Cinq ans après le naufrage du Joola, les parents des victimes et rescapés attendent toujours de l’Etat le respect des engagements pris et des promesses faites. De ces promesses, la prise en charge effective des Pupilles de la nation que sont les orphelins des naufragés. Une prise en charge qui avait clairement été définie par la loi votée il y a un an par l’Assemblée nationale, mais qui n’est pas encore entrée en vigueur.
THIES - Qu’est-ce qui a pu empêcher le chef de l’Etat de signer le décret d’application de la loi élevant les orphelins des naufragés du Joola au statut de Pupilles de la nation pour assurer à ces orphelins un meilleur devenir ?
Cheikhna Keïta, coordonnateur départemental de l’Association des victimes et rescapés du Joola, se le demandait hier encore, au cours d’une rencontre avec la presse tenue à la Maison des anciens combattants. Pour lui, outre la promulgation de cette loi, le premier jalon à poser dans la prise en charge effective de ces 1 900 pupilles de la nation recensées est sans nul doute l’installation et la reconnaissance de l’office et de la fondation du Joola. Deux structures qui devront décliner la feuille de route du décret d’application qui tarde à venir. Car, estime-t-il, bien que l’Etat ait un devoir de mémoire en permanence, les parents de victimes et rescapés n’entendent pas demeurer d’éternels assistés.
La question de l’indemnisation des victimes a aussi retenu l’attention du coordonnateur qui se demande encore ce qui peut expliquer la précipitation des autorités dans leur décision de dissoudre la Commission nationale d’indemnisation, d’autant que ladite structure est loin d’avoir accompli la tâche qui lui est consignée. En effet, précise Cheikhna Keïta, sur les 1 863 victimes recensées, seules 1 327 ont été indemnisées, soit 14 milliards sur les 20 milliards alloués par l’Etat sénégalais pour dédommager les familles des victimes. Les 6 milliards de francs restants dorment dans les tiroirs alors qu’ils auraient, à son avis, pu servir à régulariser le cas des 535 victimes restantes et contribuer à la mise en place de la fondation du Joola. Dans la même lancée, le coordonnateur départemental de l’Association des victimes et rescapés du Joola demandera à l’Etat sénégalais de veiller, la prochaine fois, à faire une répartition correcte des fonds qu’il attribue aux différentes localités touchées par la catastrophe. Car il estime inacceptable que Ziguinchor se taille la part du lion alors qu’en réalité, elle n’est pas plus touchée que Dakar par exemple. ‘Ziguinchor a ses victimes, les autres régions aussi. L’Etat devrait faire en sorte que dans chaque région, des cérémonies religieuses puissent être organisées pour le repos de l’âme des disparus’. Une autre inquiétude soulevée par Cheikhna Keïta est relative à l’absence d’information sur le compte qui avait été ouvert et sur la destination des fonds qui y avaient été déposés.
La rencontre avec la presse aura aussi été l’occasion pour le coordonnateur départemental de l’Association des victimes et rescapés du Joola de s’élever vivement contre certaines déclarations faites par le leader de l’Afp, Moustapha Niasse. Il dira en effet n’avoir pas aimé du tout que ce dernier ait attendu la campagne électorale pour soutenir qu’il avait la preuve de la responsabilité de l’Etat dans le naufrage du Joola. Une déclaration qui, à son avis, a été source de traumatisme chez certains. Une sorte de couteau qu’il a remué dans la plaie encore ouverte des familles des victimes.
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