SOUVENIR : Léopold Senghor, 8 ans déjà !

Il y a huit ans, nous quittait le président-poète, Léopold Sédar Senghor. C’était le 20 décembre 2001, à Verson, en France, où il s’était retiré après son départ définitif du pouvoir, le 31 janvier 1981. Le président Senghor était le premier chef d’Etat africain à prendre sa retraite, sans tourner le dos. Né à Joal, dans le département de Mbour, en pays sérère, le 9 octobre 1906, il était un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980) mais aussi le premier Africain à siéger à l’Académie française quelques années après son départ du pouvoir. Véritable symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies pour ses partisans ou du néo-colonialisme français en Afrique pour ses détracteurs. Père fondateur de l’Agence de coopération culturelle et technique (Acct) devenue Organisation internationale de Francophonie, il a beaucoup marqué l’histoire de l’Afrique voire du monde. L’université d’Alexandrie, en Egypte, des artères et places publiques à travers le monde portent son nom.

La poésie de Senghor étant essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l’espoir de créer une Civilisation de l’Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences. Il approfondira le concept de Négritude, notion introduite par feu son ami Aimé Césaire.

« La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture », disait le président Senghor. Quelques semaines après son décès, des obsèques ont été organisés le 29 décembre 2001 à Dakar par le président Abdoulaye Wade, élu en mars 2000, en présence de Abdou Diouf, son successeur, Raymond Forni, président de l’Assemblée nationale française et de Charles Josselin, secrétaire d’État français auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Senghor occupait le fauteuil numéro 16 de l’Académie française avant d’être remplacé par un autre ancien président, Valéry Giscard d’Estaing. Comme le veut la tradition, il avait rendu hommage à son prédécesseur lors d’un discours de réception donné le 16 décembre 2004.

« De l’élève appliqué, puis de l’étudiant déraciné ; du poète de la contestation anti-coloniale et anti-esclavagiste, puis du chantre de la Négritude ; et enfin du poète apaisé par la francisation d’une partie de sa culture, à la recherche lointaine et sans doute ambiguë, d’un métissage culturel mondial ».

Homme politique, Senghor était d’abord membre du Bloc démocratique sénégalais avant de créer quelques années plus tard l’Union progressiste sénégalaise (Ups) devenu Parti socialiste. Membre de l’Interafricaine socialiste de l’Internationale socialiste, il siégea aux côtés de Willy Brandt, Mario Soarès, etc. Il a bâti la Nation d’où le nom de Père de la Nation qui lui avait été attribué. Pour son anniversaire, un recueillement aura lieu aujourd’hui, à 10 heures, à Bel Air où il repose aux côtés de son fils Philippe Maguilène décédé en 1981 sur la route de l’Aéroport. Demain, à 9 heures, une messe de requiem aura lieu à la cathédrale Notre Dame des Victoires.