L'Histoire, signalait l'autre, se répète par deux fois : la première comme tragédie, et la seconde comme farce. La volte-face d'une partie de l'opposition, sur son boycott annoncé de la prorogation du mandat des députés, reste encore symptomatique de son incapacité structurelle à se trouver un leader pour les élections prochaines ; si ces consultations auront lieu. Une débâcle, qui ne profitera qu'au régime en place.
L'opposition, concentrée dans la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa), avait fait croire aux Sénégalais qu'elle traquerait le chef de l'État, Me Abdoulaye Wade, jusqu'à Paris, où il devait recevoir le Prix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix. À l'heure H, elle s'était dégonflée, laissant "à ceux qui en avaient les moyens" le soin de faire le voyage du chahut. La même reculade a été remise au goût du jour à l'occasion de la prorogation "illégale" du mandat des députés. Ainsi, après l'expiration de la présente législature le 30 juin prochain, seul Madior Diouf aura tenu parole. Mais, sa décision, qui engage son parti, le Rassemblement national démocratique (Rnd) ne profitera pas fondamentalement au Parti démocratique sénégalais (Pds) au pouvoir. Car, de l'avis d'experts en la matière, selon les textes qui régissent l'Hémicycle, même si le Pr Diouf a rendu le tablier, le Parlement le fera remplacer par son second immédiat. Si celui-ci ne siège pas, il faudra attendre l'écoulement de trois sessions pour pouvoir constater "l'absence" de ce dernier ; Madior ayant été élu sur la liste de son parti . En cas de récidive, les mêmes dispositions devraient être appliquées jusqu'à l'épuisement des 120 inscrits sur la liste du Rnd ; soit un délai de plus de deux ans pour que le Parlement soit réduit de fait à 119 députés ; le mandat du député étant intuiti personae. Or dans les nouvelles dispositions, il ne reste à la présente Assemblée nationale que deux sessions ; le mandat des députés expirera, à moins de nouveaux artifices du pouvoir, le 13 février prochain. Soit à une dizaine de jours de l'élection présidentielle, qui sera couplée avec les législatives ; en dépit des ruades de l'opposition. Par contre, si la Ligue démocratique boycottait l'Assemblée nationale, les sièges occupés par les députés "Jallarbistes" profiteraient aux suppléants de la liste "Coalition Sopi", sur la base de laquelle ils ont été élu ; c'est-à-dire au Pds et aux partis "cabines téléphoniques" qui gravitent autour de lui. Une possibilité que souhaite certainement la Cap 21 ; mais que n'entendrait pas le parti de Abdoulaye Bathily. C'est la répulsion d'un tel schéma qui aurait poussé la Ligue démocratique à se dédire. En somme, les principes seraient nourris par des états d'âme. Quant au Parti socialiste, son revirement serait lié à sa phobie de voir ses anciens militants qui ont transhumé vers les prairies "bleus", occuper les sièges de la Place Soweto , s'il les laissait vides. Mais en dépit de tous ces calculs de "politique politicienne", une épreuve décisive attend dans moins de neuf mois, probablement, l'opposition : le choix de son candidat pour l'élection présidentielle, et sa tête de liste aux législatives. Sûr qu'empoignades et déchirures ne manqueront pas.
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