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Politique

REVERS - Le rituel manqué des félicitations de l’opposition : Wade, vainqueur frustré

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REVERS - Le rituel manqué des félicitations de l’opposition : Wade, vainqueur frustré

Il rêvait de reconnaissance à l’issue d’une élection où il engageait son avenir, il aura récolté la vindicte de ses adversaires significatifs à côté d’une réélection absolue. Le président de la République traîne, malgré sa victoire, l’image d’un homme victime d’une frustration de grande ampleur qui le plonge dans le monde des grands méchants.

La théorie de «la fin de l’alternance» développée par And Jëf/Pads au cours de la campagne électorale a quelque chose de séduisant, même si elle a été un concept utilitaire tardivement lancé pour justifier la candidature de Landing Savané au scrutin du 25 février. Elle traduit également, dans la mouvance présidentielle et chez le président de la République, le besoin d’inaugurer une «ère nouvelle» pour rompre avec cet héritage encombrant de la présidentielle de l’an 2000 dont le symbole positif et populaire était encore «partagé» avec des alliés passés ennemis. L’«alternance» était devenue la propriété d’une écrasante majorité de la classe politique et même des grands transhumants de la décennie, une sorte de référence dogmatique et programmatique pour des légitimations autant diverses que suspectes. C’était finalement un imbroglio problématique pour tous. Il fallait la dépasser en y puisant les ressources mentales, morales et idéologiques au service d’un scrutin démocratique et transparent, donc incontestable. L’élection présidentielle du 25 février a-t-elle répondu à cette attente ? Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que l’unanimité «universelle» de mars 2000 ne s’y est pas retrouvée. Et c’est là sans doute l’une des plus grandes rancoeurs du président de la République pourtant réélu à une majorité confortable.

En attendant que le Conseil constitutionnel officialise son succès de façon définitive, Me Abdoulaye Wade vit une situation de crise intérieure imputable à l’absence de «reconnaissance» de la part de ses pairs chefs de partis politiques. Après les premières tendances nettes du scrutin sorties, il ne suffisait pas que certains de ses adversaires lui fissent parvenir des télégrammes de félicitations. Wade avait besoin que les gros bras de la scène politique, ceux qui, d’après lui, sillonnent des capitales européennes pour «ternir l’image du Sénégal», lui concèdent enfin une «supériorité» électorale trop «évidente» à ses yeux. Il fallait que ces «opposants-là» lui reconnussent l’aura et la consécration que les urnes ont dégagées en sa faveur, mais qu’ils lui ont toujours refusées au nom de pratiques politiques contestées. Me Wade rêvait d’un scénario identique à celui qu’il a déjà vécu après la défaite d’Abdou Diouf. Il se voyait croulant sous les félicitations chaleureuses de ses adversaires, devant une planète entière paradant autour d’un consensus en l’honneur de la démocratie sénégalaise, mais surtout en son honneur à lui, le maître. Il est sorti largement vainqueur du scrutin, mais cette sanction populaire ne lui suffit pas parce que, autant que Diouf, il désirait d’un ardent désir que sa capacité d’organisateur d’une élection aussi lourde qu’une présidentielle où il est «juge et partie» accompagne son sacre.

C’était le double défi programmé par un homme hypersensible aux marques de reconnaissance, d’où qu’elles viennent. Un pari à moitié perdu qui, finalement, entache même les retombées globales brutes de la présidentielle pour lui. La faute au mutisme de ses principaux concurrents convaincus que des fraudes massives ont ôté tout sens et toute crédibilité à ce référendum qui ne disait pas son nom. C’est là tout le sens de la frustration intime vécue par un président souverainement réélu sans l’onction orale de ses pairs. C’est une blessure personnelle chez un homme dont le goût du paraître n’a d’égal que l’obsession du qu’en dira-t-on venu de l’étranger. Et c’est en partie l’une des rares explications opposables à la déclaration de guerre lancée contre le groupe de leaders d’opposition composé de Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck et Amath Dansokho lors de sa conférence de presse du jeudi 1er mars. Le caractère capital des législatives de juin prochain qui pourraient lui imposer une cohabitation mortelle, l’ambition de neutraliser ses principaux adversaires et une volonté diffuse de «vendre» à l’opinion un rejeton «compétent, réseauté et travailleur» n’expliquent pas, comme seuls éléments, cet acharnement à vouloir casser de l’opposant avant même la proclamation des résultats de la présidentielle. Wade a longtemps scruté éloges et compliments qui ne sont jamais venus d’où il les espérait et attendait. Son silence prolongé entre le matin du scrutin et le jour de sa conférence de presse n’a été, quelque part, que l’expression d’un dépit qui l’a rendu «frustré.» La frustration individuelle d’avoir été «trahi» a dopé chez lui le besoin de flageller des «mauvais perdants» quitte à exhumer des dossiers judiciaires promis à la prescription de droit. Il appartient aux psy de dire si, sur cette question, le président Abdoulaye Wade a atteint le stade de la névrose, mais ce qui paraît certain par contre, c’est qu’il est tombé dans le registre du grand «méchant.»



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