VISITE DE WADE A THIES / SECURITE - Une ville sous très haute surveillance : Les Thiessois ont peur

VISITE DE WADE A THIES / SECURITE - Une ville sous très haute surveillance : Les Thiessois ont peur

C’est sous haute surveillance policière que la visite du Président Wade se déroule aujourd’hui dans la bouillante ville de Thiès. On note déjà un déploiement exceptionnel des Forces de sécurité dans cette ville et pour une visite au cours de laquelle l’ombre de l’ancien Premier ministre et actuel maire de Thiès, Idrissa Seck ne manquera pas de planer sur la manifestation. Le moins que l’on puisse constater, au-delà des préparatifs auxquels s’attèlent les libéraux, est qu’un vent de peur souffle sur la ville, surtout en cas de dérapage.

Thiès sera-t-elle, aujourd’hui, une ville où il ne fera pas bon circuler pour les paisibles citoyens ? Avec le déploiement exceptionnel des forces de sécurité, qui s’annonce, l’arrivée en masse des militants libéraux qui seront transportés à partir d’autres zones, et la démonstration de force d’une partie des talibés de Cheikh Béthio Thioune dans les quartiers de la ville, depuis une dizaine de jours,le gourdin en main chez certains,nombre de thiessois ont peur. A tel point que certains préfèrent rester terrés chez eux, aujourd’hui, par peur d’éventuelles violences durant et après le passage du secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade. Cette peur est même communiquée à une partie des militants libéraux de la ville, qui ne manquent pas de se poser des questions sur ce que sera la réaction des jeunes, proches du maire de la ville Idrissa Seck, et opposés à leur parti, face à la démonstration de celui-ci, aujourd’hui, et à la venue des talibés de Cheikh Béthio Thioune, considérée comme facteur de trouble par certains Thiessois. Ils sont descendus par milliers du train, et des cars. Ce sont des jeunes filles et des garçons armés de gourdins. Une partie d’entre eux, venant de Dakar, est encadrée par deux hommes en tenue millitaire. Ils ont effectué une descente ostentatoire suivie d’une procession sur l’avenue Léopold Sédar Senghor, vers la place de France.

Jamais la gestion de cette peur et la recherche des moyens de la faire disparaître des esprits n’ont été aussi présentes au centre des préoccupations dans cette ville, qui semble subitement prise en otage par des hommes politiques décidés à solder des comptes avec Idrissa Seck, le premier magistrat de la ville, le temps d’un meeting politique.

«Tout ce qui va se faire aujourd’hui est une provocation contre un adversaire politique, mais nous allons gérer dans le calme et le respect de l’adversaire», prévient un jeune responsable de Rewmi d’Idrissa Seck qui engage ses militants à rester chez eux et «à laisser faire l’esprit de la démocratie, dans la différence». C’est du reste la recommandation de son mentor, qui a récemment invité ses militants à rester chez eux ou à assister au meeting sans créer de troubles. Ces troubles,dont certains ont été notés, les mois passés, dans la ville, avec les jeunes s’en prenant aux autorités qui y débarquaient, ou dispersant des meetings du Pds. Le coordonnateur du meeting semble les écarter d’emblée avec la «pacification de la ville» et, surtout, avec toutes les mesures prises en rapport avec les forces de sécurité,la structure chargée de l’organisation et les représentants de Cheikh Béthio Thioune. Meïssa Dieng préfère ne pas entrer dans les détails concernant le maintien de l’ordre qui revient à l’Etat. On parle d’un «déploiement musclé» sur tout le passage du Président, à l’entrée de Thiès jusqu’à la Promenade des Thiessois et sur les lieux du meeting. Dans la matinée, ce site sera coupé au transport urbain venant de l’hôpital régional, de Moussanté et du marché central, par l’avenue Léopold Sédar Senghor. En début d’après-midi, cette artère principale de la ville sera interdite à la circulation avec le passage du Premier ministre Macky Sall qui passe la journée à Keur Mame El Hadj, chez la famille du ministre Abdou Fall. En plus des forces de l’ordre, quelque 300 jeunes ont été recrutés. C’est la «sécurité politique», selon le coordonnateur Meïssa Dieng, chargé d’orienter et de veiller sur la tranquillité des militants qui viendront au meeting.