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Politique

RETROSPECTIVE - AN I de la fronde des députés libéraux : La mutinerie parlementaire souffle sur une bougie

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RETROSPECTIVE - AN I de la fronde des députés libéraux : La mutinerie parlementaire souffle sur une bougie

Lundi 25 avril 2005. Il y a de cela un an déjà. Un séisme, sous la forme d’une mutinerie parlementaire au sein même du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. 14 députés libéraux au départ rompaient spectaculairement le lien ombilical avec le groupe parlementaire, Libéral et démocratique, présidé par Doudou Wade. Retour sur l’un des épisodes les plus épiques dans la vie parlementaire sous l’alternance…

25 avril 2005. Alors que les yeux de la plupart de nos honorables députés étaient braqués sur le projet de loi portant création de la Cena, oh divine surprise ! 14 députés libéraux sonnaient une rébellion inédite, en décidant de déposer une lettre de démission du groupe parlementaire Libéral et démocratique et décidaient par la même occasion de mettre sur pied une entité dénommée les Forces de l’alternance (Fal). Identifiant déjà, à travers le profil des dissidents et dans un contexte où se sont élargies les lignes de fracture entre Me Wade et Idrissa Seck, Le Quotidien du mardi 26 avril titrait alors «A consommer Seck !»

A la tête des «toreros parlementaires», le député Oumar Sarr, à l’époque président du Conseil régional de Diourbel, avant, plus tard, le couperet présidentiel pour décréter la mise en place d’une délégation spéciale. Ce jour-là, c’est Oumar Sarr qui avait lu sur un bout de papier volant une déclaration écrite à la main.

La rupture avait été motivée par le constat de certaines pratiques du président du groupe parlementaire Libéral et démocratique, Doudou Wade, accusé de s’être «mis en marge de la démocratie interne, de la concertation, de l’équité et de la transparence, qui sont les valeurs du Sopi». Toutefois, originellement, les députés frondeurs n’entendaient pas se soustraire du «soutien de la politique émanant du programme du candidat du Fal élu aux dernières élections de 2000». Donc, les Forces de l’alternance s’inscrivaient toujours dans la majorité présidentielle à côté du Président Wade. Le lendemain, la riposte est sonnée dans le camp libéral avec Doudou Wade qui sanctionne les rebelles par une excommunion du Pds, non sans promettre leur remplacement, la semaine suivante. Dépité, le député Wade crie à la trahison : «Prendre une décision de cette envergure sans en parler dans le groupe ni à aucune des structures du parti, au moment où le président de la République et le président de l’Assemblée nationale sont absents de Dakar, c’est poignarder le parti», déclarait-il. Le président du groupe parlementaire considérait que les 14 députés frondeurs n’ont pas été exclus, mais qu’«ils ont démissionné». Doudou Wade ne semblait pas être surpris par cette bérézina parlementaire, car la fronde, soutenait-il, était prévisible. «C’est une enflure, un abcès, elle grandit et elle éclate. Nous la suivions pas à pas pour que les gens aient le courage de se découvrir, et ils l’ont fait». Mais, c’était lui qui avait rameuté la presse pour lui balancer un «scoop» : la défection du député Oumar Fall. Et de prédire que, «dans les jours suivants, le groupe sera réduit à néant». De retour d’un périple qui l’avait conduit au Tchad, au Koweït, en France et Bahreïn, Me Wade préféra ne pas user de la crosse en l’air contre les frondeurs, prenant le contre-pied des faucons du Pds. S’il reconnaît que le problème est sérieux, Me Wade tempère et esquive l’affrontement. «Des membres du Pds, disait-il, ont le droit de manifester leur mécontentement, mais aussi le Pds a prévu des mécanismes, de la base au secrétariat général pour régler ces genres de problème.» Et d’ajouter que «si c’est une question de manque de démocratie», il promet d’y remédier.

