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Après les actes - Les terroristes sont invités dans la vie publique

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Après les actes - Les terroristes sont invités dans la vie publique
Invité devant le micro des journalistes pour parler à la suite du chef de l’Etat sur la situation de la crise scolaire que le pays a connu cette année et qui a conduit à la rétention des notes des élèves et le boycott de la correction des copies aux différents examens, le ministre de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, Farba Senghor, à en croire l’As, avait déclaré que les enseignants ont des «comportements et des actes criminels et terroristes». Au lendemain de cette sortie, répliquant aux propos du ministre, des enseignants ont rendu l’accusation. Et, depuis cette date, le landerneau politique sénégalais habitué aux boutades, s’est enrichi d’un nouveau mot. Le terrorisme. Utilisé par les connaisseurs dans des cas d’extrême gravité, ce mot qui fait trembler sous d’autres cieux est utilisé par les politiciens pour se faire des piques. Et, cette légèreté dans l’utilisation du mot, loin d’être un phénomène nouveau dans nos foyers, est le fait des médias occidentaux que les journalistes du tiers-monde se croient obligés de copier jusque dans leur « délits de langage ».
 
En parcourant la presse, quelle soit occidentale ou sous nos tropiques, tout acte, toute entreprise qui ne va pas dans l’intérêt d’un groupe quelconque est taxé par ce dernier de terrorisme. Et, les commanditaires et les exécutants, des terroristes. Les définitions des dictionnaires OED, Oxford English Dictionary et le Robert ne sont pas explicites. Pour l’OED, le terrorisme « c’est un gouvernement fondé sur l’intimidation, tel que mis en place et développé par le parti au pouvoir en France entre 1789 et 1794 ». Si l’on se fie à cette définition, le ministre Farba Senghor n’a pas utilisé le mot qui sied à la situation. Le même dictionnaire, en deuxième option, définit le terrorisme comme : « une politique destinée à frapper de terreur ceux, contre qui elle est employée. Le fait de terroriser ou l’état d’être terrorisé ». Pour le Robert, « le terrorisme est appliqué aux Jacobins à leurs agents et à leurs partisans pendant la Révolution française, spécialement à ceux liés aux tribunaux révolutionnaires pendant la terreur. Toute personne tentant d’imposer ses points de vue à travers un système d’intimidation et de contrôle ». 
 
Le terrorisme, dans l’usage contemporain du terme, le plus généralement utilisé est essentiellement politique. Et, aussi longtemps que l’objectif politique des enseignants qui n’ont, pour le moment, que des revendications pécuniaires, n’est pas clairement assis, le mot terroriste ne peut s’appliquer à eux. Par contre, lorsque le ministre les qualifie de maître chanteur, le mot est juste. Demander un acquis contre la menace de quelque chose, c’est du chantage. Mais, le mot terroriste qui a été utilisé par le ministre est inconvenable. Dans ses options, le Robert affirme que « le terrorisme se rapporte au pouvoir et vise sa prise et à son usage en vue de l’obtention d’un changement politique ». Le terrorisme, c’est la violence utilisée et dirigée en vue ou au service d’un objectif. Et, les exemples d’actes de terrorisme sont très nombreux. Leurs commanditaires qui doivent être qualifié de terroristes et punis en conséquence sont libres, s’ils ne sont pas félicités et encouragés. Pour l’illustration, nous donnons l’attaque de la maison de l’ex-premier Ministre, Idrissa Seck. L’agression de notre confrère Pape Cheikh Fall de la radio futur media (RFM) par des disciples de Cheikh Béthio Thioune, qui, par ce geste, cherche à atteindre un objectif précis : faire taire les journalistes sur tout ce qui touche leur marabout. Si les agresseurs de Talla Sylla, en lui administrant « les coups de marteau », cherchaient à le faire taire, à l’obliger à arrêter ses attaques contre le chef de l’Etat, l’acte terroriste. Les commanditaires, des terroristes.
 
Mais, en France, dans le berceau de la terreur, comme dans le Sénégal du troisième millénaire, les gouvernants associent étroitement le mot aux idéaux de vertu et de démocratie. Selon Robespierre, « le terrorisme est la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle, la vertu est impuissante » et il proclamait que « terreur n’est autre chose que la justice, prompte, sévère, inflexible. Elle est donc une émanation de la vertu ». Pour eux, la vertu était la source même d’un gouvernement populaire en situation de paix. La vertu devait s’allier à la terreur pendant les débuts du régime pour permettre le triomphe de la démocratie. Souhaitons seulement que nos gouvernants ne s’abreuvent pas à la source de Maximilien Robespierre.


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