Rarement mandaté pour la cause africaine, Me Wade a pourtant pris à chaque fois son bâton de pèlerin pour tenter d'éteindre les foyers de tensions qui se propagent en Afrique et ailleurs dans le monde. C'est bien, c'est très bien, même. Mais à côté, le président, considérant que les chefs d'Etat africains ont abandonné le Zimbabwe, s'est porté volontaire pour aller résoudre les problèmes des « autres ». Oubliant au passage de nettoyer chez lui ; alors que l'inflation, la crise scolaire, la crise universitaire, le réchauffement du front social et l'absence du dialogue politique secouent le pays.
Pourquoi donc cette diplomatie de diversion. Et le peuple sénégalais dans tout cela ? Si les Etats africains et Occidentaux sont restés indifférents à la « crise » du Zimbabwe, ou du moins ont abandonné ce pays face aux différends l'opposant à l'Angleterre, le président Me Wade, lui, a pris une autre option, bien que mandaté par personne. « Je suis allé au Zimbabwe de mon propre gré, en ma qualité de citoyen africain. Les Africains ont abandonné ce pays », entre autres raisons qui ont poussé le président Wade à jouer sa partition dans la crise, qui secoue ce pays. Pour ce faire, Me Wade a demandé la mise en place d'une commission de cinq membres (chefs d'Etat), qui sera pilotée par le président Tabo Mbecki . C'est en substance, les révélations et résultats de Me Wade, lors de son séjour en terre zimbabwéenne. C'est bien, et même très bien. Mais, Monsieur le président de la république, les Sénégalais souffrent, les denrées de première nécessité grimpent, le monde rural sans interlocuteur et perdu, brade ses quelques tonnes de récolte. Tout est cher. Les jeunes marchants « délogés » de leurs seuls espoirs de vie, ont « donné l'exemple » en occupant les rues de la capitale. Le front social, le monde universitaire, le milieu scolaire et syndical, fatigué d'attendre des lendemains meilleurs, sont tous en grève. Rien ne va ! Le Sénégal critique la mise en œuvre du Nepad, menace de sortir de l'Asecna, attaque la Banque centrale (selon Me Wade, elle est informelle, développe les pays occidentaux avec ses placements boursiers, et appauvrit l'Afrique…). Et pourtant, le Sénégal est l'une des locomotives pour la mise sur pied du gouvernement de l'Union africaine. Paradoxalement, la crise continue de sévir au pays de Me Wade. Il joue au sapeur pompier, va au Burundi pour discuter avec eux sur la question électorale, passe au Bénin pour les inviter au gouvernement d'Union africaine ; le même Me Wade refuse de dialoguer avec les syndicalistes, dit niet à une rencontre avec l'opposition. A quoi donc sert d'avoir une bonne note ailleurs ? Du vrai Samba Alaar. Me Wade, a-t-il oublié le panier de la ménagère sénégalaise, a-t-il oublié que le taux de croissance a dégringolé, que celui de l'inflation a atteint un niveau jamais égalé. C'est ça la diplomatie de la sécurité alimentaire. La paix en Afrique et la misère au Sénégal…
0 Commentaires
Participer à la Discussion