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750 MORTS ET 50.000 BLESSÉS EN 5 ANS : ZOOM SUR CES AXES ROUTIERS QUI TUENT AU SÉNÉGAL

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750 MORTS ET 50.000 BLESSÉS EN 5 ANS : ZOOM SUR CES AXES ROUTIERS QUI TUENT AU SÉNÉGAL

Les routes sénégalaises ont fait entre 2001 et 2006, 750 morts et 11.000 blessés par an. Dont près de 80% sont imputables au facteur humain : excès de vitesse, intolérance, négligence, imprudence, défaut de maîtrise, somnolence, fatigue et non-respect du code de la route. À la lumière du récent décès accidentel du député Abdou Latif Guèye et de la polémique qui en a découlé, l’Observateur a voulu jeter un faisceau de lumière sur ce qu’il est convenu d’appeler, prosaïquement, «la géographie des routes mortelles du Sénégal». Nos correspondants - auxquels se sont joints usagers de la route, sapeurs-pompiers, gendarmes et autres experts - reviennent dans ce dossier sur des lieux, disséminés aux quatre coins du pays, qui renvoient, accidentellement parlant, à un fort taux de mortalité (Keur Madaro à la sortie de Thiès sur la Nationale 3, Virage Laye Mboup sur la N2 avant St-Louis ...). Une insoutenable vérité qui n’est que la triste résultante d’une politique de maillage du territoire national, en infrastructures routières de qualité, qui a fini d’étaler ses carences. Car, sur les 15.000 km de routes que compte le pays, seuls 5.000 km sont bitumés.

Aussi, les pouvoirs publics ont vite fait de se défausser sur le … Bon Dieu et les «Rab». Explication fort simpliste, s’il en est, qui donne l’exacte mesure du refus des autorités de se rendre à l’évidence : le confort douillet des usagers de la Corniche n’a pas plus de valeur que la vie d’un paysan qui se fait heurter au fin fond du pays. Au fait, qui disait que le diable se cache toujours dans le détail ? Ces ingrédients qui font le lit du «ndogalù yallah»*

On ne parlera jamais assez, et à juste raison, des accidents de la route. En effet, de nombreuses victimes sont enregistrées chaque année, dans différentes régions du Sénégal. Le traumatisme de la récente mort brutale du député Abdou Latif Guèye de Jamra est encore frais dans nos mémoires. Si l’indiscipline des conducteurs et la vétusté des véhicules sont en cause, il en est de même pour le mauvais état des routes du pays que sont obligés d’emprunter, chaque jour, les automobilistes. Toutefois, d’aucuns indexent les agents de la circulation, qui «au lieu de faire appliquer le code de la route, s’évertuent à s’enrichir sur le dos des chauffards»

«Prudence sur la route», a t-on l’habitude de lire, un peu partout dans Dakar et dans nombre de régions du pays, sur des panneaux publicitaires. Toutefois, cela ne ralentit pas la fréquence des accidents enregistrés au Sénégal. Et qui, le plus souvent, entraînent des décès et des blessés graves. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ne relate un accident de la circulation. Le dernier en date, qui a bouleversé tout un peuple, est celui du député Abdou Latif Gueye. Doigt accusateur pointé sur les chauffards.

Aussi, est-on tenté de se demander : «Qu’est ce qui est à l’origine des accidents de la route ?». Hasardez-vous à demander à l’opinion publique, quelles sont les causes des accidents. La première réponse servie est, sans conteste, «cette réelle gangrène que sont les chauffards qui pullulent dans le pays». Du jour au lendemain, ils s’improvisent conducteurs et causent, une fois au volant, de graves dégâts. Parfois même, ils commettent l’irréparable : ôter la vie.À ce moment, les seuls mots qui reviennent sont «ndogalù yallah lêu !» (C’est Dieu qui l’a voulu ainsi). Seulement, ces comportements, à la limite criminels, sont à éviter au maximum. Les conducteurs, dont certains ne maîtrisent rien au code de la route, s’en inventent un nouveau. Qui ne débouche, malheureusement, que sur un cortège de morts.

Policiers, gendarmes et auto-écoles incriminées

«Il faut aussi noter la grande part de responsabilité des agents de la circulation. Au lieu de réguler la circulation, en faisant respecter le code de la route, ils se sucrent plutôt sur le dos des chauffards, qu’ils laissent partir, après qu’ils leur aient fourré un petit billet dans la poche», grogne cet homme, à bord de son véhicule. Si les agents de la circulation sont pointés du doigt, il faut aussi dire que les «écoles spécialisées» dans les cours de conduite ne sont pas exemptes de reproches. Il suffit juste de payer pour avoir son «talon rouge». D’aucuns pensent qu’il faudrait que le gouvernement procède à une réforme des conditions d’obtention du permis de conduire. Le problème n’étant pas simple à gérer, la sensibilisation, la prévention, la formation des automobilistes ne seraient pas de trop. Quitte à organiser les assises nationales de la route, car le code de la route n’est pas respecté. Entre les dépassements sur une ligne continue, dans une courbe montante, la vitesse excessive dans des zones d’agglomération, la liste des «délits non punis» est loin d’être exhaustive.

Routes en piteux état et « caisses » déglinguées

Les voitures qui ne sont pas d’une bonne qualité sont de vrais dangers ambulants, des pneus en mauvais état, des freins qui lâchent, une carrosserie rongée et rouillée, direction mal alignée, rétroviseurs et phares défectueux. Il suffit d’un choc pour passer de vie à trépas. Avec un peu de chance, on se retrouve paralysé à vie. Plusieurs voitures, comme les «sept places» et les taxis-brousse, sont dans ce cas. On en arrive même à se demander : «comment de telles calamités peuvent-elles rouler sur les routes jusqu’à transporter des humains, d’un point à l’autre du pays, à des vitesses dépassant la norme. C’est à croire que pour être un bon conducteur, il faut arriver le premier et ne pas tenir compte du respect du code de la route et de la vie des personnes. «Je suis plus à l’aise à pied, que de rouler en car rapide, car ils ne se préoccupent nullement des vies qu’ils transportent», lâche Amy, une étudiante de l’Iseg. Quoiqu’il en soit, il est beaucoup plus prudent de rouler en taxi. Et encore ! Puisqu’il y en a qui méritent la fourrière.

La loi sur l’âge des véhicules mise en cause

Pour Marc, chauffeur de son état, la cause profonde de ce mal, c’est la loi qui délimite l’âge maximum des véhicules importés à 5 ans. Conséquence évidente, les Sénégalais maintiennent sur les routes des véhiculés destinés à la ferraille. «Depuis la mise en oeuvre de cette loi, le nombre d’accidents ne fait qu’augmenter. Ce n’est pas seulement une coïncidence de faits, il y a une relation de cause à effet» argue-t-il. Les routes sont également à condamner. Du fait de leur «état désastreux», elles causent beaucoup d’accidents de la circulation. Des fentes, des fissures, des cassures, voire des trous, qui sont de véritables hécatombes, encerclent nos axes routiers. Généralement, les conducteurs, pour les éviter, s’évertuent à de véritables prouesses (se pencher sur le bas-côté, rouler dans un sens interdit…). S’exposant ainsi aux carambolages, collisions, tonneaux, renversements, etc. S’ils n’évoquent pas simplement des raisons … mystiques.

MARIA DOMINICA T. DIÉDHIOU, Fatou Bintou K. Ndiaye

 



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