arrivée en 2000 au Ps. Si c’est ce que veut le Pds, ce n’est même pas la  peine de se restructurer, ce n’est même pas la peine de rêver du pouvoir. Si une fois Wade part, les gens sont là en train de se déchirer, alors s’en est fini du Pds, c’est les autres qui vont revenir au pouvoir.