ADULTERE : Un « jeu » de cache – cache moralement dangereux

Difficile d’en parler. Et pourtant, la question de l’adultère est de plus en plus présente dans la vie des Sénégalais. Un mal sournois qui tend ses tentacules dans une société où la crise des valeurs est très aigue. Le phénomène est d’autant plus dangereux que les Sénégalais s’adonnent de plus en plus à ce « jeu » à double tranchant. Un vice constaté chez les célibataires mais aussi, de plus en plus, chez les femmes mariées.

Le voleur n’avoue son forfait que pris en flagrant délit et forcé. Le sujet est sensible et personne ne clame sa culpabilité à la face du monde. Et trouver une personne pour en parler relève d’un véritable parcours du combattant. L’adultère. La plaie est béante mais personne ne semble lui trouver un remède, s’il en existe vraiment. Les causes sont multiples et les explications contradictoires selon l’angle de vue. Pour Fatim, il n’y a pas de doute que l’adultère est un acte répréhensible mais aussi d’une laideur inqualifiable. « Tromper son mari ou sa femme relève d’un manque d’éducation et d’une bassesse». Fatim s’est faite sa religion sur l’adultère car pour elle, tous ceux qui commettent un tel acte doivent être tués «il n’y a aucune excuse pour tromper son conjoint ». Une analyse qui ne semble pas convaincre Mactar. En effet, pour lui, ce sont souvent les hommes qui sont les coupables. « Regardez un peu ce qui se passe. Un modou modou qui se marie avec une jeune fille et qui reste à l’étranger pendant trois à quatre ans sans revenir une seule fois au bercail. Il n’est pas besoin d’être femme pour savoir que ce n’est pas facile. Il est presque impossible pour une fille de rester tout ce temps sans aucun rapport charnel avec son mari. Il y’a aussi les hommes qui se marient avec des femmes qui ne les aiment pas et cela peut conduire à l’adultère ». Opinion que rejette Mamy qui estime que quelles que soient les situations, la femme mariée doit se rappeler de sa situation matrimoniale. « Nous sommes dans une société très regardante où les gens n’oublient jamais. Nos actes d’aujourd’hui au delà de nous-mêmes, engagent aussi nos enfants. Qu’est qui va se passer demain si on raconte à notre fils que votre mère avait trompé votre père ?». Pour Fatim, l’adultère est tout simplement lâche, odieux et ignoble. Des qualificatifs pas assez forts pour exprimer le mépris de Fatim par rapport à ces personnes qui trompent leurs conjoints. Pour elle, c’est une fuite de responsabilités et il n’y a aucun motif qui puisse expliquer un tel comportement. Et que dire de la crise des valeurs ? « Certes la crise des valeurs est là mais elle ne saurait expliquer un fait aussi grave et dégradant. Si on se rend compte qu’on n’aime plus une personne, la meilleure chose à faire c’est de divorcer. C’est le moindre mal, et cela évite l’adultère. Même en étant célibataire, l’adultère est interdit à plus forte raison quand on est marié ».

Et pourtant, malgré tous ces points de vue, il existe ceux qui défendent la liberté de disposer de leur corps comme bon leur semble. Pour Aminata, l’acte sexuel est un choix délibéré et volontaire, puisque tout individu doit avoir la possibilité de disposer de son corps comme bon lui semble ». S’il y avait une possibilité de voir si un garçon est puceau, c’est sûr que beaucoup d’entre eux resteraient célibataires, alors pourquoi exiger qu’une fille soit vierge ? Ce sont souvent les filles qui sont indexées alors que les garçons sont souvent les fautifs. Même en sachant que vous êtes mariée, ils ne peuvent pas s’empêcher de vous faire la cour. C’est à la limite même du harcèlement ; rien que pour coucher avec vous ». Le point de vue religieux est catégorique à ce sujet du fait que toutes les religions révélées interdisent l’adultère. Le phénomène est devenu si fréquent qu’il est presque banalisé. Ce qui faisait la fierté de toutes les femmes, à savoir la fidélité à son mari, est considéré aujourd’hui comme démodé par certaines personnes. Lorsque la fidélité à son conjoint est vue comme une façon d’être en marge de la société, il faut alors sans doute se poser des questions rétorque Anta. Pour elle, « l’infidélité ou l’adultère érigée en mode de conduite est en contradiction avec nos valeurs et celles que nos mères nous ont léguées. C’est une question d’éducation et de valeurs morales. « Si on ne peut pas s’empêcher de tromper sa femme autant en épouser une autre et ne pas commettre l’adultère. La satisfaction de la libido, c’est dans la tête, car on ne peut pas coucher avec toutes les belles femmes ».L’éducation est sans aucun doute le maillon fort de tout peuple en devenir. Les mutations sont profondes et la crise des valeurs accentuées au point que la « nouvelle mentalité » des jeunes veut que des actes tels que l’adultère soient considérés comme normaux. Le premier signe d’un peuple en déchéance est la perte de ses valeurs culturelles, morales et religieuses.