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Politique

ÉTAT DES FORCES POLITIQUES : Ce qui a changé depuis 2000

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ÉTAT DES FORCES POLITIQUES : Ce qui a changé depuis 2000

Fissures dans la majorité, éclatement de l’opposition, émergence d’un nouveau leadership politique, etc. À la veille de la présidentielle du 25 février prochain, Le Soleil dresse l’état des forces politiques, comparativement à mars 2000.

Que d’eau a coulé sous les ponts depuis l’alternance ! Nombre de certitudes ont fondu comme du beurre sous la canicule tambakoundoise des mois d’été, les coalitions ont éclaté en mille morceaux, les alliés d’hier sont devenus des adversaires déterminés, etc. Bref, l’état des forces politiques et les rapports de force ne sont plus du même ordre. Qui aurait cru, au lendemain de l’alternance, que Djibo Kâ serait cinq années plus tard le chevau-léger le plus résolu de la majorité présidentielle et que Moustapha Niasse en serait réduit à jouer le rôle du tire-au-flanc pour plonger celle-ci dans le précipice ? De fait, depuis les élections législatives du 29 avril 2001, la classe politique tout entière est entrée dans un cycle de recomposition qui n’épargne aucune formation.

Ces élections donnaient, en effet, une idée précise de la représentativité des différents leaders politiques attestée par leur participation au scrutin. Les résultats donnaient à la coalition « Sopi » 49,6 % des voix (931.114 voix), l’AFP 16,1 % (303.012 voix), le PS 8,33 % (325.979)*, l’Union pour le renouveau démocratique (URD) 3,67 % (68 956 voix), AJ/PADS 4,5 % (76.083 voix), le PLS 0,92 % (17.232 voix), le PPC 0,91 % (17.119 voix), l’Alliance pour le Progrès et la Justice/Jëf-Jël (APJ/JJ) 0.80 % (15.041 voix), le RND 0,71 % (13.279 voix) et le PIT fermait la marche avec 0.58 % (10.854 voix). Mais, la donne a fondamentalement changé depuis. Le fichier électoral, par exemple, est passé de 2.745.239 inscrits à près de 5 millions. Quel sera le comportement des nouveaux électeurs ? Nous serons édifiés le 25 février.

PDS : la massification gage de succès

Le FAL, qui a porté le candidat Abdoulaye Wade au pouvoir le 19 mars 2000 avec 58,40 % des voix, s’est littéralement dissous au contact du pouvoir. Tour à tour, Amath Dansokho, Moustapha Niasse et Abdoulaye Bathily ont été limogés du gouvernement, allant ainsi grossir les rangs de l’opposition. De son côté, le PDS s’est résolument inscrit dans une optique de massification et ouvert ses portes à nombre de ses adversaires. D’anciens caciques socialistes et fils égarés du « Sopi » sont venus densifier la force électorale de la formation libérale. Chez les Libéraux, on est persuadé que les gages du succès sont à chercher dans l’ouverture, y compris aux adversaires d’hier. Idrissa Seck, à l’époque numéro deux du PDS et principal théoricien de l’accueil de ces nouvelles forces s’en expliquaient ainsi dans les colonnes de Nouvel Horizon à la veille des élections municipales et rurales de mai 2002 (n°324 du 10 mai 2002) : « Nous avons réussi (…) l’élargissement très fort des bases du PDS qui a quasiment doublé de taille depuis l’alternance et les élections législatives. Il y a donc eu un gigantesque effort de digestion et d’organisation de ces apports nouveaux venus d’horizons divers. (…) Nous partons de 30 à 32 % à la présidentielle à aujourd’hui 49 à 50 % aux législatives ». Mais il faut dire que la coalition « Sopi » était en deçà de 50 % en avril 2001. D’où l’urgence de booster les effectifs pour faire face aux échéances futures. Apparemment, la stratégie a été la bonne puisque la coalition « Sopi ak Cap 21 » se retrouvait pour la première fois au-dessus de la barre de 50 % avec 51,06 % (691.909 voix) lors des élections municipales et rurales de mai 2002. Un accroissement du score qui donnait raison au PDS dans son optique de massification.

Depuis, en plus de la fusion avec le PPC de Me Mbaye Jacques Diop, la majorité s’est élargie à d’autres formations et leaders politiques. Djibo Kâ, Abdourahim Agne, Serigne Mamoune Niasse, entre autres, ont rejoint la barque présidentielle. En revanche, elle devra faire sans Idrissa Seck qui compte lui enlever son pain de la bouche, Modou Diagne Fada exclu après la constitution de sa liste Waar Wi, Abdoulaye Bathily limogé et Landing Savané qui se présentera sous sa propre bannière. L’apport des nouveaux venus pourra-t-il compenser ces pertes ? Le président Wade et son parti comptent sur leur bilan pour minorer les effets de ces défections.

Moustapha Niasse : dernières ambitions ?

