RETRAIT DES CARTES : Les électeurs rencontrés déterminés à voter

Chantal Sagna vêtue d’un pantalon moulant et d’un haut zébré franchit la porte du Foyer socioculturel de Grand-Yoff. Il fait exactement midi. Accompagnée de sa copine, elles se dirigent, toutes les deux, vers la salle de droite d’où elles ressortent quelques minutes plus tard. La jeune fille emprunte un autre couloir avec de grandes enjambées avant d’entrer dans une autre ; nous l’interpellons. Est-ce que vous allez voter ? Dis-je à la cantonade. « Bien sûr », répond la demoiselle.

“ C’est pour cette raison d’ailleurs que je suis venue chercher ma carte ”, ajoute la demoiselle. Depuis le mois de novembre dernier, elle a fait d’interminables va-et-vient pour retirer ses deux cartes. D’autres personnes sont logées à la même enseigne. Car quelques citoyens repartent bredouilles de ce foyer. Les garçons, les femmes, les filles assises sur le banc attendent leur tour pour passer devant les tables où sont disposées les cartes selon les ordres d’inscription et alphabétique.

Le jeune Ahmadou Guèye Ndiaye se pointe devant un membre de la commission et tend le récépissé de son inscription à un membre de la commission. Celui-ci ne met pas de temps pour ressortir ses deux cartes des piles avant de lui les tendre. Il est en possession de sa pièce d’identité et sa carte d’électeur. Mais, il ne s’est pas encore décidé pour accomplir le devoir civique. “ Pour le moment, je ne peux rien dire. Mais je vous assure que j’ai besoin des deux cartes ”, lance Ahmadou Guèye Ndiaye.

Vitalité démocratique

Dans ce couloir, les membres de la commission venus prendre de l’air sont sollicités par des citoyens qui ont profité du week-end pour retirer leurs cartes. La question ne se pose pas chez Yandé Diouf, venue de Fatick. La dame, qui est apparemment une passionnée de la politique, parle des prochaines élections avec un certain enthousiasme.

“ Le vote est un devoir civique. Tout citoyen doit l’accomplir. Je ne me suis pas inscrite pour uniquement avoir une carte d’identité ”, avertit la demoiselle qui a révélé le nom du candidat pour qui elle donnera sa voix avant de s’en aller.

Au Centre d’état civil de la commune d’arrondissement de Derklé, ce n’est pas encore le grand rush. Ici, le taux de retrait a connu une chute depuis l’annonce du report des élections. Cette baisse peut être expliquée par une confusion chez une partie des citoyens. “ Il y a quelques semaines, ces bancs étaient remplis de personnes. Maintenant, ce n’est pas le cas. À mon avis, les gens pensent que ce sont les deux élections qui sont reportées au mois de juin. Or, ce n’est pas le cas”, confie le président de cette commission. Haiba Fofana, qui tient ses deux cartes à la main, ne fait pas partie de ces Sénégalais. Elle entend faire bon usage de sa carte d’électeur.

Elle ne voit pas d’un mauvais œil la montée de la tension pré-électorale . “ Ces débats ou controverses sont signe de la vitalité de notre démocratie. Nous souhaitons que le Sénégal s’inscrive dans la voie de l’approfondissement de sa démocratie ”, lance la dame. Elle croise sur son chemin un groupe de garçons. Ils sont au nombre de quatre venus accompagner le jeune Lamine Diack qui n’a pas encore soufflé ses vingt bougies. Seul ce dernier est admis dans la salle. Il ressort le visage plein d’entrain. Il a les yeux rivés sur les deux pièces. Lamine fait partie de ces Sénégalais qui vont voter pour la première fois.

“ J’entends les personnes parler des élections. Mais je n’ai jamais voté. Je vais le faire pour la première fois. Je veux vivre aussi cette période ”, raconte le garçon. Et comme lui, la jeune demoiselle Ndèye Loum s’est présentée aussi à la commission du Centre socioculturel de Sacré-Cœur aux environs de 14 heures. Elle compte aussi accomplir son devoir civique.

Sur-médiatisation de la période pré-électorale

Les personnes âgées, pour avoir participé à plusieurs campagnes électorales, vivent cette période de pré-campagne avec un certains dépaysement. “ Auparavant, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui s’intéressaient à la politique. Ce qui n’est pas le cas maintenant. On parle beaucoup de politique. Nous constatons comme tout le monde des polémiques ”, remarque le vieux Paul Mendy. Cet engouement pour la politique peut être, selon Sitapha Bodian, exacerbée par la pluralité médiatique. “ Les politiques parlent beaucoup à travers les radios et les journaux. Mais sur le terrain, il n’y a pas de manifestations politiques. Ce n’est pas la même ambiance que les élections précédentes”, dit Sitapha Bodian.