Par la suite, Me Wade mit le président de l’Assemblée nationale, Pape Diop, sur la sellette pour désamorcer la bombe parlementaire. A celui-ci, qui avait rencontré, le mercredi 27 avril 2005, le chef de file des frondeurs, Oumar Sarr, le Comité directeur du Pds avait instruit afin de «tirer les conséquences de droit de la situation née de la création d’un deuxième groupe parlementaire dans les rangs de la majorité à l’Assemblée nationale». Dans le même temps, on faisait état de la rencontre entre Idrissa Seck et les députés frondeurs à l’hôtel Clarisse. Idrissa Seck derrière ce mouvement ? Nguirane Ndiaye, dans un entretien accordé au Quotidien paru le jeudi 28 avril esquivait ainsi la réponse : «Je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet.» Tout cela se passait sur fond d’un durcissement des positions et du ton chez les libéraux proches de Idrissa Seck, comme la sortie de la Pépinière des cadres libéraux qui avait déclaré, au cours d’une conférence de presse, au Nawéli : «Il n’y a plus de constante au Pds.»

WADE , LE PDS ET LES FRONDEURS

Les jours passent et la crise évolue vers une impasse. Pape Diop, un des médiateurs, avouait avoir atteint ses limites devant cette situation. Le mardi 10 mai 2005, le député Talla Diouf fut convoqué à la Dic, tandis qu’on annonçait la traque de Oumar Sarr, par l’Inspection générale d’Etat (Ige).

Le mercredi 18 mai 2005 se tint une longue réunion du Comité directeur du Pds, suite à un remaniement ministériel qui a consacré la mise à l’écart des gens estampillés proches de Idrissa Seck. Au cours de cette réunion, l’instance dirigeante du Pds prononça l’exclusion des députés frondeurs, sous prétexte qu’ils se sont auto-exclus.

Cependant, les députés en rébellion, qui ont réaffirmé la nécessité de resserrer leur rang, organisent, le dimanche 22 mai, la contre-attaque et annoncent une lettre dont Me Wade aura la primeur. Dans un échange épistolaire, Oumar Sarr et les autres «Falistes» demandaient une audience au Président Wade. Ils lui écrivaient notamment : «Nous avons pris l’initiative de former un groupe parlementaire dénommé les Forces de l’alternance depuis le 25 avril 2005. Les deux réunions du Comité directeur qui se sont tenues depuis cette date, si nous nous fondons sur les communiqués servis, ont procédé à une interprétation non conforme à notre pensée. Nous disons avec forte conviction que personne, mieux que nous, ne peut lire, et interpréter notre initiative. C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous estimons que la décision contenue dans le communiqué dénote d’une volonté de division et de dispersion de votre famille politique et reste sans fondement. D’ailleurs, pour vous donner une preuve éclatante, nous vous prions, cher secrétaire général national, de bien vouloir accepter notre demande d’audience afin de prêter une oreille attentive à douze de vos militants d’hier, de toujours.» Sèche fut la réponse du Président Wade, le lendemain. «Vous me dîtes dans votre lettre que vous avez pris l’initiative de former un groupe parlementaire dénommé les «Forces de l’alternance.» En le faisant, conformément à l’appréciation du Comité directeur, vous vous êtes mis délibérément en dehors du parti. Dans ces conditions, je suis au regret de ne pouvoir vous recevoir.» Dans leur combat, les frondeurs menèrent une campagne auprès de quelques représentations diplomatiques (Nigeria, Grande-Bretagne, Etats-Unis). Le Pds avait promis la géhenne aux députés frondeurs, en transposant la bataille à l’hémicycle, mais c’était sans compter avec la décision de Pape Diop de renvoyer la réunion du bureau, prévue un certain 7 juin, à 11 heures. Un report que Doudou Wade disait ne pas s’expliquer.

Les députés frondeurs seront finalement reçus en audience par le Président Wade, le vendredi 10 juin 2005, en présence de Macky Sall, Pape Diop, Doudou Wade et Mme Aminata Tall. Me Wade promettait alors d’apporter des solutions aux griefs formulés par les députés frondeurs. Depuis lors, les frondeurs qui, au début, rechignaient à ce que l’on fît le lien entre leur fronde et leur soutien à Idrissa Seck, ne cachent plus maintenant leur masque.



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