La présidentielle de 2007 sera la mère des batailles pour Moustapha Niasse. Tout sera fait dans ce parti pour convaincre les Sénégalais que l’homme au mouchoir blanc a le meilleur profil pour diriger le Sénégal. À soixante-six ans (il est né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel), Moustapha Niasse sait que le temps ne joue pas en sa faveur. Il n’est pas vieux, certes, mais il ne voudrait pas durer dans l’opposition. « Un homme qui porte une si grande ambition pour le Sénégal et qui voudrait introduire une rupture fondamentale dans la gestion de ce pays, notamment en promouvant le culte de la droiture et du don de soi, doit disposer du temps nécessaire pour mener à bien sa mission », confie un haut responsable du parti progressiste. Niasse ne voudrait donc pas, comme Wade, accéder tardivement au pouvoir, mais il sait qu’après 2007, la partie risque de se compliquer. À 72 ans en 2012 et 77 ans en 2017, il risque de subir les mêmes critiques et les mêmes réserves aujourd’hui soulevées par une nouvelle candidature du président Wade.

C’est pourquoi le leader de l’AFP s’emploiera à se présenter au cours de cette campagne comme le successeur naturel du président Wade. Ses partisans aiment à répéter qu’il a été élu en même temps que ce dernier, sous forme de « ticket », lors du deuxième tour de la dernière présidentielle. « Un homme qui porte une si grande ambition pour le Sénégal et qui voudrait introduire une rupture fondamentale dans la gestion de ce pays, notamment en promouvant le culte de la droiture et du don de soi, doit disposer du temps nécessaire pour mener à bien sa mission », confie un haut responsable du parti progressiste. Un autre ex-haut responsable de l’AFP, Me Babou en l’occurrence, dépeint pourtant ce parti sous les traits d’un « club d’amis » et prévoit pourtant le gouffre pour ses anciens camarades. Les absences multiples de Moustapha Niasse du territoire national laissent planer le doute sur la capacité de l’AFP à faire mieux que les 16,77 % obtenus en 2000 et s’ériger véritablement en « alternative de l’alternance ». Les prochains jours nous édifieront.

Ousmane Tanor Dieng : Une première qui s’annonce difficile

Les Socialistes aiment à répéter qu’ils sont portés par un nouvel élan de sympathie après les premières années de l’alternance. Ousmane Tanor Dieng a changé de peau et s’est résolument mis à la portée de ses camarades qui lui reprochaient sa froideur et sa distance. Mais c’est fini tout cela, puisque le candidat du PS à la prochaine présidentielle est aujourd’hui le théoricien de la « modestie et de la modération » dans l’exercice du pouvoir. Mais la nouvelle offre politique du PS et de son leader pourra-t-elle à nouveau convaincre l’électorat qui l’a envoyé dans l’opposition, en mars 2000. On est, en effet, très loin de la période de grandeur de ce parti qui a régné sans partage sur le Sénégal près d’un demi-siècle durant. Avec 8,33 % des suffrages en avril 2001, soit 325.979 voix, le PS sait que le travail qui l’attend est titanesque pour reconquérir les faveurs de l’électorat. Si l’on y ajoute la fronde de Robert Sagna et de ses amis, on en arrive à penser que la tâche est impossible. Mais, les socialistes comptent sur la fin de l’état de grâce du président Wade et de l’effritement de son pouvoir pour lui damer le pion.

Abdoulaye Bathily : Affaiblir Wade comme programme

Le « Jallarbiste » Abdoulaye Bathily a un objectif clair : affaiblir le président Wade au maximum pour précipiter sa défaite et ouvrir sa succession. Depuis l’éviction de son parti du gouvernement, il est l’un des contempteurs les plus résolus du président. Sans disposer d’une représentativité à la mesure de son ambition, l’arrivée du leader de la LD dans l’opposition a du reste complètement bouleversé la donne au sein du CPC devenu CPA. Peu décidé à jouer les seconds rôles dans une structure déjà dominée par Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, il s’est imposé comme un véritable alter ego, imposant au passage la fusion du CPC, de la LD et du G10 pour donner naissance à la CPA. Sa connaissance du terrain politique n’est pas à négliger lors de ces consultations électorales.

Idrissa Seck : la grande inconnue

C’est la première fois que l’ancien Premier ministre se présente aux élections sous sa propre bannière. Ce qui fait de lui la grande inconnue des élections qui se profilent à l’horizon. Sa première force politique, dit-il, c’est son « réseau dormant » au sein du PDS. Mais, celle-ci a laissé passer plusieurs occasions pour se manifester. Le grand chamboulement annoncé n’a eu lieu ni à l’occasion du vote de son acte d’accusation ni pendant la confection des listes pour les législatives. Si l’on y ajoute la défection de Serigne Mamoune Niasse au profit du président Wade et du choix de Talla Sylla de voler de ses propres ailes, il faudra certainement attendre la participation effective d’Idrissa Seck à la présidentielle pour se faire une idée précise sur son poids électoral que ses adversaires du PS jugent surfait.

* Le PS a plus de voix, mais moins de sièges que l’AFP du fait du scrutin majoritaire.



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