Le scrutin présidentiel a vécu. Avant lui, la campagne électorale. Avec ses hauts et ses bas. Plus de bas que de hauts avec ces attaques personnelles en dessous de la ceinture qui ont eu l'effroyable effet de transformer le débat politique en décharges puantes à ciel ouvert et à éclipser les programmes des candidats. Ce qui a culminé avec les échauffourées entre proches du candidat Idrissa Seck et fidèles du marabout Cheikh Béthio Thioune. Puis vint le scrutin lui-même, marqué, dans l'ensemble, par une bonne organisation, saluée par les observateurs, réserve faite de certains manquements ‘sans impact majeur sur la sincérité du scrutin’.
Et depuis dimanche après-midi, les résultats commencent à tomber. Des résultats qui satisfont les uns et donnent la gueule de bois aux autres. La population, comme groggy par ce qu'elle entend, ne manifeste aucune attitude par rapport à ce qu'elle écoute et lit à travers les médias. Même le Pds, pourtant grand bénéficiaire des résultats distillés à travers la presse, affiche le triomphe modeste. Mot d'ordre vertical est donné aux militants et sympathisants pour adopter la même ‘positive attitude’. Pas question de rééditer les manifestations d'exubérance, qui avaient ponctué les premiers résultats du 19 mars 2000. La fatwa de Goorgui est, peut-être, passée par là.
Dans les grands-places et autres lieux de rencontres mondaines, les croyances traditionnelles tendent à reprendre le dessus sur l'esprit cartésien. On se surprend, même dans des cercles initiés, à chercher des explications métaphysiques à cette déroute de l'opposition et, donc, à ce raz-de-marée bleu en faveur d'Abdoulaye Wade. Surtout quand ce sont des zones pourtant considérées comme des fiefs acquis à ladite opposition qui tombent dans l'escarcelle de Wade. Ainsi, en est-il du département de Nioro où Moustapha Niasse, au pouvoir comme dans l'opposition, a toujours réussi à remporter tous les scrutins qui y ont été organisés. Idem pour Louga où, à quelques jours de l'ouverture de la campagne électorale, Me Wade s'est heurté à un rideau rouge. La même observation vaut pour Ziguinchor où la fidélité à Robert Sagna est du domaine public. Ce ne sont là que quelques exemples topiques dans une tentative d'explication de ces écarts à grande échelle entre le président sortant et ses adversaires.
A partir d'hier, l'opposition commence à se relever de cette anesthésie dans laquelle les résultats l'avait plongée. C'est d'abord ‘Aar Sénégal’ qui convoque un point de presse, finalement annulé. C'est ensuite le Parti socialiste qui fait face à la presse nationale et internationale. C'est, enfin, la rencontre des leaders de l'opposition qui doit se tenir ce jeudi, sauf report de dernière minute, à la Maison du Parti socialiste. Pour, vraisemblablement, donner le coup de sifflet à ce qui peut bien ressembler à une guérilla politique.
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