Robert Sagna à Dakar : “En cas de 2e tour, je suis ouvert aux négociations”

Robert Sagna a tenu, hier, un meeting devant le fameux hall du pavillon A qui a connu tant de moments de mobilisation. Il a dit qu’il ne fera pas de promesses.

Les temps ont bien changé. Ce sont des barons socialistes qui viennent truster les voix des étudiants. De rutilantes 4 x 4 défilent. C’est d’abord Abdoulaye Makhtar Diop, le secrétaire général des Surs, allié du maire de Ziguinchor, qui se signale. Sa venue fait se pâmer des groupes qui scandent son nom. « Makhou ! Makhou ! » Le chapeau à la mexicaine qu’il arbore finit de réaliser l’unanimité sur son nom auprès des jeunes filles qui assurent l’animation. Qui aurait pensé que le vieux syndicaliste Madia Diop tiendrait un jour meeting au sein du campus de l’Ucad ; pourtant, il est là. Également présent, le Pr. Ahmadou Lamine Ndiaye, premier Recteur de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Une poussive « Toyota » embarque les enceintes qui noient le campus dans un flot de décibels. Le maire de Ziguinchor fait une entrée triomphale ; symboliquement, sa caravane s’arrête

devant la stèle dédiée à la mémoire de Balla Gaye, mort après une manifestation d’étudiants qui a mal tourné. La rencontre est organisée par le « mouvement des amis de Robert Sagna-section universitaire ». Le candidat débarque d’une 8 x 8 devant une foule en délire qui scande « Robert, sauve-nous ! Robert, sauve-nous ! » Abdoulaye Makhtar Diop prend la parole, après Mohamed Manga, responsable des jeunes, pour rappeler son passé. Il a habité pendant quatre ans à la chambre 174 du pavillon A. Son discours se résume en quelques mots : « Robert Sagna est le candidat qu’il nous faut ! » Quand il prend la parole, Robert Sagna précise d’emblée qu’il ne fera pas de promesses démagogiques. Par contre, il promet qu’en cas de l’obtention de la magistrature suprême, il fera de sorte que les collectivités locales accordent des bourses aux étudiants originaires des terroirs dont ils sont redevables de la gestion. Par ailleurs, il a promis de revisiter les états généraux de l’éducation et de la formation. A ses yeux, il faut absolument redorer le blason de l’Ucad, jadis un fleuron de l’éducation en Afrique francophone. En terminant, il a mis en exergue sa longue expérience gouvernementale (22 ans) - et d’enseignant en génie rural à l’Ucad- pour justifier de sa capacité à réaliser les promesses qu’il fait en tant que candidat.

SAMBOUDIAN KAMARA

... et je n’ai jamais été mêlé à des scandales

Robert Sagna n’est pas passé par quatre chemins pour balayer d’un revers de main les accusations de malversations portées contre lui par le candidat de la Coalition Sopi 2007 au cours d’une conférence de presse tenue hier dans les locaux de son directoire de campagne. En effet, martèle-t–il, « je n’ai jamais été mêlé à des scandales durant les vingt-deux ans de ma carrière ministérielle ». Ainsi, je considère les propos du président Wade comme un lapsus, car ne pouvant être étayé par quelque indice que ce soit, a fait remarquer le candidat de la Coalition And defaraat Sénégal. Pourquoi d’ailleurs soulever des délits rendus caducs par la prescription, alors que, suite aux faits incriminés, une procédure judiciaire aurait pu être introduite conformément aux dispositions de la loi ? a souligné Robert Sagna. Il y a donc à la limite complicité si l’on en juge par le silence observé jusqu’ici, a-t-il déclaré.

Outre le pavé jeté dans la mare par le président Wade, Robert Sagna a abordé de nombreuses autres questions parmi lesquelles son éventuelle alliance avec le Parti socialiste en cas de succès pour le deuxième tour. « Je ne supporte pas Ousmane Tanor Dieng en tant que personne, mais un programme », a-t–il affirmé, relevant qu’il est défaitiste pour l’instant d’envisager un tel scénario si l’on sait que l’objectif de notre coalition demeure la victoire. Quant aux libéraux, ils n’ont fait qu’appliquer le programme du Parti socialiste mis en place en 2000, a soutenu Robert Sagna qui est revenu sur la faillite des Ics pour faire remarquer qu’elle est un véritable scandale. Fleuron de l’industrie sénégalaise jusqu’en 2000, les Industries chimiques du Sénégal sont devenues une vache laitière de l’état libéral, d’où la crise qu’elle traverse, a ajouté le candidat de la Coalition And defaraat Sénégal. Le cadre institutionnel de l’économie a également fait l’objet d’observations de Robert Sagna qui estime que la corruption, une justice manipulée et les conflits sociaux ne rassurent pas les investisseurs. Un assainissement s’avère donc urgent, a-t–il poursuivi. Interpellé sur la place qu’il compte accorder aux femmes s’il était élu, le candidat de la Coalition And defaraat Sénégal pense qu’il ne sert à rien de créer des lois de manière artificielle pour ensuite leur allouer un volume de quotas. Il s’agit, au contraire, de briser les obstacles à leur épanouissement, a noté Robert Sagna. La question casamançaise a naturellement été développée par lui. Le candidat de la Coalition And defaraat Sénégal prône, à cet égard, une décentralisation profonde sans remettre en cause l’unité nationale. Les moyens de parvenir à la paix sont multiples. Toutefois l’État doit se garder de s’immiscer dans les affaires internes du Mfdc et d’exclure la Gambie et la Guinée-Bissau dans le règlement du conflit a affirmé Robert Sagna.

Enfin à l’image de plusieurs candidats le porte étendard de la Coalition And defaraat Sénégal entend s’engager dans une croisade contre le vice et œuvrer en faveur de la consolidation des valeurs éthiques.