RETROUVAILLES - Wade et Seck dans de bonnes dispositions : Ils discutent !

Quand Idrissa Seck convoque ses hommes de confiance à Paris, il joue également sur un autre front. Celui de la construction de son retour au Pds, avec armes et bagages. Ses retrouvailles négociées avec Abdoulaye Wade, loin d’être une arlésienne, risquent de surprendre bien des adeptes de la politique de l’Autruche.

Ils se trompent, les libéraux «intransigeants» qui ont rangé aux oubliettes la page Idrissa Seck. Ils se trompent d’autant plus dangereusement que les informations qui nous parviennent à propos du processus de retrouvailles entre l’ancien Premier ministre et le président de la République risquent de les surprendre un de ces matins. Le réalisme politique d’Abdoulaye Wade et l’envie de pouvoir et de revanche d’Idrissa Seck seront passés par là.

Entre le père putatif et le «fils d’emprunt», la réconciliation n’est plus une chimère comme on a pu le croire en pleine tourmente judiciaire des Chantiers de Thiès. Ils négocient. Par personne interposée dont l’identité est insoupçonnable. Selon nos informations, le président de la République et son ancien Chef de gouvernement sont tous deux «dans de bonnes dispositions» pour surmonter la montagne de divergences qui les éloigne l’un de l’autre. Leurs négociations sont tellement secrètes que d’importantes personnalités des deux camps, surtout celles appartenant à la mouvance présidentielle et susceptibles de faire dérailler le processus de retrouvailles, sont totalement mises à l’écart afin que la sécurité des pourparlers soit assurée au maximum.

Certains des termes de la négociation entre Me Wade et M. Seck, sans qu’ils aient été annoncés comme tels, ont déjà été révélés dans la presse par des partisans du maire de Thiès. La réintégration de tous les éléments de la «galaxie» seckiste dans le Parti démocratique sénégalais en est effectivement un. De même que la reprise en main du parti par l’ancien Premier ministre lui-même. Et enfin, l’impossibilité pour le président de la République de se présenter à un deuxième mandat l’année prochaine.

Mais l’élément nouveau mis sur la table des discussions, c’est le refus d’Idrissa Seck d’accepter tout report des élections générales en 2009. Pour une raison ainsi expliquée : 2009, c’est loin et Me Wade aurait tout le temps de se choisir un «héritier» autre que… Seck. A ce niveau, c’est la solution «Karim Wade» qui est visée et rejetée. Aujourd’hui, en dépit des dénégations incompréhensibles d’acteurs de la mouvance présidentielle, il ne fait plus de doute que le président Abdoulaye Wade a bien envisagé de repousser les scrutins au-delà de 2007 pour des motifs liés, entre autres, au bouclage des grands travaux entamés dans la ville de Dakar, ainsi qu’à l’état de cohésion du Parti démocratique sénégalais.

Au vu de l’extrême dégradation des relations entre les deux hommes, la tentation est grande en effet de considérer le processus de négociations actuel entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck comme une fiction. Mais, aujourd’hui plus que jamais, s’impose ce que prophétisait Me Wade à Jeune Afrique à propos de l’avenir de ses relations avec son ex-directeur de cabinet. En substance, «en politique, il ne faut jamais dire jamais.» Pour ceux qui connaissent l’homme, il n’y a pas de mot gratuit. Tout reste possible, même le clash irrémédiable. Mais ils discutent !